Google Cloud en France : un écosystème se dessine autour des entreprises
Equipes étoffées, partenaires spécifiques et certifications…Google Cloud se met en ordre de bataille pour séduire les entreprises en France. Google se distingue chez les partenaires pour ses services cloud de Machine Learning, de données et G Suite. Et tout ça, sans datacenter en local.
« Les partenaires font partie de notre ADN et sont essentiels pour nous. » A elle seule, cette phrase prononcée par Eric Haddad, le directeur opérationnel de Google Cloud en France résume la stratégie du géant californien dans l’Hexagone. Devant les quelque 2 500 participants réunis pour l’édition parisienne du Google Cloud Summit, Google a souhaité montrer que son empreinte en tant que fournisseur de solutions cloud pour les entreprises, et notamment en France, prenait de l’ampleur.
Depuis plusieurs années, Google, historiquement bien positionné auprès des start-ups (comme AWS à ses débuts) et surtout des développeurs, mène une croisade sans relâche pour conquérir un marché des entreprises avec ses services cloud. Le groupe s’est d’ailleurs organisé pour cela en créant une entité dédiée, dirigée par Diane Green, un cadre de l’IT, ex-VMware. Si cette mécanique était appliquée aux Etats-Unis, elle s’est propagée progressivement à l’Europe et depuis quelques mois à la France. L’activité menée auprès des entreprises en France connait d’ailleurs un véritable élan, reconnait Ulku Rowe, directrice technique du cloud, CTO Office chez Google, citant Total et Airbus comme symbole de cette conquête des entreprises françaises. LeRoutard.com, Valeo, Veolia, Auchan Retail International, La Redoute sont autant de noms cités lors de cet événement.
Un renforcement des équipes en France
En France, les équipes de Google Cloud, organisées en deux - pour cibler les grands comptes et les PME - sont passées de 2 personnes à plus de 100 aujourd’hui, reconnait Bastien Legras, avant-vente pour Google Cloud en France. Les équipes hexagonales tissent un réseau de partenaires, à la fois techniques et stratégiques, explique-t-il encore. Technique, car Google souhaite avoir une relation d’ingénieurs à ingénieurs pour favoriser la collaboration – comme c’est le cas avec SAP en Allemagne. Stratégique, car la société s’habille d’un réseau de partenaires positionnés sur les technologies et auprès des métiers. Atos, Sopra Steria et Devoteam en sont l’exemple. Mais Google Cloud crée aussi en France un écosystème de partenaires spécialisés de niche sur les technologies clé de la firme – là où en gros il compte faire la différence. C’est le cas par exemple de la gestion des données, de l’AI et du Machine Learning, lance Greg DeMichillie, directeur de produit, Google Cloud. Des programmes de certifications sont bien en place et « la communauté des partenaires commence à réaliser que c’est une réalité (la présence de Google Cloud sur leur marché, NDLR) », poursuit-il.
Le poids de SAP et Salesforce
Les intégrateurs sont d’autant une pièce du puzzle indispensable que Google ne dispose que d’une équipe de services professionnels limitée en France. Celle-ci « aide les clients à mieux comprendre leur migration vers le Cloud », précise Bastien Legras. D’où l’intérêt de partenaires de poids comme celui scellé avec Atos en avril dernier. Thierry Breton, président de l’ESN et invité de marque lors de ce Google Cloud Summit, a rappelé la complémentarité des deux sociétés : l’expérience de Google dans l’infrastructure et dans les données et l’expertise d’Atos dans la proximité avec les clients et leur métier, et dans la protection des données. « On ne pouvait que se retrouver aux côtés de Google », a-t-il lancé.
Si ces accords avec des cadres de l’IT professionnel, connaisseurs de SI des entreprises, est certes un levier clé pour Google Cloud en France, d’autres partenariats noués avec des éditeurs comme Salesforceet SAP, le sont tout autant, témoignent Béatrice Rollet en charge des services cloud et Denis Gaudefroy, en charge des alliances stratégiques, tous deux chez Sopra Steria. Ces deux grands noms de l’applicatif professionnel sont fermement intégrés aux entreprises. S’y associer nativement permet à Google de s’ouvrir les portes de ces mêmes entreprises. Denis Gaudefroy cite des cas d’usages dans l’analyse du parcours client ou dans la gestion de la supply chain, où Google et ses services de traitement de données ont un rôle à jouer avec Salesforce et SAP. Pour Beatrice Rollet, cette fluidité en matière d’intégration avec l’existant constitue un levier pour Google auprès des entreprises qui peuvent aussi capitaliser sur leurs systèmes en place.
Google Cloud pour les données, l’AI et G Suite
Chez Sopra Steria, qui accompagne les clients vers le cloud de bout en bout (du consulting au run), Google Cloud a bien été identifié comme fournisseur de services spécifiques, aux côtés d’AWS et d’Azure. Mais si AWS est généralement le « premier pas vers le cloud », Google Cloud est conseillé chez les clients dont les projets portent sur la gestion et le traitement des Big Data, l’IA et le Machine Learning, un peu de Paas (App Engine) pour l’intégration de ces services et enfin le collaboratif et la G Suite, précisent les 2 responsables de l’ESN. « Google a la meilleure technologie en matière de ML », soutient-il.
Un autre point fort est celui du réseau, ajoute Vincent Baudet, executive director chez Beamap, spécialisée dans le conseil Cloud (propriété de Sopra Steria). « Avec Google, le réseau peut être optimisé car il en est le propriétaire », commente-t-il. Du coup, les entreprises sont moins soumises à des intermédiaires en la matière, comme Cisco par exemple.
Enfin, il reste une question : à l’inverse d’AWS ou de Microsoft Azure, Google n’a toujours pas annoncé d’implantation de ses datacenters sur le territoire français. Un point essentiel pour qui cherche à séduire les entreprises françaises. Greg DeMichillie affirme sur ce point que Google ne cesse d’investir dans des datacenters dans le monde. Mais pour l’heure, il se contente de faire patienter les utilisateurs français. « Stay tune », a-t-il lancé, un brin prometteur.