AI, Réalité Mixte et Cloud : Microsoft veut évangéliser les entreprises françaises en 2018
La filiale française voit ces trois tendances tirer son activité B2B, dans la continuité de 2017. Ces thèmes devraient également rythmer ses évènements, dont Experiences 2018. Microsoft confirme également que son avenir à plus long terme passera par l’informatique quantique.
C’est dans un français impeccable et avec un niveau lexical largement supérieur à la moyenne de l’homme de la rue local que le nouveau président italien de Microsoft France, Carlo Purassanta, a tracé ce matin les grands sillons technologiques que la filiale de l’éditeur entend travailler en 2018. Au menu de cette feuille de route : AI, réalité mixte et, bien sûr, Cloud.
AI ? Oui, mais pour des cas métiers concrets
Comme pratiquement tous les acteurs IT, Microsoft parle d’Intelligence Artificielle. Mais pour Carlo Purassanta, l’intérêt de cette « vague » est de pouvoir – réellement et concrètement - créer des services plus intelligents pour le client final. Un discours qui n’est pas loin de celui d’Oracle.
Pour le président italien, « L'AI va plus loin qu'une amélioration de la productivité ». Elle doit pousser les entreprises à leurs produits et la relation qu’elles entretiennent avec leurs clients. Le but affiché est que les clients de Microsoft sortent « de nouveaux services et de nouveaux produits, pas simplement qu’ils optimisent leurs back-offices […] C’est un saut quantique » (sic), résume le dirigeant. « On peut créer un parcours client avec plus de valeur [ou] changer la façon d'opérer une ligne de production qui a été conçue il y a 50 ans. On peut la moderniser à moindre coût avec de l'AI, de l'IoT et du Cloud pour faire de la maintenance prédictive ».
Moindre coût ? Pas si sûr. Mais les capteurs et les abonnements coûtent en tout cas moins chers que de racheter une ligne de production entière, tempère Carlo Purassanta.
Le gros de l’offre AI de Microsoft reste néanmoins « non visible ». Elle infuse les outils maison, d’Office 365 à Dynamics en passant par Skype qui peut traduire aujourd’hui automatiquement une conversation.
L’AI pose également des questions éthiques et de propriété intellectuelle. Récemment, OVH pointait un cas précis où une ville avait entrainé un algorithme de Machine Learning dans un Cloud publique. Quand la municipalité a décidé de changer de prestataire, elle a pu récupérer ses données mais pas les enseignements que ces données avaient générés et qui étaient désormais la propriété du fournisseur IT.
« Nous avons un comité d'éthique qui réfléchit aux problématiques pour que la technologie reste "positive" », souligne le président France. « La confidentialité est très importante pour Microsoft, dans le Cloud comme dans l’AI ».
Ce comité réfléchit en substance sur la frontière entre le faisable et le souhaitable.
« Les données du client sont au client, c'est aussi très important pour nous », tout comme la confidentialité, insiste Carlo Purassanta. « Nous sommes la seule entreprise avec des procès en cours avec le gouvernement américain sur la question de l'accès aux données. Nous sommes mêmes allés jusqu’à la Cour Suprême ».
Réalité Mixte : Airbus, Renault Trucks, Remy Martin et Scheider déjà utilisateurs
Deuxième sillon pour Microsoft, la réalité augmentée (ou mixte) est une demi surprise dans le B2B. L’éditeur ne s’attendait visiblement pas à ce qu’autant d’entreprises se manifestent d’elles-mêmes pour utiliser Hololens.
Ce casque de réalité virtuelle participe à changer des processus, principalement dans la formation, dans les tests en situation, dans les interventions terrain et dans la représentation de projet (l'architecture par exemple). Mais pas que.
« Airbus l’utilise pour les opérations de câblages d'un avion. L’efficacité des techniciens a augmentée de 30% », se réjouit Carlo Purassanta. « Schneider l’utilise aussi pour la maintenance préventive. Leurs équipements peuvent être incroyablement complexes. Comme tout le monde ne peut pas être expert de tous les matériels, Hololens permet en cas de besoin de faire voir le problème à distance à des collègues qui sont experts ».
Dans une optique plus marketing, et sur l’exemple de Volvo, Remy Martin utilise lui aussi Hololens pour expliquer ses produits, ses caractéristiques et sa fabrication de la vigne au verre. « La réalité mixte a augmenté l’intimité-client et les ventes », avance le président de Microsoft France sans donner de chiffres.
Dernier exemple, Renault Trucks utilise les lunettes pour la conception et la qualité dans ses processus industriels, comme dans sa ligne de production.
Dans la lignée de ces premiers résultats positifs, Carlo Purassanta entend accueillir le plus d’entreprises françaises possibles dans don « Centre des Innovations », au siège de Microsoft France à Issy-les-Moulineaux, pour les convertir à cette réalité mixte.
Azure en France, ouverture courant du trimestre
Le point sur 2018 a également été permis aux cadres de Microsoft France de revenir sur les atouts stratégiques de l’implantation physique du Cloud de Microsoft en France (RGPD, HDS, latence, etc.).
Concrètement, l’acteur est en train d’emboîter le pas des AWS, IBM ou Salesforce en ouvrant quatre datacenters dans le pays (trois en région parisienne, et un dans la région de Marseille). La Zone Paris Centre (Paris) bénéficiera d’une réplication synchrone. Celui de Marseille sera lui en réplication asynchrone.
« C’est une réponse aux demandes des clients – du secteur publique ou non, d’ailleurs - et des régulateurs. Les données qui sont stockées en France y restent », assure le dirigeant italien, catégorique.
Les services Azure et Office 365 de la zone seront ouvert publiquement dans le courant de ce trimestre.
Et après ? L’Informatique Quantique
Au-delà de 2018, Microsoft va très certainement appuyer son développement sur une autre technologie : l’Informatique Quantique « topologique ».
Aucune n’offre concrète n’est en approche. « J’en parle aujourd’hui pour que les entreprises se familiarisent dès aujourd'hui, qu’elles puissent commencer la courbe d'apprentissage », lance Carlo Purassanta.
Microsoft avait fait son « outing » (sic) sur l’informatique quantique le 25 septembre 2017 lors de sa conférence Ignite. Ses travaux reposent sur le fermion de Majorana « dont nous ne savions pas si elle existait au moment où on a lancé le projet. C’était un pari dingue ».
Le but pour l’éditeur est de bâtir « un ordinateur vraiment évolutif » et de « couvrir la totalité de la pile depuis le hardware jusqu'au software en passant par les algorithmes et les outils de développement », renchérit Bernard Ourghanlian, Directeur Technique et Sécurité de la filiale française.
Agenda 2018
Ces thèmes devraient rythmer l’agenda 2018 de Microsoft. L’éditeur a d’ailleurs dévoilé les dates de sa grande conférence annuelle parisienne Experiences 2018. Elle se tiendra les 6 et 7 novembre.