Le Xeon D d’Intel, arme anti-ARM
Comme prévu, Intel vient de dévoiler sa première puce Xeon pour microserveurs, gravée en technologie 14nm, le Xeon D. Sa mission : empêcher la percée des puces ARM sur le marché des microserveurs.
Comme annoncé lors de l'Intel Developer Forum en septembre 2014, Intel vient de lancer sa première puce Xeon pour microserveurs, gravée en technologie 14nm, le Xeon D.Cette puce intégrée (ou System-on-a-chip) est disponible en deux versions, le Xeon D-1540 et le Xeon D-1520, disposant respectivement de quatre et huit cœurs x86 64 bits (chacun doté de la technologie Hyperthreading du constructeur et capable d’exécuter deux threads en parallèle).
Un véritable "system-on-a-chip"
Les huit cœurs Broadwell du Xeon D-1540 sont cadencés à 2 GHz et disposent d’un mode Turbo pouvant porter leur fréquence à 2,6 GHz. Les quatre cœurs du Xeon D-1520 sont, quant à eux, cadencés à 2,2 GHz et peuvent atteindre 2,6 GHz en mode Turbo. Chaque cœur dispose de 256 Mo de cache de niveau 2 et chaque processeur embarque un cache partagé de 1,5 Go par cœur (soit 12Go pour le Xeon D-1540 et 6 Go pour le Xeon D-1520). Les deux puces ont un TDP (Thermal Design Power) de 45 W.
Selon Intel, les Xeon D embarquent un contrôleur mémoire supportant aussi bien la mémoire DDR4 que des barrettes DIMM DDR3L (avec ou sans support du mode ECC). Les puces Xeon D intègrent également un contrôleur PCI-Express Gen3 disposant de 24 lignes, un contrôleur SATA 6Gbit/s (supportant jusqu’à six ports), un contrôleur USB 3.0 (4 ports) et un contrôleur Ethernet 10 Gigabit (capable de gérer deux ports 10G).
Des performances supérieures à celles des Atom Avoton, mais un TDP accru
Côté performances, les résultats fournis par le fondeur sont pour l’instant contrastés. Un serveur Xeon D-1540 (45 W) est ainsi 2,63 fois plus rapide au benchmark SpecInt_rate_base2006 qu’un serveur à base de puce Atom « Avoton » C2750 » (20 W de TDP), mais seulement 1,78 fois meilleur en matière de bande passante mémoire. Au test Memcached, le Xeon D-1540 est 2,27 fois plus rapide qu’un Avoton C2750 et jusqu’à 3,4 fois plus rapide pour servir des pages web dynamiques. Pour le streaming de grands blocs de données, le Xeon D-1540 n’est qu’1,34 fois meilleur qu’un Avoton et 2,52 fois plus rapide pour la gestion de blocs de 4K.
Ces chiffres montrent que le Xeon D est certes bien plus rapide que l’Atom Avoton 2750, mais au prix d’une augmentation de son TDP d’un facteur de 2,25 (il faut toutefois prendre en compte le fait que les contrôleur 10G, SATA et USB comptent sans doute pour un peu plus de 10W dans ce total). Cela signifie que les gains affichés par la puce par rapport à l’Atom Avoton en termes de performances/watt ne sont pas si stellaires que cela selon les applications.
Endiguer la percée des puces ARM
Intel entend clairement endiguer la montée en puissance des puces ARM sur le marché des microserveurs avec le Xeon D (comme illustré par le lancement par Online de son offre de cloud ARM). Le Xeon D a pour l’instant l’avantage en matière de performance sur les puces ARM disponibles, mais il faudra attendre les prochains mois et l’arrivée des premières puces ARM 64 bit pour serveurs pour savoir si cet avantage est durable. Les deux points importants à surveiller seront le rapport performance par watt et aussi le rapport prix/performance. Car le Xeon D n’est pas forcément aussi abordable que cela. Intel facture ainsi 199 $ pour la version 4 cœurs, mais 581 $ pour la version à huit cœurs.