Etude LeMagIT : le SaaS peine encore à séduire les entreprises françaises
L'édition 2018 de l'étude TechTarget sur les priorités des investissements IT montre que le CRM et le « best of breed » sont au cœur des stratégies des groupes nationaux. Le SaaS ne triomphe pas, mais les essais d’hybridation montrent une évolution des mentalités.
L’année 2018 devrait être marquée par une situation très contrastée dans le logiciel. Selon une étude TechTarget, propriétaire du MagIT, 53% des entreprises françaises sondées affirment qu’elles vont réduire leurs investissements dans les solutions métiers, quand 30% disent qu’au contraire elles vont les augmenter.
Il faut comprendre ce tassement comme un signe de transition, puisque dès qu’on parle de services cloud » au sens large, plus aucun professionnel ne parle de réduire les budgets. Même si la raz de marée annoncé par les éditeurs n’est visiblement pas encore là.
L’AI titille les entreprises françaises
Le CRM reste un chantier prioritaire, loin devant les outils de collaboration (VoIP, bureautique, IM, etc.) et le SIRH, vague montante du SaaS (Workday, CornerStone, Talentsoft, etc.).
La mobilité est également – et encore - au cœur de cette transition. Cette année, et a priori pour les 3 ans à venir, la mise en conformité (RGPD) devrait également tirer les investissements, comme le soulignait récemment Syntec Numérique.
L’automatisation des processus et l’AI commencent pour leur part à être des sujets clefs des projets applicatifs (respectivement pour 21% et 18% des entreprises). Ce qui est moins le cas pour le pourtant médiatique IoT (13%). Et encore moins pour la encore plus médiatique Blockchain (5%).
Sous le capot, les entreprises françaises continuent à se convertir, doucement mais surement, à l’APIfication, aux méthodes agiles et à DevOps. A l’opposé, le NoCode/LowCode semble être encore quasiment inconnu.
CRM Superstar
S’il faut retenir un fait marquant de l’étude, c’est celui-ci : c’est bien le CRM qui structure aujourd’hui l’approche progicielle, devant l’ERP – donnant au passage raison à Alexandre Dayon de Salesforce.
De là à dire que l’ERP est mort, il y a un pas qu’il ne faut pas franchir. Les forts intérêts pour des composants de l’ERP (finance, HCM, Supply Chain Management, etc.) montrent que l’approche « best of breed » par composants interconnectés (API) gagne du terrain. L’investissement dans l’ERP est donc toujours là, mais sous une autre forme.
Du côté du SaaS, il n’y a plus débat : le CRM est désormais bien implanté dans le Cloud. Mais - et c’est peut-être là la surprise si l’on s’en tient au discours marketing des éditeurs - un projet sur deux de gestion des relations commerciales se fera sur site en 2018 !
SaaS : les français encore frileux…
En général, et l’étude le confirme, les entreprises françaises se montrent encore très réticentes face au SaaS. Elles sont par exemple à peine 20% à envisager véritablement un ERP Cloud à court terme, et 10% envisage cette option hébergée pour un HCM.
Vue de manière positive, on pourra dire que plus d’une entreprise sur cinq envisage désormais le cloud pour son ERP. Mais ces chiffres modérés montrent que la traction vers le 100% SaaS est surtout la volonté des éditeurs (Infor vise les 40% d’ERP Cloud en France en 2018, Oracle France affirme pour sa part vendre 90% de SaaS).
Il faut néanmoins nuancer le constat. Car les intentions de déploiements montrent une réelle volonté de tester, doucement mais surement, de nouvelles méthodes.
… mais désireux de simplification
Certes, la plus grosse partie des déploiements logiciels prévus pour 2018 se feront encore sur site. Mais plus d’un tiers des entreprises françaises envisagent au moins un projet directement dans le SaaS (tout domaine confondu).
Un chiffre que certains trouveront modéré mais auquel il faut ajouter le PaaS (30%), le IaaS (10%) et même le Cloud Hybride (32%).
La volonté de simplifier l’infrastructure sous-jacente des applications (même si le cloud hybride et le multi-cloud introduisent leur propre complexité) se voit dans un dernier chiffre : 29% des sociétés françaises envisagent au moins un projet de déploiement logiciel directement via une appliance.