Adobe Document Cloud : Adobe pousse le PDF dans le Cloud
Il a plus de 20 ans, il était standardisé. Pourtant le PDF représente encore un chiffre d’affaires colossal pour Adobe. L’éditeur rénove en profondeur son offre documentaire qui bascule dans le Cloud, et surtout le mode locatif.
Après la mise en place du « Marketing Cloud » en 2008, celle du Creative Cloud voici 3 ans, Adobe entame un niveau virage stratégique cette année avec le lancement de sa troisième plateforme Cloud : Document Cloud.
Le pivot de cette offre documentaire dans le cloud, c’est la nouvelle version d’Acrobat DC. Celle-ci se veut bien évidemment plus ergonomique, pensée pour un environnement « Touch », mais elle est surtout paramétrable. On peut la personnaliser pour présenter, en marge droite, les fonctions qui seront les plus utiles pour chaque utilisateur. Création de document, ajout de commentaires, signature électronique, saisie de formulaire, envoi, protection, chacun peut choisir les icones qui lui seront réellement utiles. Un bon point pour une utilisation sur tablette, notamment.
Un nouveau mode d’organisation de pages apparaît. Il permet de naviguer dans le chemin de fer du document sur tout l’écran, et plus seulement dans la marge gauche comme c’était le cas jusqu’à aujourd’hui. Là encore, l’utilisation sur tablettes a poussé l’éditeur à revoir ses habitudes.
Acrobat DC peut éditer n’importe quel type de document : le PDF bien sûr, mais aussi les fichiers Powerpoint, Apple Keynote ou même le cartouche d’un plan Autodesk.
L’OCR intégré au logiciel va plus loin que la fonction déjà existante dans Acrobat. Le logiciel est désormais capable de recréer la police de caractère du document à partir du fichier image. Il est donc théoriquement possible d’éditer n’importe quel bloc de texte du document sans en altérer le graphisme. Acrobat DC recrée les caractères sans même que la police de caractère en question ne soit installée sur le poste. Des algorithmes issus de Photoshop permettent d’améliorer les scans, notamment lorsque l’utilisateur se sert de son smartphone pour prendre en photo ses notes de frais, par exemple.
Le document peut ensuite être chiffré et protégé pour qu’il ne soit plus éditable.
Mobilité : Acrobat Reader va disparaitre au profit d’Acrobat DC
De l’aveu de Lionel Lemoine, responsable avant-vente d’Adobe France, l’essentiel des 400 000 téléchargements quotidiens d’Acrobat Reader sont aujourd’hui réalisés sur des terminaux mobiles. Le client Acrobat reader va pouvoir utiliser quelques services Cloud, notamment pour réaliser des conversions de documents Powerpoint ou Word vers pdf ou vice-versa.
Pour ceux qui voudront aller plus loin, Acrobat DC sera disponible sous iOS, Android et Windows Phone d’ici 30 jours. Ce nouveau client mobile reprendra l’ergonomie simplifiée du client PC et permettra la création de documents, leur édition, l’export et même la génération automatique de PDF à partir d’une photo.
Acrobat DC remplacera à terme Acrobat Reader, les fonctions « premium » n’étant débloquées que pour les abonnés payants au Document Cloud d’Adobe.
Parmi ces fonctions avancées, le Fill&Sign qui permet de remplir les cases à saisir d’un formulaire papier pris en photo de manière automatisée. Le logiciel détecte les zones à saisir que l’utilisateur remplit par-dessus le document original. La signature, réalisée du bout du doigt, est conservée en mémoire et pourra être réutilisée pour les documents suivants.
Des services cloud additionnels encore limités
Outre ce nouveau client, Adobe propose un service de signature électronique des documents, une fonction qui s’appuie sur la technologie développée par EchoSign, un éditeur racheté par Adobe en 2011.
L’option « Send for Signature » permet d’envoyer un document à un ou plusieurs destinataires en vue de leur signature. Le service s’appuie à 100% sur le Cloud Adobe où les documents sont téléchargés, stockés, horodatés et chiffrés. Le ou les signataires n’ont même pas besoin d’Acrobat DC sur leurs postes. Ceux-ci accèdent au document via le navigateur web en cliquant sur le lien envoyé par la plateforme Adobe à l’ensemble des signataires. Les documents s’affichent en HTML5 et les destinataires peuvent apposer leur signature sans être abonnés à Acrobat DC, ni même disposer de certificat numérique.
Notre logique est plutôt d’étendre les possibilités des environnements GED avec nos servicesLionel Lemoine, Adobe France
Espace de stockage, outils de génération et de conversion de PDF et enfin signature électronique, les premiers services Cloud proposés par Adobe sur son ‘Document Cloud’ restent pour l’instant limités : « Offrir une GED dans le Cloud n’est pas un axe stratégique sur lequel nous travaillons actuellement, explique Lionel Lemoine, Il y a déjà énormément de systèmes de GED en production dans les entreprises, avec des existants extrêmement forts. Notre logique est plutôt d’étendre les possibilités de ces environnements avec nos propres services. »
Plutôt que de lancer un « ECM as a Service », Adobe préfère donc offrir des intégrations avec Sharepoint, Documentum, mais aussi des services Saas tels que Salesforce, Ariba ou Workday.
Pour les grandes entreprises, le Document Cloud supportera des bibliothèques de documents partagées par les utilisateurs d’une même entreprise, et pourra être accessible via des systèmes d’authentification forts.
Adobe n’a pas encore livré le détail des API de son Document Cloud, mais on devrait y retrouver les fonctionnalités qui étaient offertes par l’offre serveur Adobe Lifecycle Enterprise. Celle-ci restera néanmoins au catalogue de l’éditeur, notamment pour les grands comptes, la principale cible de cette offre.
Le client Acrobat DC sera proposé en 2 éditions, soit sous forme de licences perpétuelles, soit à la location. Compter 12,99 $ par mois pour la version standard et 14,99 $ par mois pour la version Pro.