EclipseCon France : La fondation Eclipse veut apparaître au-delà de son IDE historique
L’arrivée de Jakarta EE (ex-Java EE) a donné un coup de projecteur sur la fondation Open Source qui espère profiter de cet élan pour se positionner comme une institution où l’on innove dans le développement Open Source. Et non plus comme une fondation qui héberge un IDE.
De l’IDE aux idées Open Source : l’arrivée de Java EE, désormais étiqueté sous le nom de Jakarta EE au sein de la fondation Eclipse, a poussé l’institution open source positionnée sur les outils de développement Java, à ajuster sa présence sur le marché. Changement de logo, refonte des marques… la fondation veut s’extraire de son image très centrée sur son atelier de développement historique, pour apparaître comme une fondation open source où émerge l’innovation dans le développement. Un changement d’identité dont la vocation est de donner sa propre autonomie à la marque « fondation » et d’opérer un meilleur distingo entre projets et communautés.
Si certes l’IDE Eclipse constitue le projet historique de la fondation, celle-ci s’est depuis structurée en groupes de travail, dont la particularité est d’y inclure des industriels. Jakarta EE est l’un de ces groupes de travail (Working group), les autres sont en relation avec l’IoT, les voitures autonomes, le géospatial, la modélisation UML ou encore le monde de l’embarqué, notamment. Mais pour la fondation, l’arrivée de Jakarta EE est le moment pour apparaître comme une plateforme pour projets, et aller au-delà de son IDE historique.
L’un des effets directs a été de se retrouver au centre de toutes les attentions du monde Java EE en accueillant un écosystème en proie avec une forte stagnation chez Oracle et à un JCP (Java Community Process) grippé dans chacun de ses rouages. IBM et Red Hat avaient déjà réagi avec la création du projet MicroProfile dont la vocation était de porter Java vers le monde des micro-services applications natives pour le cloud. Puis MicroProfile a rejoint aussi la fondation Eclipse. La décision d’Oracle de l’ouvrir complétement à l’open source (spécifications et tests de compatibilité - TCK - inclus) et de le confier à la fondation Eclipse a été senti comme une vraie évolution de Java EE.
Une marque « Eclipse Foundation »
« Nous montrons aujourd’hui notre propre marque, symbole de l’innovation, explique Ralph Mueller, directeur exécutif de la fondation Eclipse. L’IDE est encore un élément important mais nous sommes également un espace qui favorise la collaboration dans un monde ouvert. »
Plusieurs chantiers sont en cours à la fondation pour mieux distinguer la fondation des projets et des communautés. Il s’agit là « de donner une identité propre à l’IDE en lui donnant un nouveau nom (ce nom est actuellement en cours d’élaboration, N.D.L.R.) » soutient Etienne Juliot, fondateur de la société Obeo et membre du board de la fondation.
L’autre chantier porte également sur le train de releases (tous les ans), qui doit lui-aussi se parer d’un nom de baptême. Là encore un effort de clarification est bien l’objectif.
Il est vrai que Jakarta EE a considérablement fait grandir le nombre de projets à la fondation qui en compte désormais quelque 350, dont près d’un tiers est aujourd’hui dédié à l’ex-Java EE. Le transfert de l’ensemble des technologies, spécifications et TCK, va bon train souligne d’ailleurs Gaël Blondelle, directeur Europe de la fondation, soulignant l’efficacité des développeurs d’Oracle travaillant sur le projet.
Mais « je pense que Jakarta EE ne serait pas venu à Eclipse si la communauté était restée uniquement centrée sur l’IDE », confirme Etienne Juliot, pointant du doigt l’importance de faire évoluer l’image de la fondation Eclipse et de sa portée.
Ralph Mueller précise que la fondation a également enrichi la licence Eclipse EPL (Eclipse Public Licence) dans sa version 2.0 en prenant mieux compte des dimensions européennes et en clarifiant certaines définitions.
Attirer de nouveaux membres
Mécaniquement, l’un des premiers effets positifs de Jakarta est l’arrivée de nouveaux membres. C’est pour l’heure le cas de Fujitsu. Microsoft, déjà membre de la fondation a souhaité rejoindre le groupe de travail de Jakarta EE en tant que membre participant. Mais la fondation espère que d’autres suivront et s’inscriront dans une logique de membership pour participer au groupe de travail, « la seule façon de participer à l’évolution des spécifications de Jakarta EE ». « La popularité de Jakarta dépendra de ses membres », commente enfin Etienne Juliot.