Google Cloud devient le Cloud public « privilégié » d’Atos pour l’AI et l’hybride
Les deux partenaires collaborent autour de solutions pour le Cloud hybride bâties sur Kubernetes, sur les environnements de travail connectés et sur l’AI.
Cloud hybride, Intelligence artificielle, environnement de travail, sécurité. Ce sont ces piliers qui structureront le partenariat à vocation mondiale signé ce jour entre Atos et Google Cloud, entité du Californien qui centralise désormais les services Cloud apportés aux entreprises. A travers ce partenariat, Google Cloud devient officiellement le prestataire « privilégié » d’Atos en matière de Cloud public.
Selon les termes de cet accord que chacun qualifie d’unique, mais de non exclusif, les deux groupes travailleront autour de trois tendances fortes de l’IT moderne. Atos inscrit d’abord Google Cloud comme le pendant Cloud public de ses outils de Cloud hybride qu’il entend d’ailleurs développer et étendre suivant cet accord. Au cœur de ce dispositif d’hybridation, Atos souhaite s’appuyer logiquement sur les outils de Google Cloud et surtout des services bâtis autour de Kubernetes, l’orchestrateur de containers né – rappelons-le - chez Google.
« Kubernetes s’impose presque comme un standard de facto pour les infrastructures containeurisées », confie Vincent Malka, principal consultant chez Pierre Audoin Consultants. Avec Google Cloud, Atos propose « un autre mode de déploiement de Kubernetes, soit dans leur propre datacenter via Canopy ou sur le Cloud de Google » – qui fait office de vaisseau amiral de cette technologie. Cette stratégie d’hybridation rappelle d’ailleurs celle mise en place par IBM via son offre Cloud Private.
« Les ESN apprécient l’Open Source, avec une forte communauté et un fort engagement car cela leur garantit le souci d’indépendance mais aussi la pérennité des technologies et de leurs compétences sur lesquelles elles misent », poursuit Vincent Malka.
Logiquement, à travers ce partenariat, Atos se présente également comme un tiers de confiance pour les entreprises. La forte présence de l’ESN dans le monde de la sécurité et de la cyber-sécurité leur propose une garantie, assure l’analyste, rappelant qu’Atos dispose d’une offre très avancée en matière – renforcée d’ailleurs avec le rachat de Bull. Pour lui, la sécurité représente encore pour beaucoup d’entreprises en France un obstacle dans l’adoption du Cloud tout en admettant leurs propres faiblesses face aux risques de cybersécurité.
L’autre élément clé de ce partenariat : l’intelligence artificielle et le Machine Learning. Atos entend certes s’appuyer sur les services de Google Cloud, mais prévoit surtout de renforcer son entité CODEX autour de l’intelligence des données et de les rendre davantage consommables auprès des entreprises. La SSII compte certes faire valoir son expérience de terrain d’intégrateur, mais l’appliquer à des technologies innovantes comme Tensor Flow – pour n’en citer qu’une. A la clé, assure Eric Grall, permettre aux entreprises de moderniser leur IT en exploitant le Cloud et les dernières technologies comme l’AI.
Dans ce cadre, Atos prévoit d’ouvrir trois centres de R&D (Paris, Londres, Dallas) dédiés aux technologies d’AI de Google. Ces centres serviront à faire accoucher des nouveau cas d’usage chez les clients, grâce à l’intervention d’experts Google Cloud, issus des Advanced Solution Labs de la firme.
Enfin, et c’est le dernier pan du partenariat, Atos et Google Cloud collaboreront autour des environnements de travail connectés. La SSII prévoit de développer une nouvelle pratique autour de la G Suite de Google Cloud. Les outils de productivité de Google seront ainsi une alternative aux services déjà en place d’Atos (Atos Digital Workplace) – la SSII avait en effet déjà un pied dans ce domaine avec le rachat de Unify. « Il s’agit de proposer des alternatives pour mieux accompagner les stratégies des clients », commente encore Vincent Malka. D’autant que la G Suite a récemment accroché de grandes références françaises. Atos s’inscrit donc dans une tendance montante.
Une transformation qui se crée autour d’un écosystème de partenaire
Avec cette nouvelle alliance, Atos poursuit également sa stratégie de transformation « d’un prestataire de services d’intégration à un opérateur de Cloud », explique encore Vincent Malka. Une stratégie d’ailleurs initiée en 2012 par la création de la co-entreprise scellée entre la SSII de Thierry Breton, EMC et VMware autour de Canopy. Depuis, le marché a évolué vers l’hybridation, poursuit l’analyste. « Il s’agit de combiner les différents modèles de Cloud pour répondre aux usages multiples des clients. » Et ces besoins se sont également portés à d’autres domaines. D’un Cloud qu’Atos qualifie d’ancien, « nous sommes passés à un Cloud plus agile et ouvert », assure Eric Grall, vice-président en charge des opérations mondiales chez Atos. Google représente selon lui ce nouveau Cloud.
« Ce partenariat associe la connaissance sectorielle et métier acquise depuis des années par Atos, ses compétences pour accompagner les grands projets et en matière de sécurité, à la dynamique d’innovation, aux technologies clé et à l’ouverture de Google », résume l’analyste.
Surtout, avec Atos, Google Cloud trouve un nouvel allié de poids alors qu’il mène une stratégie mondiale de conquête des entreprises. Venu du B2C, le géant du Cloud a dû ré-organiser ses activités Cloud aux entreprises pour gagner en visibilité face à AWS, IBM ou encore Microsoft. Diane Green en a aujourd’hui la direction. Avec la SSII de Thierry Breton, Google rattrape ainsi son retard, souligne Vincent Malka. « Les acteurs du Cloud ont besoin de partenaires pour accompagner les entreprises de bout en bout, de la stratégie jusqu’à la mise en production. Ils n’ont pas le choix de se passer des ESN », appuie-t-il. Google Cloud a en effet passé des accords avec Devoteam, Sopra Steria et SAP pour aller quérir ce marché des entreprises. Google Cloud décrocherait d’ailleurs de plus en plus de contrats, de l’aveu de Paul Henri Ferrand, président, en charge des relations clients dans le monde pour Google Cloud. A l’image d’Airbus.