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CoreOS racheté par Red Hat : l’écosystème Kubernetes se consolide
CoreOS se vend pour 250 millions de dollars à Red Hat qui récupère une expertise dans l’exploitation de Kubernetes pour les entreprises et un cadre de la communauté Open Source des containers.
Restructuration du marché des containers. CoreOS, l’un des pionniers du monde des micro-distributions Linux pour containers, a décidé que le timing était le bon pour chercher un repreneur. La société née en 2013 a annoncé aujourd’hui son rachat par Red Hat, pour un montant estimé à 250 millions de dollars.
CoreOS est d’abord connue pour avoir développé une distribution Linux allégée, optimisée pour les containers. Cet OS vise à proposer un environnement poids plume, qui ne renferme que les composants nécessaires à l’hébergement de containers Linux. L’OS minimaliste de CoreOS, devenu depuis Container Linux, se range ainsi aux côtés d’autres comme RancherOS, DCOS de MesoSphere, Ubuntu Core ou encore Photon de VMware et…le projet Atomic de Red Hat. Ce dernier permet de choisir une distribution CentOS, Fedora ou RHEL comme support de base à l’OS. Red Hat commercialise une offre Red Hat Enterprise Linux Atomic Host, bâtie, elle, sur RHEL 7.
CoreOS a également développé plusieurs autres composants Open Source qui sont peu à peu devenus essentiels aux écosystèmes de containers. Citons par exemple le datastore distribué clé / valeur Etcd qui stocke les données de gestion des clusters Kubernetes. CoreOS a également contribué à la fondation CNCF son propre runtime de container, rkt (développé en réaction à celui de Docker – également hébergée par la CNCF). Celui-ci sert d’ailleurs de base au format de container standard OCI (Open Container Initiative). Enfin, CoreOS dispose également à son catalogue d’un service de registre de containers pour les entreprises nommée Quay.
Red Hat et CoreOS sont évidemment loin d’être des inconnus. Ils collaborent au sein de différentes communautés Open Source, notamment de Cloud Native Computing Foundation (CNCF), et surtout au sein de l’orchestrateur Kubernetes, sur lequel ils ont tous deux misé. Pour Red Hat, c’est d’ailleurs cette spécialité de CoreOS qui est mise en avant. La firme au chapeau rouge considère comme complémentaires les travaux de la jeune société et notamment avec son grand projet de Paas, OpenShift. Pour Red Hat, OpenShift est le vaisseau amiral et la tour de contrôle de Kubernetes et des containers.
Une approche commune
Aujourd’hui Red Hat ne détaille que peu les éventuelles synergies entre les deux socles technologiques et promet une feuille de route dans les mois à venir. En revanche, la firme de Raleigh laisse entrevoir un renforcement de la présence en uptream de Red Hat où est présent CoreOS. Les quelque 130 employés de la société intégreront d’ailleurs les effectifs de Red Hat.
D’autres intégrations sont également évoquées au niveau des OS pour containers des deux parties. En fait, Containers Linux et Atomic partagent une vision commune en matière de mise à jour et de patching de l’OS. CoreOS a automatisé ses mises à jour pour soulager les administrateurs des tâches de maintenance (via une fonction qu’il appelle CoreUpdate) et Red Hat a intégré à Atomic Host un système de mise à jour (et de rollback) également automatisé, mais par la voie des RPM (le système de gestion des paquets de la firme). Dans une FAQ, Red Hat fait mention d’un rapprochement du système de CoreOS d’Atomic. Quay devrait quant à lui être intégré au registre de containers d’OpenShift et à Red Hat Container Catalog, affirme cette même FAQ.
Restera enfin à s’interroger sur les raisons de la revente. Si certes il existe, comme l’avance Red Hat une complémentarité technologique, une partie de la réponse pourrait bien se trouver dans l’analyse du marché.
CoreOS face à une concurrence de plus en plus présente
Une étude menée par la Cloud Foundry Foundation en 2016 a par exemple révélé que les entreprises préfèrent encore s’appuyer sur un Paas managé (à 32%) pour gérer leurs environnements de containers (on peut parler d’IBM Cloud – comprendre Bluemix - , ou encore OpenShift Online), ou un service managé dans le Cloud (23%) – Google, AWS et Microsoft Azure ont tous le leur. Seules 16% préfèrent recourir à une plateforme on-premise, reposant sur un outil tiers – comme Tectonic ou Docker Swarm par exemple - , et 15% sur un Paas en interne (comme OpenShift ou Cloud Foundry).
A ces chiffres, il convient d’ajouter un autre élément de marché : Si CoreOS s’était certes distingué sur le segment des distributions Kubernetes pour les entreprises avec Tectonic, la société a également vu arriver sur ses terres les mastodontes du Cloud que sont Google, Microsoft, et AWS. Tous ont aujourd’hui accroché à leur vaste catalogue de services Cloud un Kubernetes auto-géré dont la vocation est de soulager les entreprises de la gestion réputée compliquée de cet orchestrateur. Difficile dès lors pour CoreOS de subir une telle pression.
Enfin, avec ce rachat, c’est une partie de l’écosystème de Kubernetes qui se consolide. Un écosystème qui s’est rapidement développé autour de l’orchestrateur de la CNCF et s’est imposé comme un standard dans ce domaine. En 2017, l’administration de Kubernetes et son support ont été des thèmes récurrents chez tous les cadres du secteur, que ce soit dans le Cloud, ou sur site, avec par exemple IBM Private Cloud. Avec CoreOS, Red Hat va donc dans le sens du marché.
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