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ERP : l’heure du décollage vers le Cloud a sonné (Panorama Consulting)
L’étude annuelle du cabinet spécialisé montre une progression très importante des déploiements Cloud en un an. Mais le SaaS et l’ERP managé ne diminueraient pas pour autant la complexité ni le coût de ce type de projets.
L’ERP en mode Cloud – en Cloud publique ou managé - semble véritablement prendre son envol. En tout cas aux Etats-Unis. C’est ce qui ressort d’une étude du cabinet spécialisé Panorama Consulting pour qui 85% des déploiements d’ERP se font désormais dans le Cloud - et dans quasiment deux tiers des cas directement dans le SaaS (64%).
Indépendamment de l’importance du chiffre, c’est surtout la progression par rapport à l’année dernière qui est frappante où seulement 33% des projets d’ERP étaient Cloud (SaaS + Managé hors site).
L’ERP Cloud n’est pas magique
« L'adoption du Cloud dans l'ERP a peut-être enfin atteint un point de basculement », analyse le cabinet de conseils. « Le fait que les grands fournisseurs d'ERP poussent les solutions SAP S4/HANA, Oracle Cloud et Microsoft Dynamics 365 de manière aussi agressive pourrait enfin porter ses fruits ». Sans oublier Infor qui a fixé de gros objectifs SaaS pour la France.
Ce basculement n’a en revanche pas provoqué de baisse significative des délais d’implémentation (ni des coûts d’ailleurs). Ceux-ci oscillent en moyenne autour de 17 mois. Pire, le nombre de projets ERP à avoir dépassé le calendrier prévu sont passés de 60% à 80%.
Panorama Consulting
« Ceci est à attribuer en grande partie à l'augmentation des déploiements Cloud », tranche net Panorama Consulting. « Le Cloud crée une illusion de rapidité et de facilité de mise en œuvre qui se traduit par des attentes initiales irréalistes ».
Les perturbations opérationnelles, voire des interruptions d'exploitation, après la mise en service d’un nouvel ERP se sont également multiplié. Les entreprises qui ont subi ce type de désagréments - comme l'impossibilité d'expédier des produits ou de clôturer les comptes - sont ainsi passés de une sur deux (56%) à deux sur trois (66%).
Sur ce point, Panorama prêche pour sa chapelle et souligne le manque « persistant » (sic) de compétences et d’accompagnement « de la plupart des consultants et des revendeurs d’ERP ».
Un autre chiffre traduit néanmoins objectivement cette situation. Les entreprises se montrent satisfaites à 68% de leurs nouvelles suites. Mais ce taux de satisfaction tombe à 41% dès qu’il s’agit d’évaluer l’implémentation dans son ensemble.
L’importance de l’accompagnement du changement
Une des causes majeures de dérapage, identifiée par Panorama Consulting, touche l’accompagnement du changement. Et ce, pour la deuxième année.
Ce poste de dépense s’avère critique pour le bon déroulement des projets mais il est, semble-t-il, plus considéré comme une source d’économie potentielle par les décideurs que comme un investissement.
« Ironiquement, de nombreuses organisations pensent qu'elles économiseront du temps et de l'argent en coupant ce poste important. Mais notre enquête raconte une toute autre histoire. […] Ceux qui investissent dans la gestion du changement constatent qu'ils mettent en œuvre leur ERP plus rapidement, à moindre coût et avec un rendement du capital investi (ROI) plus élevé que ceux qui n’y investissent pas », avance Eric Kimberling, fondateur du cabinet.
L’Europe n’est pas les Etats-Unis
L’étude de Panorama Consulting est néanmoins à prendre avec quelques pincettes pour des raisons d’échantillons. Menée depuis 12 ans, elle sonde des sociétés dans tout type d'industries (manufacturières, vente au détail et distribution, construction, etc.) et dont le chiffre d’affaires moyens avoisine les 450 millions de dollars, mais avec une majorité basée en Amérique du Nord.
En Europe, comme le regrettait récemment Stephen Spears, un responsable de SuccessFactors, les mentalités ne sont pas les mêmes. Alors que SAP n’avait prévu comme brique HCM/SIRH pour son nouvel ERP S/4HANA - sur site comme dans le Cloud – que SuccesFactors, l’éditeur allemand a du faire machine arrière face à la gronde de ses clients européens et mobiliser des ressources pour redévelopper un HCM entièrement sur site.
« Dans la zone Asie-Pacifique, la situation est très différente. Et en Amérique du Nord aussi », avançait-il à l’ASUG, regrettant un « manque d’information » (sic) des clients du Vieux Continent.
Le panorama de Panorama n’est donc certainement pas le même dans nos contrées. Mais la tendance vers le Cloud qu’il décrit pourrait bien s’y dérouler avec quelques mois de décalage. Sauf si le Cloud Act refroidit les ardeurs des volontaires précurseurs.