Avec VSAN 6, VMware veut imposer son propre stockage
La dernière mouture de la technologie de stockage en cluster de VMware apporte de multiples améliorations, suffisamment pour que VMware la positionne comme une alternative aux baies traditionnelles.
Il y a deux semaines, VMware a officiellement annoncé la disponibilité des différents composants de sa suite de virtualisation vSphere 6.0 dont VSAN6, la dernière mouture de sa technologie de stockage en cluster conçue pour permettre aux entreprises de se mettre à l'heure de l'hyperconvergence. VSAN a déjà séduit près d’un millier de clients depuis son lancement il y a neuf mois. Mais nombre d’entreprises attendaient cette version 6.0 (en fait une version 2.0) avant de se lancer vraiment dans l’évaluation de la technologie, que VMware n’hésite plus à présenter comme à même de remplacer une baie de stockage traditionnelle. Avec un argument massue : selon l’éditeur, le stockage avec VSAN 6 serait près de 50% moins coûteux qu’avec une baie traditionnelle.
Petit bémol, VSAN 6 ne fonctionne qu'avec vSphere 6.0, ce qui veut dire que les utilisateurs actuels de la version 5.5 devront d'abord migrer leurs clusters de serveurs vers vSPhere 6.0 avant d'utiliser le logiciel. Notons au passage qu'EVO:Rail ne profite pour l'instant de cette mise à jour et devrait encore continuer à s'appuyer sur VSAN 5.5 pour au moins un semestre, en attendant la seconde mouture de l'architecture hyperconvergée de VMware attendue pour le second semestre (sauf surprise désagréable).
VSAN 6 : Un système de fichier entièrement refondu sur la base de la technologie de Virsto
Comme nous l’indiquions lors d’un article sur VSAN rédigé à l’occasion de VMworld Barcelone, l’une des principales nouveautés de VSAN 6 est le remplacement du système de fichiers utilisé pour la version 5.5 par un « file system » hérité de Virsto, une start-up rachetée par VMware en 2013. Cette greffe d’un nouveau système de fichiers apporte de multiples bénéfices en matière de performances, mais elle permet aussi au logiciel d’hériter de fonctions avancées de clonage et de snapshots de machines virtuelles. Il est ainsi possible de prendre jusqu’à 32 instantanés de chaque VM stockée dans VSAN. Notons que VSAN n’a pas de fonction de réplication dédié et qu’il faut en passer par vSphere réplication pour la réplication entre clusters.
Une autre nouveauté majeure est le support d’un mode 100 % Flash. Comme dans le mode standard (qui couple un disque SSD utilisé comme stockage primaire et comme cache à plusieurs disques durs), la version 100 % Flash s’appuient sur deux étages. Le premier est motorisé par un disque 100 % Flash (SSD, disques NVMe, NVDIMM ou carte PCIe) optimisé pour les écritures et utilisé uniquement comme cache (les meilleures pratiques veulent que ce cache soit d’environ 10 % la taille de l’espace de stockage global par nœud). Le second s’appuie sur des disques MLC de classe « consumer » permettant de fournir un rapport performance/prix abordable pour le stockage durable des VM. Selon VMware, cette configuration a permis lors de test d’offrir jusqu’à 120 000 IOPS/ nœud serveur soit près de 7 M d’IOPS pour un cluster de 64 nœuds (précédemment, VSAN 5.5 ne supportait que 32 serveurs par cluster).
VSAN : 10 Gigabit Ethernet préconisé
Lorsque l’on parle de stockage en cluster, la performance du réseau est toujours une question et pour du stockage en mode bloc, VMware a décidé de ne pas prendre de risque, s’il est bien sûr possible de dédier des liens Gigabit Ethernet à VSAN, l’éditeur préconise de dédier au moins une interface 10Gigabit avec un « VM Kernel » dédié par nœud (et idéalement deux liens 10 Gigabit pour la redondance).
Des capacités accrues et une meilleure tolérance aux pannes
On peut aussi souligner quelques autres évolutions intéressantes comme le support de jusqu’à 200 machines virtuelles par hôte ou l’augmentation de la taille des VMDK à 32 To. De même, il est possible de définir des domaines de failles, par exemple par rack, afin d’assurer que les copies des VM principales (le mécanisme utilisé par VSAN pour assurer la disponibilité en cas de panne d’un disque ou d’un serveur) ne se trouvent pas dans le même rack que les VM principales et ne risquent par exemple pas de subir la même panne électrique ou réseau que le rack voisin.
Comme dans la version 5.5, l’intégration complète au noyau vSphere et le support des API de stockage de VMware assure une intégration complète de VSAN aux fonctions de haute disponibilité et de Storage Vmotion de vSphere.
De multiples axes de progression restent possibles
Si VSAN progresse, il lui manque encore quelques fonctions importantes telles que la compression ou la déduplication de données, surtout dans un environnement 100 % Flash. Mais VMware reste prudent sur ces fonctions car elles consomment du CPU. Pour l’instant, l’éditeur n’est pas prêt à risquer de compromettre la performance des VM sur l’autel des gains en capacités. Mais ce choix ne devrait pas éternel.
De même, aucun mécanisme de gestion de qualité de service n’est implémenté par VSAN. C’est d’autant plus dommage qu’un tel mécanisme, couplé aux fonctions de placement dynamique de VM DRS, pourrait permettre de constituer des clusters VSAN hybrides et de positionner les VM sensibles à la latence ou ayant besoin de performance sur les nœuds 100 % Flash, tout en laissant les VM moins gourmandes ou plus capacitives sur les nœuds hybrides. Mais là encore, VMware n’ignore pas la demande des utilisateurs et pourrait mettre en œuvre un mécanisme adapté dans une prochaine mouture. Reste à savoir s’il faudra attendre une nouvelle version majeure ou si ces améliorations arriveront avec une version intérimaire…