Nutanix poursuit sa croissance à un rythme soutenu (et rachète l'Indien Minjar)
Au 2e trimestre fiscal 2018, le CA de Nutanix a bondi de 44 % et sa rentabilité a continué à s’améliorer. Répondant aux questions du MagIT, son CEO, Dheeraj Pandey, s’est félicité du succès de l’approche plate-forme de Nutanix et a commenté le rachat de l’indien Minjar. Ses technologies seront utilisées pour accélérer la stratégie multicloud de la firme.
Le pionnier de l’hyperconvergence a terminé son dernier trimestre fiscal (le second de son exercice 2018) avec un chiffre d’affaires de 286,7 millions de dollars, en hausse de 44 %. Cette progression aurait pu être encore plus forte si la firme n’avait pas pris la décision de se désengager progressivement de la vente de ses propres appliances au profit de ventes purement logicielles.
Sans ce choix, le chiffre d’affaires aurait légèrement franchi la barre des 300 M$, en hausse de 50 %, au prix toutefois d’une marge inférieure. Notons que ce « désengagement » des appliances ne signifie pas que Nutanix ne livre plus d’appliances préintégrées à ses clients : cette intégration est désormais réalisée par les distributeurs et intégrateurs de la firme à la demande des entreprises.
Sans surprise, le résultat net de l’éditeur est toujours dans le rouge à -62,6 M$ sur le trimestre. Mais il a été réduit de près de 14 M$ sur un an. Près des deux tiers de cette perte s’expliquent par l’obligation faite aux sociétés américaines de valoriser leurs distributions d’action et de stock option dans leurs comptes (près de 42 M$ sur le trois mois de l’exercice écoulé).
L’excellente nouvelle est que l’excédent de trésorerie opérationnelle a fortement progressé pour s’établir à 46 M$ sur le trimestre, contre 20 M$ au trimestre précédent. L’excédent brut d’exploitation (ou Free Cash Flow) a, quant à lui, atteint 32 M$.
Si l’on inclut la récente émission d’obligations convertibles de la firme, Nutanix dispose désormais de 918 M$ en trésorerie et placements à court terme. Clairement la société a encore quelques progrès à faire en matière de rentabilité, mais le financement de son activité n’est désormais plus un souci.
Un autre point intéressant dans les résultats du trimestre est le bond des facturations, qui ont progressé de 57 % sur un an, de même que celui des produits constatés d’avance (« deferred revenue ») dont le montant s’élève désormais à 478 M$ (contre 304 M$, il y a un an). Nutanix a aussi séduit plus de 1050 nouveaux clients portant sa base installée à 8870 entreprises. 642 d’entre elles font partie du classement global Fortune 2000, un chiffre qui confirme l’implantation grandissante de la technologie de la firme chez les grands comptes.
Le CEO de Nutanix souligne le succès de la stratégie plate-forme de l’éditeur
Répondant en exclusivité aux questions du MagIT, le CEO de Nutanix, Dheeraj Pandey, a indiqué que le trimestre écoulé avait prouvé que la stratégie de la firme visant à découpler ses ventes de logiciels de ses propres appliances matérielles portait ses fruits.
« Nous avons signé plusieurs contrats d’importance dans lesquels le matériel est vendu séparèment du logiciel. Ce succès est en parti lié au fait que nous avons veillé à ce que l’expérience utilisateur ne change pas pour nos clients ».
Par exemple, les ventes de logiciels Nutanix pour la plate-forme matérielle de Cisco ont bondi de 40 % sur le trimestre avec deux contrats emblématiques de 2,5 M$ et 1,5 M$. Un autre client a signé un contrat de 6 M$ en licences logicielles pour déployer la plate-forme de Nutanix sur des serveurs Dell et HPE.
Dheeraj Pandey a également souligné le succès de l’éditeur en Europe, une région qui représente désormais 18 % de ses ventes. Il a souligné que la firme y avait encore des marges de progrès notamment en Allemagne, où la société a récemment remplacé son directeur général.
Par rapport à ses concurrents, Pandey estime que Nutanix a l’avantage de disposer avec Prism de la seule couche d’administration multi-hyperviseur du marché. Et il entend étendre cet avantage au cloud : « Il y a un vrai enjeu à proposer un plan de contrôle évolutif, simple et élégant pour le multicloud ». C’est ce sur quoi travaille la firme dans le cadre du développement de sa couche Nutanix Xi et de son logiciel Calm.
Rachat de Minjar : Accélérer la mutation vers le multicloud
Afin d’accélérer ces travaux et d’enrichir son offre, Nutanix a annoncé le rachat de l’éditeur indien Minjar, basé à Bangalore. Minjar a développé Botmetrix, une plate-forme d’administration de cloud incluant des outils d’automatisation (cloud ops, gestion et remédiation d’incidents, etc.), d’analyse de coûts (gestion de budget, analyse et reporting des coûts, optimisation et refacturation) et de gouvernance (conformité aux règles de sécurité, analyse des vulnérabilités, conformité aux politiques de reprise après sinistre, etc.) pour le cloud Amazon AWS.
Selon Pandey, Nutanix entend étendre les technologies de Minjar à sa propre plate-forme et à d’autres clouds : « Le modèle objet de Minjar est extensible à de multiples clouds et notre investissement R&D va leur permettre de bâtir un plan de contrôle distribué multicloud », explique-t-il.
Il n’est toutefois pas question d’intégrer Minjar à la va-vite. Nutanix entend prendre son temps, comme il l’a fait avec Calm (dont l’intégration initiale a pris près de dix-huit mois et dont le développement se poursuit).
« Nous n’avons pas d’appétit pour les gains à court terme. Nous avons un biais favorable aux gains à long terme. Notre rachat de Minjar s’inscrit dans cette stratégie. Nous allons continuer à vendre le produit en l’état et prendre notre temps pour l’adapter à notre plate-forme », nous a indiqué Dheeraj Pandey.
« Ses fonctions de reporting ne sont pas le principal atout de Minjar. Il est possible de relier les informations collectées par l’outil à un moteur de politiques pour prendre des décisions intelligentes [par exemple pour positionner des applications sur les ressources les plus appropriées ou les moins coûteuses dans un environnement multicloud, N.D.L.R.]. L’outil présente aussi un intérêt à des fins de conformité ».
Après le rachat de Calm, Minjar est la seconde acquisition de Nutanix en Inde. Nous avons interrogé Dheeraj Pandey pour connaître les raisons de l’intérêt de l’éditeur pour ce marché. Selon lui, l’Inde présente l’intérêt d’être un pays où le mode SaaS s’est imposé. « C’est un marché ouvert et les développeurs y réfléchissent aux choses importantes en matière d’automatisation de processus. On y trouve également un pool indéniable de talents ». Le coût du rachat de Minjar n’a pas été précisé.