ERP & Accès Indirects : SAP enterre la hache de guerre en changeant sa tarification
SAP annonce un nouveau modèle de tarification pour les accès indirects au cœur de ses désaccords avec ses clients. Il promet un outil d’audit en self-service et introduit pour la première fois une distinction entre « accès humain » et « accès numérique ». Les utilisateurs applaudissent.
La question des accès indirect empoisonne depuis plusieurs années la relation entre SAP et ses clients. Deux affaires - Diageo et ABinBev - ont fait récemment les gros titres de la presse spécialisée. Après ces deux cas emblématiques, les groupes d’utilisateurs SAP sont montées au créneau pour demander une clarification.
Dans un premier temps, SAP avait fait mine d’entendre ces demandes et avait conclu que le dossier était clos. Sans calmer la gronde. Aujourd’hui, l’éditeur a décidé d’apporter une réponse beaucoup plus officielle et surtout beaucoup plus collégiale.
Rappelons que les « accès indirects » concernent la manière dont un logiciel tiers (par exemple Salesforce) ou un système (bot, appareils, etc.) accède aux informations d’un ERP ou d’une solution métier SAP. La facturation de ces accès était jusqu’ici très floue. Certains clients la voyaient même comme une épée de Damoclès qui permettait à l’éditeur de leur imposer des redressements lucratifs.
La pression des clients a semble-t-il – comme dans la brique HCM sur site de S/4HANA – fini par payer. « Grâce à une collaboration sans précédente avec les groupes d'utilisateurs, ses clients, les partenaires et des analystes, SAP annonce un nouveau modèle de vente, d'audit et de tarification pour ses Digital Access, plus communément appelés " Accès indirects ". ».
Quoi de neuf ?
D’après SAP, cette nouvelle approche rend les licences logicielles plus simples et plus transparentes pour les clients.
L’éditeur introduit pour la première fois une distinction nette entre l'accès direct/humain et l'accès indirect/numérique, tout en précisant les règles d'engagement en matière d'octroi de licences, d'utilisation et de conformité.
« Les accès directs/humains (existants) seront facturés en fonction du nombre d'utilisateurs humains. En revanche, l’accès tiers -Internet des objets (IoT), robots et/ou autres accès indirect – fera l'objet d'une licence sur la base d’un nombre de transactions/documents traités par le système », précise SAP.
Cette nouveauté s’applique aussi bien à la nouvelle génération d’ERP (S/4HANA, sur site et en mode Cloud) qu’aux anciennes applications ERP. A ceci près que les clients existants peuvent choisir de rester à l’ancienne tarification s’ils le souhaitent. En effet, les clients qui ont déjà des contrats et des clauses contractuelles devront évaluer les coûts, les avantages et la valeur globale d'une conversion de licence. Pour l'ASUG, cette conversion ne sera pas forcément facile pour les clients qui ont une longue histoire avec SAP, « les contrats peuvent être longs, compliqués et avoir de multiples annexes signées sur plusieurs décennies »,.
SAP va aussi modifier son organisation pour séparer de manière plus hermétique la partie vente de licences (commerciaux) de la partie audit. Cette séparation devrait « permettre aux clients et aux chargés de clientèles de SAP de collaborer plus librement », dixit l’éditeur.
« Désormais, tout audit doit provenir de l'équipe d'audit SAP et ne peut être initié comme tactique de vente », se réjouit l'ASUG
Dans le même temps, SAP prévoit d'introduire des outils en self-services pour que les clients puissent mesurer eux-mêmes leur utilisation et leur consommation de licences.
Toutes ces nouveautés commenceront à être mises en place dès ce mois d’avril 2018.
Les groupes utilisateurs applaudissent
Les principaux groupes utilisateurs mondiaux – qui ont par ailleurs participé à ce travail – applaudissent des deux mains.
« Je félicite SAP d'avoir entamé un dialogue ouvert et réfléchi avec ses clients au sujet des licences », se réjouit l’ASUG, le plus gros groupe utilisateurs du monde qui fédère les clients SAP américains. « Nous avons fait d'énormes progrès sur de nombreux sujets importants ».
Même son de cloche du côté du très puissant DSAG (Allemagne). « Il s'agit d'un premier pas important vers l'élimination des blocages et des obstacles sur la voie de la transformation numérique. »
La DSAG souligne au passage – comme l’ASUG - son rôle dans ce nouveau dialogue avec SAP. « La réorganisation du modèle de prix, des ventes, des audits et de la conformité est la conséquence exceptionnelle d'ateliers intensifs et de discussions avec la DSAG ».
Enfin en France, l’USF applaudit « ce nouveau modèle qui devrait apporter transparence et simplicité aux clients pour les futurs cas d'utilisation des solutions SAP ».
Mais ce n’est qu’un début
Ceci étant, pour l’USF et l'ASUG, il ne s’agit que d’un début.
« Il y a encore du travail à faire pour démontrer aux clients que le nouveau modèle ne coûtera rien pour leurs cas d'utilisation existants », prévient l'association française. « Les clients ont également besoin d'avoir l'assurance que s'ils ont été correctement autorisés - après des discussions et des communications officielles avec SAP ou en s’appuyant sur des clauses contractuelles qui peuvent souvent être ambiguës - ils n'auront plus à faire face à des coûts additionnels de licence ».
De son côté, l'ASUG estime qu'il y a encore beaucoup à faire pour aider les clients à comprendre s'ils sont conformes. ou non. « C'est un domaine avec encore des lacunes. Et, malheureusement, c'est une question qui pourrait affecter les clients les plus fidèles et les plus engagés avec SAP ».
A en croire les différents groupes, d’autres évolutions dans la tarification sont à attendre dans les semaines qui viennent. Notamment dans les contextes d’IoT.