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Qualcomm livre des puces 5G pour remplacer la fibre et les réseaux privés
Le SnapDragon X50 de Qualcomm permettra de construire des modems très haut débit par voies aériennes, mais aussi d’équiper des points d’accès sans fil privés et plus précis que le Wifi.
Comme la fibre, mais sans fil. Qualcomm, le principal concepteur de puces modems pour les mobiles et les bornes d’accès, a dévoilé mi-février ses nouveaux modèles SnapDragon X24 et X50 censés apporter le haut débit aux entreprises et même du réseau privé aux industriels sans passer par une connexion câblée.
« Le X50 démocratisera la nouvelle norme 5G. Il offre des débits si rapides et avec si peu de latence que ses applications iront de l’accès Internet Gigabit en zones de bureaux non couvertes par la fibre, jusqu’au transport des données des objets connectés industriels les plus critiques », lance Dino Flore, en charge des technologies pour la zone EMEA chez Qualcomm, lors d’une rencontre avec LeMagIT organisée au siège social du fondeur, à San Diego.
Plus de 1 Gbits/s sur mobile en 2020
Si le X50 est théoriquement capable d’atteindre des débits de 4,5 Gbits/s, les tests de Qualcomm effectuées à San Francisco et à Francfort montrent que des prototypes d’antennes et de mobiles équipés de cette puce parviennent à véhiculer en zone dense plus de 1 Gbits/s pour un peu plus de 50% des utilisateur et, en zone moyennement couverte, 460 Mbits/s là où la 4G stagne à 70 Mbits/s.
Livré dans le courant de cette année aux équipes de recherche des fabricants de mobiles et de points d’accès à Internet aériens, le SnapDragon X50 ne sera produit en quantité qu’à partir de 2019, pour une démocratisation des équipements 5G à partir de 2020.
D’ici là, Qualcomm fournit dès à présent aux fabricants une nouvelle puce modem 4G, le SnapDragon X24. Elle agrégera jusqu’à 7 ondes radio porteuses, ce qui permettra d’atteindre le débit théorique maximal de 2 Gbits/s. À titre comparatif, c’est deux fois mieux que le SnapDragon x16 qui équipe les derniers iPhone X d’Apple, lesquels peuvent agréger 4 ondes radio porteuses. Selon les tests, le débit moyen réellement observé est dans tous les cas 5 fois inférieur.
La 5G en lice pour devenir le prochain réseau de l’IoT industrielle
Mais au-delà d’une nouvelle génération de mobiles, l’ambition nouvelle de Qualcomm est d’équiper en 5G les objets connectés industriels, véhicules compris. Ce seul marché représenterait, selon Cristiano Amon, le Président de Qualcomm, 66 milliards de dollars de CA en plus en 2020, au moment de la démocratisation de la 5G. Et, près de 12 000 milliards de dollars d’ici à 2035.
« Les besoins des entreprises et des industriels explosent en matière d’objets connectés. D’ici peu, il faudra aller au-delà des instruments reliés par un câble Ethernet physique, mais également au-delà du Wifi qui, bien qu’il continue d’évoluer en vitesse, ne permettra pas d’obtenir un signal aussi précis que le fait la 5G. Avec la 5G, il sera possible de communiquer, avec un dispositif qui se déplace de l’intérieur à l’extérieur d’un bâtiment, sans interruption et avec une réactivité en millisecondes essentielles pour les applications en temps réel », commente Durga Malladi, le grand patron de l’engineering chez Qualcomm.
Preuve à l’appui, Qualcomm a fait la démonstration dans ses ateliers de capteurs industriels qui communiquaient aussi rapidement en 5G avec le serveur en charge de leurs relevés que s’ils y étaient connectés par de classiques câbles Ethernet Gigabit.
Parmi les dispositifs industriels qui tireraient parti de la 5G, Durga Malladi cite le déploiement des drones de surveillance et autres sondes directement appliquées sur les ailes d’un moteur ou d’une éolienne.
Problème, pour fonctionner en 5G, les objets connectés devront être équipés de puces modems à très basse consommation, pour fonctionner très longtemps sans recharge. Or, ces puces ne devraient pas être mises au point avant 2020, si ce n’est avant 2021, soit une commercialisation vers 2023 dans le meilleur des cas.
En attendant, Qualcomm propose de construire des objets connectés sur la base du chipset MDM9206 LTE IoT, qui fonctionne sur les réseaux 4G publics à la vitesse est de 1 Mbit/s avec une latence de 10 ms. Fait notable, ce chipset, qui intègre un ARM Cortex A7 à 1,3 GHz, s’accompagne d’un SDK qui permet de configurer automatiquement les dispositifs depuis un service Cloud, à la manière des points d’accès Wifi Meraki de Cisco.
Des réseaux 5G privés pour les applications critiques et l’automobile
Surtout, Qualcomm imagine décliner la 5G en réseaux aussi privés que le Wifi pour les applications industrielles dans lesquelles il n’est pas envisageable d’envoyer des relevés sur des antennes publiques. Alors que le réseau mobile 5G public fonctionnera en Europe sur les bandes de fréquences de 700 MHz, de 3,46 à 3,8 GHz et de 26 GHz, les réseaux 5G privés fonctionneraient sur les bandes de fréquences de 5,9 à 6,4 GHz. Pour fonctionner, ces réseaux disposeront de leurs propres jeux d’antennes.
Outre les dispositifs critiques des industriels, ce sont les automobiles qui pourraient utiliser cette 5G privée pour communiquer de véhicule à véhicule, voire de véhicule à infrastructure urbaine (feux de signalisations, etc), sans même disposer de carte SIM.
En attendant la disponibilité d’une puce modem 5G pour les voitures, Qualcomm proposera d’ici à la rentrée prochaine le chipset C-V2X 9150, lui aussi encore en 4G mais conçu pour communiquer sur les réseaux publics des opérateurs afin que le véhicule envoie ses relevés. Il permet aussi d’exploiter la fréquence radio de 5,9 GHz pour les communications de pair à pair.
Selon Qualcomm, ce C-V2X 9150 sera compatible avec ses évolutions futures en 5G.