Power9 : IBM aura renouvelé sa gamme de systèmes distribués concurrents des x86 d’ici l’été
Après avoir dévoilé ses premiers systèmes Power9 scale-out à la fin 2017, IBM entend profiter de l'année 2018 pour dévoiler un portefeuille complet de systèmes scale-out et scale-up afin de moderniser son actuelle offre Power 8. Pour Big Blue, 2018 sera l'année du Power9.
Le dernier né des processeurs d’IBM, le Power9, a officiellement fait ses débuts à la fin de l’année 2017 avec l’arrivée du Power9 AC922, un serveur rackable 2U également connu sous le nom de code « Newell » — du nom d’Allan Newell l’un des pères de l’IA à Carneggie Mellon — et dont l’objectif est de répondre aux besoins des hyperscalers, du HPC et des applications de machine learning.
IBM a ensuite dévoilé une seconde vague de machines scale-out en février avec pas moins de six serveurs Power9 mono ou bisocket (nom de code « ZZ »). Tous sont motorisés par la technologie de virtualisation PowerVM et capables d’accueillir selon le modèle les OS IBM i, AIX et Linux.
Les lancements devraient se poursuivre ce printemps avec l’arrivée au second trimestre des machines Power9 « Boston », conçues pour fonctionner directement sous Linux/KVM ou Nutanix Acropolis OS.
Ensuite, à l’automne, IBM s’attaquera au renouvellement de son offre de serveurs Unix haut de gamme avec les machines scale-up NUMA Power9 « Zeppelin » et « Fleetwood » (dont le nœud de contrôle est, surprise, baptisé « Mack »). Visiblement, les noms de groupes de rock des années 60/70 ont inspiré Big Blue pour les noms de code de sa dernière génération de systèmes.
Premiers pas en décembre 2017
Le Power9 a officiellement fait ses débuts commerciaux en décembre 2017 avec l’annonce du serveur AC922, codéveloppé avec la fondation OpenPower. Cette première machine s’appuie sur la version « scale-out » du Power9 (nom de code « Nimbus ») et utilise des puces optimisées pour le nombre de cœurs.
Pour mémoire, IBM propose deux variantes des processeurs Power9, l’une dite scale-out, pour les serveurs mono et bisocket et l’autre dite scale-up, destinée aux futurs grands serveurs SMP sous AIX de la firme.
La variante scale-out est disponible en version SMT4 (4 threads par cœur, avec un grand nombre de cœurs) ou SMT8 (8 threads par cœur, avec un nombre de cœurs réduit). Les cœurs des puces SMT4 sont dits « Split cores » et sont unitairement moins performants que les « Fused Cores » des versions SMT8, dont l’un des objectifs est de répondre aux besoins des applications monolithiques sensibles à la performance individuelle des cœurs.
La variante scale-up du Power9 ne sera quant à elle disponible qu’en mode SMT8, un choix logique, puisque les machines SMP de Big Blue visent un marché d’applications traditionnelles ayant souvent besoin de cœurs en plus petit nombre, mais plus musclés.
Pour revenir au serveur AC922, l’objectif est clairement de délivrer des performances optimales pour les applications de calcul, de machine learning, d’analytique ou d’IA. L’AC922 est d’ailleurs le composant de base des deux des futurs supercalculateurs du département de l’énergie US, CORAL « Summit » (env. 130 PFlops à Oak Ridge) et « Sierra » (125 Pflops à Livermore) et il est aussi utilisé par Google pour ses besoins en matière de machine learning et d’infrastructure.
Pleinement configuré, il peut accueillir 4 accélérateurs NVidia Tesla V100 dans sa version refroidie par air (référence 8335-GTG) et 6 accélérateurs dans sa version à refroidissement liquide (8335-GTW).
Ces accélérateurs sont reliés aux processeurs par le bus NVLInk 2.0 qui permet un débit bidirectionnel de 300 Go/s par CPU contre 32 Go/s pour un attachement PCIe 16x Gen3 traditionnel. Ce recours au bus NVLink 2.0 est l’un des grands avantages de la plate-forme Power sur les machines à base de puces x86 pour les applications de calcul, de machine learning et d’IA.
Notons, et c’est un autre détail important, que l’AC922 est conçu pour fonctionner en mode Little Endian et qu’il est livré avec une sélection de distributions Linux du marché dont Red Hat Entreprise Linux et Ubuntu Linux.
Février 2018 : de premières machines scale-out pour les entreprises
Après ce premier lancement, IBM a poursuivi les festivités en février en dévoilant 6 machines scale-out répondant au doux nom de code « ZZ », les S914, S922, S924, H922, H924 et L922). Disponibles depuis le 20 mars, ces six serveurs mono et bisocket se présentent sous la forme de serveurs rackables au format 2U et 4U.
Alors que l’AC922 est conçue pour fonctionner nativement sous Linux, les six systèmes dévoilés en février sont préconfigurés avec l’hyperviseur PowerVM d’IBM et peuvent, selon les modèles, accueillir des workloads sous AIX, IBM i et Linux. Deux des serveurs « ZZ » se destinent en particulier au marché des appliances SAP HANA (voir à ce propos notre article détaillé sur les machines « ZZ »).
Des machines optimisées pour Linux/KVM et Nutanix attendues pour le printemps
La prochaine étape de l’offensive Power9 de Bie Blue devrait être le lancement ce printemps, sans doute en mai des serveurs Power9 « Boston ». Contrairement aux machines de la série ZZ, ces serveurs seront optimisés pour démarrer nativement sous Linux et KVM et disposeront donc d’un firmware adapté. Avec ces machines, Big Blue vise notamment le marché des entreprises.
« Nous avons des clients qui ont fait un choix stratégique Linux et qui ont compris que l’OS n’est pas lié à la plate-forme x86. Ils comprennent qu’une architecture processeur différente peu leur apporter des bénéfices sans mettre en péril la façon dont ils administrent leurs systèmes » explique ainsi Philippe Hans, le chef de produits serveurs Power d’IBM France.
Il souligne également que le fait que les systèmes Linux Power9 opèrent en mode « little endian » facilite grandement l’adoption de ces machines et permet d’être écoutés par des clients sur des projets d’envergure. La performance des machines Power9 permettrait en effet de diminuer de façon conséquente la tailles des clusters Linux par consolidation.
Avec ces machines, IBM vise notamment des applications comme les clusters Hadoop/Spark, le marché des bases de données open source (comme Cassandra, MongoDB et PostgreSql), ainsi que les applications de machine learning en entreprise.
Et selon Philippe Hans, Big Blue affiche de plus l’ambition d’être compétitif en matière de prix avec les machines Xeon d’Intel. Et dans les faits, un serveur Power9 sous Linux est affiché à un prix similaire à celui d’un serveur Xeon Platinum aux caractéristiques équivalentes.
Notons que les machines « Boston » serviront également de support à une offre Nutanix modernisée chez Big Blue. Depuis la fin 2017, IBM et Nutanix commercialisent en effet une offre hyperconvergée Power faisant fonctionner l’hyperviseur AHV de Nutanix (dérivé de KVM). Cette offre fonctionne pour l’instant sur les machines Power8 CS821 et CS822. Dès le lancement des serveurs « Boston », elle devrait être déclinée en version Power9. Il est probable qu’IBM en fera d’ailleurs la démonstration lors de Nutanix .Next 2018, au début du mois de mai à la Nouvelle Orléans.
(Pour plus d’informations sur les grands serveurs SMP Power9 attendus à la rentrée 2018, consultez la seconde partie de cet article)