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Orange Business Summit : Orange partage sa vision des réseaux du futur
A l'occasion de son premier grand événement utilisateur, OBS a dévoilé les principales innovations sur lesquelles ses équipes d'ingénierie travaillent au quotidien, notamment dans le domaine clé du cœur de réseau d'Orange.
Orange Business Services a organisé à Paris son premier grand événement utilisateur, l’Orange Business Summit 2018. Sur le modèle des grandes conférences utilisateurs des éditeurs américains, pendant deux jours, les ingénieurs et commerciaux d’OBS et ses partenaires ont présenté aux clients de l’ESN leurs dernières innovations techniques.
Cloud, Internet des objets, Big Data, Chatbots, cybersécurité, GDPR, collaboratif, les nombreux stands ont permis d’identifier les grandes priorités d’OBS pour les années à venir.
Alors que ce qui se passe dans la Silicon Valley monopolise l'attention des médias, Orange et sa filiale services ont tenu à rappeler à leurs clients français que l'on innove aussi de ce côté de l'Atlantique. « Orange consacre beaucoup de moyens à l'innovation. On a l'impression qu'aujourd'hui les GAFA et les startups ont le monopole de l'innovation. Or beaucoup d'industriels innovent aussi et Orange est l'un des grands acteurs de l'innovation digitale sur le plan mondial avec près de 8.000 personnes impliquées, des expertises mondialement reconnues dans les réseaux - comme dans la 5G - dans les travaux de standardisation et de test, dans les réseaux virtualisés dans les réseaux bas débit pour les objets connectés. Nous sommes l'un des partenaires fondateurs de LoRa ».
Stéphane Richard a aussi rappelé les efforts d'Orange en matière d'Intelligence Artificielle avec l'annonce de 200 embauches dans ce domaine d'ici 2 ans et un portefeuille de 7000 brevets.
Un réseau face à la révolution de la virtualisation
Si Orange Business Services commercialise ses expertises auprès de ses clients, notamment avec l'arrivée prochaine de l'assistant numérique Orange Djingo, celle-ci est aussi mise en œuvre afin de faire évoluer le réseau de l'opérateur.
Emmanuel Lugagne Delpon, Senior Vice Président d'Orange Labs Networks, est monté sur scène afin de brosser les grandes lignes directrices de la transformation du réseau Orange, avec des mutations qui vont impacter très directement les clients Entreprise de l'opérateur.
« Face à la volatilité du business, impossible de planifier l'évolution d'un réseau opérateur avec les lois d'Erlang comme nous avions l'habitude de faire. Pour préparer l'horizon 2020/2030, des évolutions seront menées dans 3 grandes directions : la "softwarisation" des réseaux, la 5G et enfin l'intelligence artificielle. Cette "softwarisation" constitue un véritable tsunami pour nos réseaux »
Avant même d'évoquer les SDN (Software Defined Networks), le chercheur a souligné l'importance de la virtualisation des fonctions réseaux sur le réseau Orange. « Jusqu'à présent, les équipements réseaux s'appuyaient sur du hardware dédié, des ASIC spécialisées. Avec l'augmentation de la puissance des processeurs, ce hardware est en train de se banaliser, si bien que plutôt que d'acheter des équipements dédiés déployés dans des infrastructures dédiées, demain, les opérateurs vont acheter des logiciels qu'ils vont installer sur des IaaS, dans des infrastructures Cloud totalement banalisées. Le monde du réseau est en train de vivre ce que l'IT a connu il y a 10 ans. Le monde de l'IT est en train de migrer vers le Cloud et le monde du réseau commence à vivre à son tour cette révolution, avec des opérateurs qui mettent leurs couches réseau même chez Amazon ! ».
Cette révolution va profondément impacter les équipementiers car, selon l'expert, un équipement commercialisé à 100€ aujourd'hui se vendra sous forme logicielle entre 20€ et 30€. « C'est une transformation profonde du Business Model des équipementiers mais c'est aussi une transformation profonde pour les opérateurs tant dans leur manière de concevoir les réseaux, de les exploiter, notamment pour ce qui est du "troubleshooting" ».
Des échanges de technologies entre réseaux opérateurs et entreprises
Si l'essor du NFV va impacter les opérateurs et leur écosystème d'équipementiers, les entreprises bénéficieront plus directement de la seconde révolution des réseaux évoquée par Emmanuel Lugagne Delpon, celle du SDN
Le Software Defined Network va exploiter cette virtualisation des fonctions réseau afin d'installer, configurer et déployer de façon automatique des pans entiers de réseau. Cette deuxième révolution va apporter de la flexibilité aux opérateurs et à leurs clients.
Prenant l'exemple de la dernière vague de froid sur la région parisienne qui a vu de nombreux banlieusards recourir au télétravail plutôt qu'affronter les routes enneigées, Thomas Sourdon, Senior Manager chez Orange Consulting a pointé la chute des performances réseaux des accès pendant cette période. « La plupart des entreprises n'avaient pas dimensionné leurs infrastructures de connectivité dédiées au nomadisme pour absorber un tel nombre de connexions simultanées. Avec le VDSL et le FTTH, les réseaux haut-débit grand public sont de plus en plus performants or les réseaux actuels restent complexes à faire évoluer avec des matériels réseaux encore très propriétaires basés sur du matériel qu'il faut remplacer lorsqu'on veut accroître les performances. Si une entreprise veut augmenter ses capacités de connexion en prévision d'un épisode neigeux, le temps de le mettre en place, la neige aura fondu. Le SDN et le NFV vont nous permettre de gagner en flexibilité, avec une augmentation instantanée à la demande des ressources réseaux de manière temporaire ».
Le SDN, déjà bien présent dans les datacenters avec via les architectures Spine/Leaf ou les réseaux de switchs en Overlay, arrive dans les réseaux d'opérateurs et les échanges de technologies vont dans les deux sens. Ainsi, les réseaux full optique arrivent en entreprises en reprenant des technologies issues des opérateurs publics.
Le POL (Passive Optical LAN) permet ainsi de raccorder l'ensemble des utilisateurs d'un campus ou d'un bâtiment sur un switch unique capable d'accueillir jusqu'à 64.000 utilisateurs de front, ce qui signe la disparition des switchs d'étage et de leurs locaux dédiés.
Le grand chantier de la 5G démarre cet été
Si l'essentiel de cette révolution des réseaux restera invisible pour le grand public, la 5G va constituer un pas en avant extrêmement significatif dans le domaine des réseaux mobiles.
La promesse est d'offrir un débit de l'ordre de 50 Mbit/s jusqu'à 10 Gbit/s pour chaque utilisateur dans une cellule contre 3/4 Mbits dans le meilleur des cas aujourd'hui.
En outre, la 5G, conçue dès l'origine pour gérer différents services, notamment l'IoT de façon massive, pourra supporter une densité de 100 000 objets connectés au km2. Enfin, certaines classes de services pourront offrir des temps de latences très faibles, de l'ordre de quelques millisecondes.
Une démonstration mise en place avec Ericsson sur l'Orange World Summit permettait de conduire un véhicule sur un circuit d'essai en Suède depuis Paris avec une réactivité instantanée.
Emmanuel Lugagne Delpon explique ainsi ce qui différencie la 5G de la 4G. « La 5G est nativement conçue pour être multiservices, gérer différents services qui ont chacun différents niveaux de qualité de service. [...] Cela va permettre de faire ce que l'on appelle des Slices, des tranches logiques de réseau. Chaque tranche aura sa qualité de service, certaines auront un temps de latence très faible, certaines seront adaptées à l'industrie 4.0, d'autres aux objets connectés, et, bien évidement, une dédiée aux véhicules connectés et autonomes ».
Le chercheur annonce l'arrivée de la 5G pour 2020. Le standard est attendu pour cet été et il estime qu'il faudra un an pour disposer d'équipements compatible puis quelques mois de tests avant de lancer réellement le déploiement à grande échelle. « Orange va commencer à tester la 5G dès l'été prochain, dans un corridor entre Lille et Douai où nous aurons une "bulle 5G". Nous pourrons y tester les premiers équipements et vérifier que notre pari de déployer la 5G sur nos sites 4G pourra être tenu ».
Djingo & IA
L'intelligence artificielle fut bien évidemment un sujet abordé par les intervenants de l'Orange Business Summit. Luc Bretones, Directeur du Technocentre Orange et d'Orange Vallée a notamment évoqué l'assistant numérique Orange Djingo dès la session d'ouverture de l'événement.
OBS, qui boucle l'acquisition de Business&Décision, compte bien proposer ses compétences en la matière aux entreprises françaises de tous secteurs, et bien évidemment dans la gestion de ses propres réseaux.
« Nous n'utilisons l'IA dans nos réseaux que de manière ponctuelle pour l'instant, mais nous imaginons que lors de la prochaine décennie l'IA va se généraliser » estime Emmanuel Lugagne Delpon. Pour le chercheur, l'arrivée de l'IA dans la gestion des réseaux va entrainer une transformation profonde des méthodes des exploitants. « Nous pourrons par exemple mélanger des données de prévision de trafic avec des éléments qu'on ne peut prévoir, comme la météo ou des événements exceptionnels comme un match au Stade de France, données collectées sur les réseaux sociaux ».
« L'IA saura dire à l'exploitant qu'il va y avoir une grosse concentration de trafic à tel ou tel endroit, et qu'il faudra déployer de nouvelles ressources sur un réseau partiellement virtualisé par anticipation. C'est ainsi que nous pourrons à l'avenir maintenir la qualité de service ».
La transformation numérique est la problématique de tous les clients d'OBS mais elle est aussi au cœur du métier historique d'Orange.