Hewlett Packard Enterprise
Résultats : c’est Noël après l’heure chez HPE
Le numéro deux mondial des solutions d’infrastructure a vu son chiffre d’affaires progresser fortement au cours de son dernier trimestre clos le 31 janvier 2018 grace à une solide performance du stockage et des serveurs. Mais HPE continue à opérer à des marges très faibles.
HPE a terminé son dernier trimestre fiscal en fanfare, avec un chiffre d’affaires de 7,67 milliards de dollars, en forte hausse (+ 11,2 %), et un bénéfice net de 1,5 milliard de dollars, en augmentation de 490 % sur un an. Ce dernier chiffre est toutefois lié à un crédit fiscal massif de 2,1 milliards, sans lequel HPE aurait affiché une perte nette.
Dans la pratique, la performance d’HPE s’explique en partie par une base de comparaison favorable, mais aussi par le dynamisme des ventes de systèmes d’infrastructure de la firme.
La croissance a ainsi été tirée par le redressement des ventes de serveurs à 3,49 Md$ (+ 11 % sur un an), par la forte augmentation des ventes de stockage à 948 M$ (+24 %) et par la bonne tenue des livraisons d’équipements pour réseaux de datacenters (+ 27 %). Ce dernier segment ne représente toutefois qu’une part marginale dans le chiffre d’affaires de la firme (62 M$), du fait de la cession à H3C de ses actifs réseau historiques hérités du rachat de 3Com.
PointNext, l’activité services associée aux produits d’infrastructure HPE a quant à elle vu son revenu progresser plus modestement, de 2 % sur un an.
Regroupées au sein de la nouvelle entité Hybrid IT, ces activités ont représenté un CA de 6,3 Md$ sur l’ensemble du trimestre, soit une hausse de 10 % sur un an.
Une autre bonne nouvelle pour HPE est le dynamisme de son offre de réseau de bordure Aruba (réseau campus et réseau Wi-Fi). Selon la firme, les ventes d’équipements Aruba ont progressé de 9 % sur le trimestre tandis que les services associés croissaient de 6 %.
Les dirigeants d’HPE notent toutefois que la performance globale du premier trimestre est à modérer, car la base de comparaison était très favorable, le 1er trimestre fiscal 2017 ayant été très faible.
Fort rebond de l’activité stockage, toujours tirée par Nimble
Selon HPE, ses ventes de solutions de stockage ont rebondi au dernier trimestre grâce à la bonne santé de Nimble Storage et à l’amélioration des ventes de systèmes 3Par StoreServ en Amérique du Nord. Simplivity a également connu un beau succès.
HPE a toutefois souligné qu’une partie de la performance de son activité stockage provenait du traitement d’arriérés de commandes qui n’avaient pu être traités lors du trimestre précédent et que le succès du trimestre ne serait sans doute pas répétable dans les mois à venir.
Au niveau mondial, les livraisons de baies « historiques » d’HPE — incluant 3Par StoreServ, MSA et XP7 — ont progressé de 11 % sur un an. Mais, l’essentiel de la croissance stockage d’HPE est venu du dynamisme de l’offre Nimble Storage.
Les ventes des architectures hyperconvergées Simplivity, quoiqu’encore modestes, ont quant à elles bondi de 200 % sur un an. Il s’agit d’une très belle performance, puisque l’offre de serveurs Simplivity reste pour l’instant limitée à un unique modèle de serveur Proliant. La croissance pourrait donc encore s’accélérer une fois qu’HPE aura étendu son portefeuille, une extension attendue pour le courant 2018.
Côté bémol, la progression des revenus 100 % Flash de la firme est restée modeste par rapport à celle de ses grands concurrents comme NetApp ou Pure Storage. Selon HPE, ses livraisons de systèmes 100 % flash n’ont progressé que de 16 % sur le trimestre contre 50 % pour NetApp. Il est toutefois possible que ce chiffre modeste s’explique par un accent plus fort mis sur les systèmes hybrides.
En France, 3Par reste le moteur du stockage pour HPE
Comme nous l’a expliqué l’équipe stockage d’HPE en France à la fin du mois de décembre, le prisme d’analyse dans l’hexagone reste différent de celui utilisé par HPE au niveau mondial.
Tout d’abord parce que contrairement aux USA, Nimble Storage n’avait qu’une base installée négligeable en France et que malgré la croissance des ventes il faudra encore quelques trimestres avant que les baies Nimble ne représentent une part significative des ventes du constructeur.
Ensuite, parce que les ventes de 3Par sont historiquement dynamiques en France. Leur succès a ainsi permis au constructeur de continuer à gagner du terrain sur son principal rival Dell EMC tout au long de l’année 2017 pour finir au second rang sur le marché français et au 4e rang du marché du stockage Flash.
Traditionnellement, HPE ne décompose pas ses ventes par pays, il faudra donc attendre les prochains chiffres IDC pour la France, afin de savoir si le constructeur a réalisé la même performance au dernier trimestre que celle observée au niveau mondial. Seule certitude, la firme a connu un excellent trimestre global en Europe avec une hausse de 15 % de ses revenus (contre 6 % aux US et 3 % dans le reste du continent américain et 20 % dans la zone Asie).
HPE doit reconstituer des marges dégradées
Malgré la forte hausse de son bénéfice net, lié à un crédit d’impôt, HPE n’en a sans doute pas fini avec les restructurations, car sa rentabilité reste clairement dégradée.
Toujours affectée par le coût des composants (mémoire, SSD, etc.), la marge opérationnelle de l’activité Hybrid IT (or éléments exceptionnels) dépasse péniblement la barre des 9,6 % (en recul de 3,1 points) et encore une large partie de cette marge provient des services PointNext. Côté Aruba, la marge opérationnelle est à peine de 2,9 % (en hausse de 0,1 point).
Bref, les activités matérielles du constructeur contribuent sans doute de façon négative au résultat net de la firme. Notons enfin, que le flux de trésorerie disponible sur le trimestre s’établit à -412 M$.
Les employés d’HPE n’en ont donc vraisemblablement pas fini avec les « réorganisations ». D’ailleurs, Antonio Neri a indiqué dans sa conférence avec les analystes qu’HPE veillerait à maintenir une discipline financière stricte et à adapter « ses enveloppes de coûts » à chaque activité, ainsi que la productivité par employé…