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DenyAll devient Rohde & Schwarz Cybersecurity
Ce changement est la conséquence naturelle du rachat du premier par le second, l’an dernier. Une opération qui marque une accélération dans les investissements, tant technologiques que commerciaux.
L’union est consommée. Racheté l’an passé par l’allemand Rohde & Schwarz, le Français DenyAll change de nom : désormais, ce spécialiste de la protection des applications et services Web, évoluera sous la bannière Rohde & Schwarz Cybersecurity. Cette dernière a notamment été construite au fil des ans autour des rachats de Gateprotect, un constructeur d’appliances UTM certifiées EAL4+, et Sirrix, un spécialiste de la protection des terminaux, entre chiffrement de disque intégral et navigation sécurisée avec déport du navigateur. Jusqu’à récemment, celui-ci évoluait également comme une entité autonome ; ce n’est plus le cas : Rohde & Schwarz consolide et intègre toutes ses activités liées à la cybersécurité, sous la houlette de Reik Hesselbarth. Les produits DenyAll vont conserver leur dénomination, précédée de « R&S ».
Rencontré lors de l’événement partenaires et clients de DenyAll, début juin à Paris, Reik Hesselbarth revient sur la stratégie du groupe allemand. Celle-ci a pu rappeler l’approche de Cassidian, avec les rachats successifs de Netasq et d’Arkoon, avant d’être rebaptisé Airbus Defense & Space : dans les deux cas, l’ambition affichée était de construire un champion européen de la cybersécurité, notamment pour s'occuper des besoins du secteur public, et en particulier de la défense.
Les entreprises avant tout
Mais Reik Hesselbarth souligne les difficultés de l’exercice : selon lui, pour être viable, une telle stratégie doit s’appuyer sur une activité à destination des entreprises. Car les besoins sont différents : « l’utilisabilité compte plus pour les entreprises que pour le secteur de la défense, et cela vaut aussi pour la rapidité d’évolution technologique ». La démarche consiste donc à donner la priorité au marché des entreprises. D’où l’idée du rachat de DenyAll.
Dans cette perspective, Rohde & Schwarz entend investir significativement, que ce soit pour l’extension internationale de ses activités de cybersécurité – jusqu’aux Etats-Unis –, ou pour le développement de son offre. Et il y a une autre bonne raison à cela : les marchés de la sécurité réseau et cloud évoluent vite, avec notamment des activités importantes de fusion et acquisition dans les domaines des passerelles de sécurité Web (SWG) ou d’accès cloud sécurisé (CASB). Au point qu’il apparaît de plus en plus difficile de suivre le rythme imposé par certains acteurs. Reik Hesselbarth le reconnaît volontiers : « les acteurs américains et israéliens profitent en effet d’importants investissements, et c’est un désavantage pour les acteurs européens ».
Ce ne sont pourtant pas les financements qui manquent : « s’il vous faut de l’argent, vous le trouvez. Ce dont on a besoin, c’est de l’accès au marché ». Et de préciser, comme en écho à l’analyse maintes fois exprimée par Jean-Noël de Galzain, au nom d’Hexatrust, qu’il faut là plus de commande publique, plus de confiance : « c’est le fruit d’une observation du marché international ; convaincre, lorsque l’on est jeune et petit, que l’on sera encore là dans 5 ans est très difficile », précise Reik Hesselbarth.
D’importants investissements
Qu’à cela ne tienne, l’an prochain, ce seront 2 M€ qui seront investis chaque mois en recherche et développement par Rohde & Schwartz Cybersecurity.
Et actuellement, le groupe fait la promotion active de son moteur d’inspection de paquets en profondeur (DPI), Pace 2, pour de multiples cas d’usage, jusqu’au contrôle des activités sur les services Cloud. Pace 2 est notamment déployé dans les appliances de Barracuda Networks pour la détection et la classification d’applications SaaS. Il est également capable d’analyser les protocoles ICS/Scada.
Mais il faut ajouter à cela des capacités de lutter contre les bots ou d’intégration du renseignement sur les menaces à l’offre de DenyAll : des avancées donc Jacques Sebag indiquent qu’elles n’auraient pas été possibles sans les investissements réalisés sous la bannière Rohde & Schwarz.
L’abandon du nom DenyAll est également l’occasion d’un passage de témoin : Jacques Sebag cède sa place et laisse ainsi Stéphane de Saint-Albin aux commandes.