Grands serveurs Power9 : IBM sortira à la rentrée ses concurrents haut de gamme des Sparc d'Oracle
Après avoir consacré le premier semestre 2018 au lancement de ses serveurs Power9 scale-out, Big Blue devrait profiter de la rentrée 2018 pour dévoiler sa nouvelle famille de grands serveurs Unix à base de puces Power9.
(Ce texte est la fin d'un article en deux parties sur les serveurs Power9. Pour retrouver la première partie, cliquer ici)
La seconde moitié de l’année 2018 devrait voir IBM se concentrer sur le renouvellement de son offre de serveurs Unix haut de gamme sous AIX, actuellement motorisée par des puces Power8. Même si ce marché n'a cessé de se contracter au cours des dix dernières années, l'enjeu est d'importance pour Big Blue puisque la firme domine ce marché de la tête et des épaules face à Oracle et ses grands systèmes Sparc M8.
Big Blue prévoit deux familles de machines, actuellement référencées sous les noms de code « Zeppelin » et « Fleetwood » (les noms de code sont largement publics du fait des travaux de la communauté open source sur Open Firmware). Ces deux familles de serveurs sont attendues pour les mois de septembre ou octobre.
Zeppelin devrait logiquement venir remplacer l’actuel serveur rack 4U Power E850, tandis que le couple « FleetWood » (nœud de calcul) et « Mack » (nœud de contrôle) servira de base au renouvellement des actuels grands systèmes SMP Power E870 et E880. Comme son prédécesseur, le E870, le futur E970 devrait associer deux noeuds de calcul quadri-socket « FleetWood » au format 5U via le bus d'interconnexion NUMA d'IBM (historiquement hérité du rachat de Sequent), ainsi qu'un noeud de contrôle 2U « Mack » chargé du pilotage de l'ensemble. Le successeur du E880, appelons-le E980, devrait quant à lui réunir 4 noeuds « FleetWood » et un contrôleur « Mack », le tout éventuellement agrémenté de tiroirs externes PCIe additionnels pour la gestion des entrées/sorties.
Les successeurs des actuels serveurs Power E850, E870 et E880
Les serveurs SMP de Big Blue s’appuieront sur la version « scale-up » du Power9 connue sous le nom de code « Cumulus ». Cette famille de puces Power9 comporte plusieurs différences importantes par rapport aux puces Power9 « Nimbus » utilisées dans les serveurs scale-out du constructeur.
Tout d’abord, une partie des liens à 25 Gbit/s utilisés pour le support de NVLink ou CAPI est captée pour fournir la connectivité SMP entre les nœuds SMP. Ensuite, les Power9 « Scale-up » incluent le support du tampon mémoire « Centaur », déjà utilisé dans les serveurs SMP Power8 et qui permet de démultiplier le nombre de barrettes mémoires dans les serveurs (pour un support théorique de 8 To de mémoire par socket).
Accessoirement, ce support devrait aussi permettre aux entreprises utilisatrices de systèmes Power8 de recycler leurs barrettes mémoires CDIMM DDR4 actuelles dans leurs nouveaux serveurs Power9.
Comme dans les actuels systèmes SMP Power8, chaque nœud SMP Power9 disposera de 4 sockets processeur reliés entre eux sans couture par le bus d’interconnexion X-Bus (256 Go/s de bande passante duplex par processeur). Les nœuds seront quant à eux reliés par un bus cross-connect assurant un maillage complet entre les nœuds du système.
Selon Big Blue, chaque processeur disposera d’une bande passante duplex de 300 Go/s pour communiquer avec les autres nœuds (via 48 liens duplex à 25 Gbit/s) soit une bande passante totale par nœud quadri-socket de 1,2 To/s.
Des performances attendues en forte hausse
Selon les premières indications, cela veut dire que les nouveaux systèmes, une fois prises en comptes les améliorations des CPU, des interconnexions et des I/O, pourraient afficher des performances entre 70 et 80 % supérieures à celles des actuels systèmes Power8.
De quoi permettre à Big Blue de perpétuer sa domination sur le marché des grands serveurs Unix, un marché où ses deux grands concurrents, HPE et Oracle sont plus qu’à la peine et sur lequel Big Blue affiche de sérieuses ambitions.
Comme le note Philippe Hans, « Nous avons fait le choix de continuer à parier sur les machines scale-up, car nous voyons des phénomènes d’agrégation et de performances. Par exemple avec S4Hana, ce type de machine redevient intéressant ». Selon lui, Philippe Hans, la performance d’un système S4/HANA dépend étroitement de la bande passante entre les nœuds serveurs qui le compose. Or, le bénéfice des grands systèmes SMP est qu’ils offrent une bande passante de communication interne que les interconnexions externes ne pourront jamais égaler, permettant ainsi non seulement d’améliorer les performances, mais aussi de maximiser l’efficacité des systèmes.
Gageons qu’IBM multipliera les benchmarks pour prouver la pertinence de ses systèmes lorsque ceux-ci seront officiellement disponibles.