Les PME françaises innovent malgré le contrecoup de la crise
Une étude commanditée par Sage dépeint des PME françaises en peine avec la recherche de financement, mais qui ont pour objectif d’entretenir l’innovation pour alimenter leur croissance. Modernisation, Cloud, mobile et analytique sont parmi les projets.
Malgré des prévisions relativement faibles et des facteurs politiques qui limitent plus largement les investissements des PME françaises par rapport aux entreprises de plus grandes tailles, les PME sont parvenues à augmenter leurs activités de R&D ces dernières années. C’est une des conclusions qui peut être tirée d’une étude du cabinet Cebr, menée pour le compte de Sage, auprès de 814 décideurs employés dans des PME (entre 50 et 249 employés) de 12 pays différents en Europe.
Si d’une façon générale, en Europe, les PME représentent « le poumon de l’économie », comme le dit Jayne Archbold, CEO de Sage Enterprise Market Europe, elles rencontrent pourtant nombre de difficultés qui les freinent dans leur progression. Que ces freins soient conjoncturels, comme la crise, ou encore de financement, par le manque d’aide de l’Etat.
En France par exemple, les PME se battent toujours pour s’extirper des conséquences de la crise, comparé au Royaume-Uni et en Allemagne. Par exemple, révèle cette étude Sage, le nombre de PME en France a baissé de 11% depuis 2008, passant de 21 900 à 19 500 aujourd’hui. Le nombre d’entreprises plus petites en revanche (entre 0 et 49 employés) auraient progressé de 32%, avec une part croissantes des micro-entreprises (de 0 à 9 employés). Mais, « la valeur ajoutée par les PME a augmenté de 5% sur la même période ».
La nécessité de faciliter l’accès au financement
Sur-exposition des start-ups qui centralisent les aides et les subventions, manque de cadre précis pour faciliter l’accès aux capitaux ou d’un Small Business Act à la Française… Jayne Archbold cite l’accès au financement parmi les points bloquants en France.
Il devrait y avoir un framework plus adapté mis en place par les gouvernements pour faciliter cet accès à l'argent. « Il est probablement plus facile en France de décrocher des financements lorsque vous êtes une start-up que si vous êtes une PME », précise encore Jayne Archbold. « Ce qui est critique en France. »
Pourtant, cela ne semble pas freiner les PME françaises en termes de R&D. Toutes tailles confondues, les entreprises françaises ont en effet dépensé 31 Md€ en 2013 - 77% par les grandes entreprises et 13% par les PME. Autre constat, les dépenses en R&D des PME a augmenté de 28% entre 2008 et 2013, dépassant la croissance des investissements des grandes entreprises. Mais une progression en retrait par rapport à celles d’entreprises plus petites, commente encore l’étude Sage.
« Les dépenses en R&D augmentent en France. Les innovations dans les services et les produits progressent fortement. Les PME veulent investir pour optimiser leurs produits », commente Jayne Archbold. Cela est différent par exemple en l’Allemagne, où les investissements en R&D sont également consentis dans les processus métiers ou dans les modèles d’organisation.
Modernisation, Cloud , mobile et analytique
Plus globalement, en Europe, les PME sont des sociétés qui misent sur l’IT pour innover, rapporte encore cette étude : 93 % envisagent d’investir dans l’IT en 2015, et pour 29% d’entre elles, cet investissement dépassera 50 000 euros – « une somme conséquente pour les PME qui n’ont pas des millions à investir dans le IT et doivent sélectionner le bon composant », explique Jayne Archbold.
La gestion documentaire sera la priorité IT pour 30% des entreprises sondées, pour 28% la BI et pour 28% les applications métier ou encore de bureautique. Mais, autre élément clé, « Internet, l’e-commerce et atteindre de façon numérique les clients ne sont pas encore des priorités majeures pour nombre de PME en Europe ». 53% pensent que la transformation numérique appartient seulement au futur.
En France, comme sur les marchés les plus matures, les PME qui ont déjà des systèmes évolués investissent davantage dans des outils de gestion documentaire et dans les applications mobiles, liées aux métiers et à l’analytique, précise Benoit Gruber, vice président, corporate communication et alliances de la division Mid-Market chez Sage. « En France plus particulièrement, les investissements IT des PME vont dans la modernisation des systèmes IT. De nombreuses PME sont des fournisseurs de grandes entreprises dans de nombreux secteurs et doivent donc être très réactives voire pro-actives ». D’où la très nécessaire modernisation.
Dans ce contexte, le Cloud apparait dans le radar des PME françaises. « Elles ne sont pas complètement à l’aise avec le Cloud, mais lorsqu’elles en ont compris l’intérêt et comment elles peuvent l’utiliser, elles deviennent très favorables à son adoption », ajoute-t-il. Le modèle hybride commence également à faire son trou.
Second levier d’innovation et d’investissement évoqué par Benoit Gruber, les applications mobiles, l’accès à l’information, et comment gérer une problématique BYOD dans l’entreprise. Les PME en France souhaitent également placer leurs investissements dans le Big Data, l’analyse des données ou dans l’analytique prédictive, pour « simuler des situations, comprendre là où elles en sont, ce qu’elles doivent faire, comment anticiper et comment simuler des opportunités d’affaires », résume-t-il.
Restera alors à attirer les bons talents et les bonnes compétences. Ce que Jayne Archbold considère également comme un défi clé pour les PME en France. L’innovation IT a-t-elle la capacité de les attirer et de les retenir ?