SAP Ariba Live 2018 : Ariba truffe la gestion des achats avec de l'AI
Machine Learning, APIs, automatisation, scoring prescriptif, Ariba décrit une supply chain optimisée par l'IT. Réaliste ou idéaliste, le réseau inter-entreprise racheté par SAP a en tout cas atteint une masse critique qui en fait aujourd'hui un Amazon des prestations B2B mondiales.
Développement durable. Diversité. Inclusion. Écologie. Lutte contre le travail forcé et des enfants. Ariba veut donner du sens et les moyens à la Supply Chain de ne pas être cantonnée aux factures et à la gestion purement comptable des approvisionnements.
La portée sociétale - voire éthique - a marqué l'édition 2018 du Ariba Live alors que les clients affirment être de plus en plus concernés par les problématiques extra-commerciales et que les entreprises ajoutent ces dimensions à leurs objectifs internes.
Le président d'Ariba, Barry Padgett, l'a répété à l'envie. Grâce à la visibilité et au scoring qu'apporte le « réseau d'affaires » - comme il le décrit - Ariba donne des armes concrètes au CPO (Chief Pocurement Officer) pour mieux sélectionner leurs fournisseurs - et les fournisseurs de leurs fournisseurs. Et de le faire simplement en s'appuyant sur des données a priori objectives, affrime-t-il.
Shell et l'association Save the Children, tous les deux utilisateurs d'Ariba, ont abondé dans ce sens en témoignant sur scène de leurs propres pratiques.
Pour Jim Ridgwick, de Save the Children, le CPO est de plus en plus en charge de la « sustainability » (responsabilité sociétale de l'entreprise). L'IT lui permet « d'influencer ceux qui nous fournissent » en prenant en compte « toute la chaine [...] partout dans le monde ». Idem chez Shell pour minimiser son emprunte carbone (et celle de ses fournisseurs). En résumé, le client final - et les intermédiaires - achètent de plus en plus une alliance de provenances qui doivent de plus en plus être vérifiables.
Cette visibilité globale n'est possible qu'avec des données générées et partagées par la « communauté ». Ce concept est au coeur d'Ariba - qui se positionne au delà du SCM de plus en plus entre un LinkedIn d'entreprises et un Amazon de prestations B2B.
Changer la manière dont l'entreprise perçoit la fonction
Le sous-texte de ces interventions est que la Supply Chain n'est plus simplement une fonction qui gère des couts, des factures et des livraisons mais aussi les risques (financiers, de marché, de conformité et opérationnel) et la réputation d'une organisation très en amont.
Le CPO pourrait par conséquent devenir - à l'instar du DRH et du responsable commercial - un leader de la transformation digital.
« Il faut changer la manière dont l'entreprise perçoit la fonction », invite Barry Padgett. « Les appros ne sont plus un silo, isolé du reste de l'entreprise. Ils lui apportent de plus en plus de valeur ». A condition de les gérer rationnellement, et qu'ils génèrent des données unifiées, cohérentes, rapidement et simplement.
Pour Clément Celier, Regional Vice President et Head of Digital Transformation Organization, tout l'enjeu de la numérisation est là.
« L'automatisation et la rationalisation permettent de se focaliser sur la partie stratégique », explique-t-il. Quant à la notion de communauté, elle permet de créer « lien entre des entreprises qui ont besoin de se synchroniser pour être plus efficaces ». Ce qui n'est pas sans évoquer l'entreprise étendue ou la notion de Mesh du Gartner. « Le procurement devra être de plus en plus connecté, aussi bien en interne qu'en externe », prédit-il.
Un réseau B2B qui a atteint une masse critique
Comme tout réseau « social », les promesses d'Ariba ne peuvet être tenues qu'en atteignant une taille critique.
Avec 2.200 participants et des amphithéâtres pleins, le SAP Ariba Live montre que la « sauce prend ».
« Nous sommes le plus gros "business networks" au monde », se congratule Barry Padgett. De fait, Ariba compte aujourd'hui 3.3 millions d'entreprises utilisatrices (fournisseurs et acheteurs) et génère 1.6 trillons de dollars de chiffre d'affaires. « Et chaque minutes, un nouveau fournisseur s'inscrit sur la plateforme ».
SAP semble donc avoir fait une bonne affaire en rachetant l'entreprise en 2012 pour 4,3 milliards de dollars. Un réseau concurrent aura du mal à exister face à une telle force de frappe dans un monde IT où le « winners takes all ».
« Le montant des transactions réalisées sur Ariba est deux fois plus important que celles faîtes sur Amazon, eBay et Alibaba cumulés », acène Tifenn Dano Kwan, la directrice marketing (française) de Ariba.
APIfication
Un hypothétique challenger aura d'autant plus de mal que Ariba est entré dans une logique de « plateforme », souligne Sudhir Bhojwani, Chief Product Officer.
Comprendre : une logique d'APIs et une philosophie agnostique en terme d'intégration de données - ce qui fait d'Ariba un outil SAP, sur le Cloud SAP, mais destiné à toutes les entreprises, SAP ou non.
En revanche, pas de PaaS à l'horizon. « SAP a un seul PaaS, le sien. Ariba n'a pas vocation à développer une telle offre », coupe court le CPO.
De fait, Ariba s'appuie sur ce socle SAP pour l'analytique et pour faire infuser l'Intelligence Artificielle dans ces offres.
Et AI
Les applications de l'AI dans le supply chain sont nombreuses et prometteuses.
Une des plus basiques est de hiérarchiser les informations du fil d'actualité d'un utilisateur en fonction de son titre et de ses consultations passées.
Une autre est de présélectionner des fournisseurs en fonction des besoins de l'acheteur, de l'historique du fournisseur, et des évolutions prédites d'un marché.
Un système automatisé et motorisé par l'AI peut par exemple indiquer les contrats qui arrivent à terme, faire des prédictions sur les prix (d'une matière première par exemple), le mélanger à des données externe et scorer des fournisseurs pour préconiser les meilleurs, illustre Shivani Govil.
La fin du CPO ? « Non. Je ne crois pas. Certaines tâches peuvent être entièrement automatisées, certes. Mais les bots ne vont pas remplacer les acheteurs. C'est plus de l'intelligence augmentée », nuance-t-il. « L'AI peut conseiller sur des points clefs ».
Dernier exemple d'application, Ariba devrait proposer un bot conversationnel voire des interfaces en langage naturel pour simplifier l'expérience utilisateur.
Simplifier l'usage
La simplification s'annonce comme LE grand défi de la plateforme.
Tous les clients présents au Ariba Live évoquent ce point que l'on retrouve, logiquement, dans le discours du président Barry Padgett. « Nous voulons être "user friendly", encore plus centré sur le client. Le but est de rendre les approvisionnements aussi simple que des achats à la maison [sur Amazon]»
Pour l'avenir, la feuille de route montre que Ariba explorera la Blockchain - pour l'authenticité et la traçabilité - et qu'il creusera les multiples usages de l'IoT pour la supply chain et la collaboration inter-entreprises.