FIC 2018 : le citoyen finalement pris en compte
Les efforts de sensibilisation à la cybersécurité seront étendus aux écoles dès la rentrée. Une opération de grande échelle est attendue, mais ses détails restent à définir.
A l’occasion de la session d’ouverture de cette édition 2018 du Forum International de la Cybersécurité (FIC), qui se déroule actuellement à Lille, Gérard Collomb, ministère de l’Intérieur, a tenu un discours que d’aucuns n’auront pas manqué de trouver inspiré par un certain marketing de la peur.
Rappelant que l’événement souffle cette année dix bougies, le ministre a en effet souligné que cela fait « 10 ans que l’on affirme que l’insécurité de demain sera aussi, et même peut-être avant, numérique ». Et de revenir sur certains grands épisodes de l’an passé, entre WannaCry, Adylkuzz ou encore NotPetya, pour marteler : « oui, la menace cyber est là, présente partout ». Pire, « d’année en année, elle ne cesse de progresser ».
Vers une stratégie à cinq ans
Alors Gérard Collomb revendique une volonté toute personnelle de « proposer des réponses très efficaces, prendre des mesures concrètes », dont certaines citées ne l’ont pas attendu, comme la plateforme Pharos ou encore Acyma, une initiative présentée l’an dernier au FIC, notamment. Reste que le ministre l’assure : « la France va se doter, pour les cinq ans à venir, d’une grande stratégie de lutte contre la cybercriminalité ».
Et celle-ci va notamment repose un travail de « cartographie des ressources existantes » et d’élaboration de propositions, confié à Thierry Delveille, délégué ministériel aux industries de la sécurité et la lutte contre les cybermenaces. De là, « une feuille de route sera élaborée pour l’ensemble du quinquennat ». Si son contenu et l’ampleur des ambitions qu’il traduira restent à découvrir, Gérard Collomb évoque déjà une « consolidation » des moyens techniques « de nos services de renseignement et d’investigation », ainsi que l’affectation à la « priorité cyber » de 800 des 10 000 postes de policiers et gendarmes qui doivent être créés d’ici la fin du quinquennat.
Nous devons faire comprendre aux Français que si la révolution numérique change positivement leur vie quotidienne, elle est aussi porteuse de risques.#FIC2018 pic.twitter.com/ia7s1t92sx
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) January 23, 2018
Reste que le ministre affirme vouloir positionner la cybersécurité comme « un enjeu transversal pour l’ensemble des personnels de l’Etat », et même « constituer une obsession de tous les instants pour tous ceux qui travaillent aux grands programmes structurants que nous portons pour les années à venir ». Et l’on ne peut que saluer cela. De sources ministérielles, il semble y avoir par endroits beaucoup de travail pour attendre des niveaux de sécurisation cohérents avec les besoins.
Tous citoyens, tous réservistes de la cyberdéfense ?
Surtout, Gérard Collomb semble décidé à mobiliser très largement, au-delà des seuls opérateurs d’importance vitale (OIV) jusqu’ici considérés par la loi. Car pour lui, « face à cette menace diffuse […] l’action institutionnelle seule ne saurait suffire » et « c’est bien la résilience de l’ensemble de la société qu’il nous faut construire ».
Et pour cela, il faut « une prise de conscience collective ». Côté entreprises, le ministère de l’Economie sera sollicité pour « saisir le Medef, la CPME, les Chambres du commerce et de l’industrie » pour lancer « dans les semaines à venir une grande campagne sur ces sujets ».
Mais alors que les citoyens apparaissent depuis des années comme les grands oubliés des institutions dans leurs efforts de sensibilisation, pour Gérard Collomb, il faut « mobiliser tous les français ». Et là, à la rentrée prochaine, des programmes de « formation et de sensibilisation » sont prévus dans les écoles. « Une grande campagne à destination du grand public » est également annoncée, sans que les contours en soient détaillés. Mais déjà, l’Acyma a lancé la création d’un kit de sensibilisation pour les entreprises, à destination de leurs collaborateurs.