Le co-fondateur de Docker, Solomon Hykes, quitte son poste de CTO...et la société
Cela marque le 2e départ d’un cadre de la société après celui du CEO, Bob Golub, remplacé par Steve Singh, ex-Concur. La mutation de Docker, d’un outil pour développeur vers le monde de la plateforme pour entreprise se poursuit. Et cela implique des ajustements.
Solomon Hykes, co-fondateur de la technologie de container Linux Docker et de la société commerciale éponyme, a annoncé quitter ses fonctions de CTO, marquant une étape clé dans l’évolution de ce qui peut être considéré comme l’un des fleurons des architectures applicatives modernes. Il siègera toujours au board de la société.
Solomon Hykes est devenu une figure emblématique de cette technologie de containers Linux en en simplifiant les usages et les repositionnant sur les terres des applications dites cloud-natives. A l’origine du format Docker et de son runtime, il démarre il y a 10 ans la société dotCloud dont le modèle économique repose sur un Paas, alors motorisé par les containers Linux. Un projet qui suscita un intérêt partiel et poussa Solomon Hykes à « pivoter » - selon le terme consacré. En 2013, il place la technologie Docker en Open Source, et l’entité commerciale dotCloud devient Docker.
5 ans après, la société Docker n’a plus le même visage. S’éloignant de son image de technologie pour développeurs, la société a bâti un modèle économique sur la vente d’une plateforme intégrée (Docker Enterprise Edition) de gestion de containers où se mêlent différents outils. Cette plateforme intégrée entend faciliter la migration des applications vers le Cloud et permettre aux entreprises d’embrasser cette flexibilité apportée par les containers, mais tout en étant garanti de la sécurité et d’un maintien opérationnel de classe entreprise. Sécurité, administration, programme de partenaires, orchestrateurs, Docker a petit à petit ajusté son catalogue de produits et de services pour rendre sa technologie plus consommable par les entreprises. La société a aussi dû s’adapter à leur volonté. Exemple : à l’occasion de la DockerCon Europe 2017, la société avait finalement décidé de se rapprocher du monde Kubernetes en intégrant le moteur d’orchestration nativement à sa plateforme – et de le faire cohabiter avec son propre orchestrateur Swarm.
Afin d’envoyer un message clair au marché, Docker, ainsi que la communauté qui encadre la technologie, avaient aussi contribué au changement de nom du projet Open Source. Ainsi était né Moby Origin.
A ce jour, Docker revendique plus de 450 clients de Docker Enterprise Edition, selon le blog de la société.
Changement d’organisation
Ce positionnement a aussi poussé Docker à revoir son état-major. En 2017, Bob Golub, qui occupait le poste de CEO de la société depuis sa création, a cédé les rênes opérationnelles de Docker à un cadre des applications d’entreprise : Steve Singh. Celui-ci est en effet connu pour avoir dirigé Concur, qu’il a aussi revendu à SAP. Il connait donc le marché des entreprises et le modèle économique et organisationnel à suivre. Solomon Hykes avait alors pris les fonctions de CTO.
Les entreprises qui migrent leurs applications vers le Cloud « ont besoin d'une solution pour le faire de manière fiable et sécurisée, sans de couteuses modifications de code ou de processus, et sans s'enfermer dans un seul OS ou Cloud. Aujourd'hui, la seule solution répondant à ces exigences est Docker Enterprise Edition. » Ce qui, selon lui, constitue pour Docker « une opportunité de croissance massive ». Mais, pour cela, « nous avons besoin d'un CTO (…) avec des décennies d'expérience dans la commercialisation et le support logiciel auprès des plus grandes entreprises du monde », écrit le co-fondateur, dans un billet de blog où il annonce son départ. Un profil dans lequel il ne se retrouve pas ou plus.
Un marché qui a évolué
Il est à noter que le marché des containers et des orchestrateurs a aussi évolué en parallèle. Les entreprises ont compris l’intérêt des containers et, par conséquent, de celui des orchestrateurs. Aujourd’hui, Kubernetes, poussé par une communauté très dynamique et un important écosystème de partenaires, s’est imposé comme le standard par défaut. De là sont également apparues des offres censées en faciliter les déploiements et la maintenance opérationnelle. Par exemple, depuis la décision d’AWS de lancer son propre service (EKS – Elastic Kubernetes Service), les géants du Cloud public (Azure, Google et AWS donc) ont tous une offre de Kubernetes-as-a-service. L’autre exemple porte sur le rachat de CoreOS, cadre des containers, par Red Hat. Pour Docker, ce rapprochement a de quoi porter la concurrence à un niveau plus élevé.
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