Dell EMC dévoile trois serveurs motorisés par des puces AMD EPYC
Alors qu'Intel est affaibli par l'impact des failles Meltdown et Spectre, Dell EMC dévoile trois nouveaux serveurs motorisés par les puces EPYC d'AMD. Avec ces machines, Dell EMC met en avant la performance de l'offre AMD mais aussi son rapport performances/prix, surtout pour les modèles mono-socket.
Dell EMC a officialisé aujourd’hui la disponibilité de trois serveurs PowerEdge motorisés par des processeurs EPYC, la dernière génération de puces conçue par AMD pour défier l’hégémonie d’Intel sur le marché des serveurs. L'arrivée de ces machines n'est pas une surprise, même si elle arrive avec un ou deux mois de retard sur l'agendu initialement prévu par le constructeur, qui avait fait par de son intention de les lancer avant la fin de l'année 2017, lors de la présentation des premiers PowerEdge 14G.
L’adoption relativement précoce des processeurs EPYC par Dell EMC est importante, car le constructeur s’est historiquement tenu à l’écart de toute aventure avec le fondeur californien. Lorsqu’AMD avait dévoilé ses Opteron en 2003, il avait fallu attendre près de 4 ans pour voir Dell se lancer, bien après ses principaux rivaux comme Sun Microsystems, IBM ou HPE. Et encore ne l’avait-il fait au départ qu’avec un modèle haut de gamme pour répondre aux besoins du segment des serveurs quadrisocket.
Cette fois-ci, Dell EMC fait presque figure de précurseur avec une gamme forte de trois modèles, contre deux seulement pour HPE, qui a dévoilé ses premiers serveurs à base de puces EPYC à la fin 2017.
Jean-Sébastien Volte, le responsable de l’offre serveur et réseaux de Dell EMC en France confirme prudemment les ambitions du constructeur: « Nous avons été très longtemps exclusif Intel et nous avons réouvert la porte à l’offre AMD lors du lancement des puces EPYC. Lorsqu’ils nous ont présenté ces processeurs, nous avons été plutôt séduits par deux aspects, la performance pure [avec le grand nombre de cœurs, le support de 2 To de mémoire par socket et le fait de disposer de 128 lignes PCI par système] et le rapport performance/prix ».
Ashley Gorakhpurwala, le patron mondial des serveurs de Dell EMC, a moins de retenue : dans un billet de blog intitulé « Quand le besoin de changement trouve sa réponse : les serveurs PowerEdge à base de processeurs EPYC sont arrivés », il explique qu’un serveur moderne doit être performant évolutif et offrir un rapport performance/prix compétitif et que c’est exactement ce que permet de délivrer AMD.
Une configuration bi-socket optimisée pour la performance
Pour ce qui est des performances, Dell EMC a dévoilé le PowerEdge R7425, une déclinaison AMD du serveur 2U PowerEdge R740, équipée de deux puces EPYC. Cette machine offre jusqu’à 64 cœurs CPU associés à 32 emplacements pour barrettes DIMM DDR4, pour un total de 4 To de RAM.
Côté Entrées/Sorties, le système dispose de 128 lignes PCI express réparties de la façon suivante : 48 lignes sont assignées via deux commutateurs PCIe aux 24 emplacements disques en position frontale pour la connexion de 24 SSD NVMe. Le solde est utilisé pour la connectique interne et pour desservir les multiples emplacements pour cartes PCIe du système [Notons à ce propos que dans une configuration à 24 SSD NVMe, il est aussi possible de supporter 3 GPU haute performance consommant jusqu’à 300W].
Avec cette machine, Dell EMC vise des marchés tels que ceux du calcul numérique, du machine learning, de la virtualisation ou de la virtualisation de postes de travail. Il cible aussi celui des appliances de stockage (VSAN ou ScaleIO). Dell EMC met notamment en avant les résultats de la machine lors d’un benchmark réalisé avec ANSYS Fluent qui se sont montrés 25% supérieurs à ceux d’un serveur Dell EMC à base de puces Intel configuré de façon similaire.
Des machines mono-socket offrant un rapport performance/prix très séduisant
Dell EMC a aussi fait le pari d’utiliser les puces EPYC pour proposer de nouveaux systèmes monosocket avec un rapport performance/prix agressif. La première machine est le R7415, une déclinaison avec un socket unique du 7425 et la seconde est le R6415, un serveur 1U. Ces deux serveurs monosocket peuvent supporter jusqu’à 2 To de mémoire vive et disposent des mêmes 128 lignes PCIe que le R7425.
Ces configurations sont bien adaptées pour des logiciels facturés au socket processeur et sont conçues pour permettre aux clients d’optimiser leurs dépenses en matière de licences logiciel. Ils visent notamment le marché des PME, des sites distants, ainsi que celui des systèmes de bordure. La compétitivité de ces systèmes est renforcée par la politique tarifaire d’AMD qui est favorable aux configurations monoprocesseurs. Selon Jean-Sébastien Volte, la différence tarifaire avec un système Intel équivalent serait de l’ordre de 25 % pour un système typique et d’environ 20 % pour un VSAN Ready Node, un écart sensible qui pourrait attirer de nombreux clients.
Surtout, le lancement de ces systèmes intervient alors qu’Intel est fragilisé par la faille Meltdown, un défaut de conception dont le correctif a un impact sensible sur la performance de l’ensemble des puces Intel, et par la faille Spectre, dont Intel a pour l’instant assez mal géré la résolution. L’occasion pour AMD de rappeler discrètement aux entreprises que son adversaire n’est pas invulnérable et qu’il peut y avoir des mérites à disposer d’une seconde source d’approvisionnement pour ses serveurs x86…