Cisco va découpler ses systèmes d’exploitation de ses équipements réseau
Cisco se rallie aux tenants de la désagrégation réseau. Le constructeur propose désormais aux entreprises et aux opérateurs la possibilité d’acheter de façon séparée ses matériels réseau et ses OS. Cela permettra par exemple de faire tourner les OS de Cisco sur des commutateurs tiers, mais aussi d’installer des OS tiers sur des équipements Cisco.
Après avoir longuement résisté à cette approche, Cisco s’est finalement résolu cette semaine à la désagrégation de sa pile technologique, ce qui va permettre à ses clients d’acquérir isolément ses équipements et ses systèmes d’exploitation, et ouvrir également la voie à leur exécution sur des équipements tiers.
Cisco propose, par exemple, aux entreprises la possibilité d’utiliser son système d’exploitation Nexus sur des commutateurs en marque blanche et il va offrir la même flexibilité aux opérateurs télécoms avec son système d’exploitation de classe opérateur.
Cette conversion de Cisco à la désagrégation a en partie pour but d’enrayer l’érosion des parts de marché du constructeur, à la peine sur plusieurs marchés importants comme ceux des fournisseurs cloud, des institutions financières et des opérateurs télécoms. Autant de clients qui ont été parmi les premiers à adopter la désagrégation.
Cisco sépare NX-OS de ses commutateurs Nexus
Concrètement, l’annonce de Cisco va permettre aux clients des commutateurs Nexus de la marque d’exécuter le système d’exploitation réseau (NOS) de leur choix sur leurs commutateurs de centre de données. Selon Cisco, Microsoft fait par exemple, fonctionner son système d’exploitation Sonic sur des commutateurs Nexus 9200 et 9300 dans son cloud public Azure. Sonic a été développé par Microsoft sur une base Linux et a été partagé au sein de l’Open Compute Project.
« Cisco reconnaît qu’il doit aller vers la désagrégation pour s’adapter à cette évolution de la demande du marché », explique Brad Casemore, analyste chez IDC. « La concurrence se fera de plus en plus sur les mérites d’un logiciel réseau désagrégé. »
La clé du changement chez Cisco est l’adoption de l’interface Switch Abstraction Interface (SAI) sur les équipements Nexus. Cette couche d’abstraction, supportée par l’Open Compute Project, permet de créer une séparation entre l’OS réseau et le chipset sous-jacent et fournit une API standardisée en C pour la programmation des ASIC de commutation.
Elle permet à un commutateur d’accueillir de multiples OS pour peu qu’ils soient compatibles avec la SAI. Elle permet également à un client de mêler sur un même switch des composants logiciels provenant de plusieurs fournisseurs, par exemple une pile de commutation X, une pile de routage Y, etc.
La désagrégation aussi pour le marché des opérateurs
La conversion de Cisco ne se limite pas au marché des entreprises ou des commutateurs pour les infrastructures de cloud. Dans un billet de blog, Cisco explique avoir aussi ouvert aux opérateurs télécoms la possibilité de faire fonctionner son système d’exploitation IOS XR sur des équipements en marque blanche.
Dans un billet de blog, le constructeur décrit ainsi comment configurer un commutateur Edgecore-AS7816-64x pour lui permettre de démarrer IOS XR via un bootloader compatible ONIE. La firme a aussi développé une version virtualisée d’IOS XR que les opérateurs peuvent exécuter sur des serveurs x86.
Avec ce mouvement Cisco espère sans doute anticiper la bascule des réseaux télécoms vers des approches SDN/NFV et endiguer le recul de ses ventes aux opérateurs. Au cours de son dernier trimestre fiscal, ses ventes sur ce marché ont reculé de 5 %.
Le support des applications tierces sur les Catalyst, ISR et ASR
Au-delà de sa conversion à la désagrégation, Cisco facilite aussi désormais l’exécution d’applications tierces sur ses Catalyst 9000 et sur les routeurs ISR et ASR. Avec la dernière itération du système d’exploitation IOS XE de Cisco (version 16.8.1), il est possible de faire tourner des composants tiers sous forme de conteneur Linux ou de machine virtuelle KVM. Pour mémoire, IOS XE s’appuie lui-même sur un noyau Linux.
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