Dans le monde des serveurs, Cisco affiche une croissance détonnante
Cisco, qui a fait le pari de se lancer dans les serveurs il y a près de cinq ans, a encore vu ses ventes de serveurs x86 bondir de 40% au dernier trimestre. LeMagIT fait le point sur un succès étonnant.
La semaine dernière Cisco a publié des résultats flatteurs pour son second trimestre fiscal 2015 avec un CA de 11,9 Md$ et un bénéfice net de 2,74 Md$.
Si la plupart des divisions du constructeur sont en légère progression (à l’exception notable de l’activité services vidéos pour opérateurs), celle qui sort du lot est clairement la division Dataccenter, celle qui produit les équipements serveurs et réseau de la ligne UCS, dont les ventes ont encore bondi de 40% durant le trimestre. À ce rythme, la firme devrait largement franchir la barre des 4 milliards de dollars de revenus avec ses systèmes UCS en 2015.
Cette performance contraste singulièrement avec celles de ses concurrents. Au 4e trimestre 2014, HP, le n° 1 mondial du secteur, a ainsi vu ses ventes de serveurs x86 reculer de 2% dans un marché globalement atone. Lenovo a vu ses ventes entreprises (post acquisition d’IBM) reculer de 1,4% pour atteindre 1,2 Md$ (dont 986 M$ pour les activités System x de Big Blue).
Actuel n° 3 mondial des serveurs x86, derrière HP et Dell, Lenovo est clairement menacé d’être relégué à la 4e place si Cisco poursuit sa croissance au rythme actuel.
Le pari payant des architectures convergées
Le succès de Cisco dans le monde des serveurs x86 s’explique certes par son implantation dans les datacenters de ses grands clients via son offre de commutation et de routage. Mais elle est aussi le produit de plusieurs paris audacieux. Cisco propose ainsi un mécanisme unique de profils qui permet de modifier à la volée les paramètres de configuration d’un serveur ou d’une VM et facilite grandement le provisioning de ressources dans le datacenter. La firme a également très tôt fait le pari des serveurs convergés et a noué deux alliances fructueuses avec EMC (sur les vBlock de VCE) et avec NetApp (sur les FlexPod). Depuis, Cisco a étendu ses partenariats dans les architectures convergées à d’autres spécialistes du stockage comme Nexenta, Nimble et Pure Storage (FlashStack).
Des partenariats tout azimut, dont un dernier avec IBM
Le dernier partenaire en date n’est autre qu’IBM qui, après s’être débarrassé de sa division serveurs x86, signe au passage une réconciliation spectaculaire avec Cisco. Big Blue, qui cherche à doper les ventes de ses systèmes de stockage, a conçu avec Cisco un ensemble d'architectures de référence, baptisées VersaStack, qui combinent ses systèmes de stockage Storwize V7000 avec les serveurs UCS de Cisco. La première architecture conjointe, VersaStack for VMware vSphere, vise à proposer une infrastructure prête à l'emploi pour vSphere 5.5
En fait, en se tenant à l’écart du secteur du stockage (si l’on fait exception de l’acquisition des baies 100% Flash de Whiptail, que Cisco fait d’ailleurs tout pour ne pas mettre en avant), Cisco est devenu la Suisse des serveurs pour l’ensemble des acteurs indépendants du stockage qui mettent en avant ses serveurs dans leurs architectures convergées . Les seuls vBlocks et FlexPod représentaient 55% du marché des infrastructures convergées au 3e trimestre 2014 selon IDC. Ce qui veut sans doute dire qu’au total, les serveurs de Cisco motoriseraient près des deux tiers des architectures convergées vendues dans le monde.
Une alliance avec EMC de plus en plus fragile
Une ombre pèse toutefois sur ce succès. VCE, la coentreprise fondée par Cisco, EMC et VMware, est récemment passée sous le contrôle d’EMC (elle dévoilera d’ailleurs ses nouvelles offres le 12 mars prochain). Or, VCE contribue de façon importante aux résultats de Cisco. Selon les chiffres d’IDC, VCE approchait les 220 M$ de revenus au 3e trimestre 2014, ce qui veut sans doute dire que la firme pèse pour près de 10% des revenus de la division datacenter de Cisco.
Pour l’instant, VCE a indiqué son intention de rester fidèle à Cisco pour ses designs. Mais EMC a parallèlement commencé à pousser VSPEX Blue un design hyperconvergé EVO:Rail qui s’appuie sur un design de serveur maison baptisé Phoenix fabriqué par Foxconn. Il n’a pas fait mystère de son désir de poursuivre l’aventure avec des architectures à l’échelle du rack s’appuyant sur le futur design EVO:Rack de sa filiale spécialisée dans la virtualisation.
Si l’hyperconvergé venait à l’emporter sur le convergé chez EMC, Cisco pourrait y laisser quelques plumes. C’est sans doute la raison qui a aussi poussé la firme à prendre quelques assurances en signant un partenariat avec Simplivity, l’un des pionniers des systèmes hyperconvergés, pour revendre sa solution sur les serveurs UCS. Notons que VMware étant toutefois de plus en plus perçu par Cisco comme un concurrent, du fait de ses investissements dans sa solution SDN VMware NSX, le constructeur a pour l’instant refusé de produire des systèmes EVO:Rail.