Cloudian rachète Infinity Storage pour mixer fichiers et objets
En dotant sa solution de stockage massif d’un accès NAS, Cloudian s’ouvre aux marchés de l’IoT, de la vidéosurveillance et des sauvegardes Veeam.
L’américain Cloudian, qui édite une solution de stockage objet, a racheté l’italien Infinity Storage, qui propose de regrouper tous les stockages derrière un accès NAS.
« Le marché numéro un de Cloudian, en France et ailleurs, est celui du stockage massif de sauvegardes. Nous voyons cependant de plus en plus arriver des projets applicatifs qui tirent parti du stockage de données en grande quantité », commente Eric Peters, le responsable régional des ventes pour la France, à la tête de la filiale locale créée en février dernier. « Or, il faudra encore attendre quelques années pour qu’elles utilisent directement le stockage objet. L’acquisition d’Infinity Storage nous permet d’être compatibles dès aujourd’hui avec tous les projets qui reposent encore sur des fichiers ».
Les deux entreprises travaillaient déjà ensemble depuis l’année dernière pour concevoir Hyperfile, une solution d’accès au stockage objet de Cloudian depuis les protocoles CIFS et NFS lancée en décembre dernier.
Ce rachat survient quelques jours seulement après que Cloudian a réussi une nouvelle levée de fonds de 125 millions de dollars.
Exister dès aujourd’hui sur le marché de l’IoT, enjeu majeur pour Cloudian
Pour Michaël Tso, le PDG de Cloudian, ce rachat s’inscrit surtout dans l’effervescence de l’IoT.
« De grands industriels nous ont approchés pour stocker les logs, les relevés de leurs chaînes de montage, de leurs moteurs, y compris de moteurs d’avion, à des fins de traitements par l’Intelligence artificielle. Mais ces relevés sont des fichiers et, jusqu’à présent, nous devions passer par des partenaires pour à la fois ingérer les données et les mettre à disposition de leurs applications. Avec la passerelle d’Infinity Storage (Infinity Data Director, ndr), nous pouvons proposer une solution globale », confie-t-il au MagIT.
Les opportunités de marché offertes par cette acquisition seraient surtout à chercher du côté de la vidéo surveillance. D’une part parce que les caméras sont parmi les objets connectés qui produisent les plus gros volumes de données. D’autre parce que Cloudian commence à se faire un nom dans ce domaine, après avoir remporté quelques projets, dont un qui consiste à analyser les vidéos d’un trafic autoroutier pour afficher les campagnes les plus pertinentes sur des panneaux publicitaires.
« Le marché de la vidéo est énorme pour un acteur de stockage massif tel que nous. Ne serait-ce que parce que les entreprises passent aujourd’hui aux caméras 4K qui enregistrent des images seize fois plus lourdes. Mais la plupart des systèmes en production stockent des fichiers. Avec Infinity Storage nous avons non seulement la capacité de nous interfacer directement avec ces systèmes, mais nous bénéficions aussi de tout le savoir-faire en matière d’archivage de données réglementaires, qui fut l’une des activités historiques d’Infinity Storage en Italie », ajoute Michaël Tso.
Les fichiers pour stocker enfin les sauvegardes réalisées par Veeam
Pour Lionel Ferreira, consultant systèmes & stockage au sein de la SSII Md6 Consulting, le mariage entre Cloudian et Infinity Storage va d’abord faire tomber les dernières barrières qui subsistaient entre la sauvegarde et le stockage objet.
« Nous avons mis en place une solution de stockage Cloudian d’une petite centaine de To sur la base d’une appliance Lenovo, afin de proposer à nos clients d’héberger leurs sauvegardes. Mais l’un des problèmes auxquels nous avons été confrontés est que ces clients sauvegardent leurs machines virtuelles avec Veeam, lequel est dépourvu de connecteurs vers le stockage objet de Cloudian. L’arrivée d’Infinity Storage résout cette question en donnant à Veeam l’accès fichiers qui lui convient », explique-t-il.
Il reconnaît que des alternatives existaient déjà, mais il assure que la solution proposée aujourd’hui par Cloudian est de loin la plus simple. « Nous étions partis il y a deux ans sur l’idée de déployer OpenStack pour ce service, en confiant notamment le stockage au module Swift. Mais la complexité de la solution et l’absence de support nous a découragés », raconte Lionel Ferreira.
Pour lui, pas question non plus de passer par des grands acteurs du stockage objet, comme EMC ou Scality.
« Le problème de ces acteurs, c’est qu’ils n’ont pas de solution pour commencer avec de petits volumes. Nous sommes une petite entreprise basée à Strasbourg, nous démarrons cette activité de stockage des sauvegardes et nous n’avons aucune idée de son succès. Dans ces conditions, Cloudian est le seul qui nous permette de démarrer modestement avec la possibilité d’accroître à volonté notre capacité au fur et à mesure que nous remplirons notre carnet de commande ».