CloudScreener : une interface graphique pour comparer des infra Cloud sur-mesure
La société française permet désormais de construire graphiquement une infrastructure Cloud à la demande pour la confronter aux différentes offres des fournisseurs de cloud. Une offre premium vendue à l’abonnement, qui complète le modèle de CloudScreener.
La semaine dernière, la société française CloudScreener a présenté une nouvelle offre payante dont l’ambition est de donner aux entreprises la possibilité de construire graphiquement une architecture Cloud afin de mieux la confronter aux offres des fournisseurs de services Cloud. Un prolongement naturel pour cette jeune société parisienne qui a bâti sa renommée sur un moteur intelligent de comparaison et de tests de services dans les nuages.
Il faut dire que le marché des services Cloud se caractérise par un manque cruel de lisibilité de ses offres : un segment d’acteurs et de services, sans standard, où l’opacité des offres et du pricing sont de rigueur. « Les offres sont en soi compliquées. Chez Amazon par exemple, il existe environ 5 000 références. Difficile donc de s’y retrouver. Cela est également difficile à estimer car les prix dépendent de la consommation. Si le trafic est assez simple à évaluer, le nombre d’appels à un disque d’une base de données est plus difficile », résume Anthony Sollinger, l’un des co-fondateurs de CloudScreener, dans un entretien avec la rédaction.
A cela s’ajoute un manque de transparence évident. « Les offres de Cloud sont un peu des boîtes noires », poursuit-il. D’abord parce qu’elles sont complexes, « mais aussi parce qu’elles sont masquées, comme les performances – les fournisseurs communiquent très peu sur ce point et s’engagent encore moins dessus. Comment choisir un fournisseur sans connaître le niveau de performance sur lequel on s’engage ? ».
CloudScreener : la mécanique du bench
Le comparateur et moteur d’audit de CloudScreener s’appuie sur trois critères. D’abord les prix, en se connectant aux APIs des différents fournisseurs pour récupérer tous les prix unitaires. Des algorithmes reconstruisent ensuite le coût global d’une infrastructure chez chaque fournisseur. « Une méta-calculette avec une calculette spécifique à chaque fournisseur », résume Anthony Sollinger.
Second critère : les performances avec une méthodologie publique de test. CloudScreener s’adosse à une trentaine de tests, issus principalement du monde Linux - « les plus adaptés au Cloud et les pertinents pour obtenir une bonne mesure pour le client ». Ils ont été paramétrés et packagés. « Ils mesurent la vitesse de la RAM, des processeurs, la réactivité des disques. Ces tests tournent tous les jours chez tous les fournisseurs, au minimum 12 fois par jour par fournisseur (toutes zones comprise). Cela nous permet de donner à un instant « t » le niveau moyen de performances chez un fournisseur et de voir l’évolution dans le temps ainsi que la stabilité - les performances peuvent en effet se dégrader en fonction de l’heure de la journée. » Les performances des zones sont également testées. Et d’illustrer : « Par exemple, quand on est localisé à Paris et que l’on utilise AWS, on le choix entre Dublin et Frankfort. Les performances ne sont pas les mêmes, Frankfort est plus récent. Tout comme les prix. En tant qu’entreprise française, devons-nous aller à Dublin ou Frankfort ? ».
Enfin les outils de CloudScreener permettent de tester les prix des offres packagées des fournisseurs, qui interconnectent plusieurs services. Comme c’est par exemple le cas avec Aurora, l’offre de base de données Cloud d’AWS, qui comprend une quantité déterminée de stockage dans S3. Mais les performances ne sont pas encore testées dans ces configurations, souligne Anthony Sollinger.
Un WYSIWYG pour une infrastructure Cloud sur mesure
CloudScreener a donc mis en place il y a deux ans un comparateur de services Cloud gratuit, passant au crible, via une trentaine de tests éprouvés (cf encadré), les Iaas de plusieurs fournisseurs - outre AWS, CloudScreener audite les Iaas de Google, Microsoft Azure, Joyent, Rackspace, Aruba, Cloudsigma, mais également ceux de Cloudwatt, Numergy, Gandi, Ikoula et ASP Serveur, côté français. Une première offre qui a déjà séduit 120 000 entreprises depuis son lancement dans 150 pays dans le monde dont l’ambition est de servir davantage « de produit d’appel et de communication ». Il répond à des besoins simples et standards. Les développeurs, les start-ups et les PME en sont les principaux clients.
La seconde offre intègre ce tableau de bord WYSIWYG, présenté la semaine dernière et vient ajouter une interface intelligente au moteur de l’offre gratuite, avec des fonctionnalités payantes accessibles sous la forme d’abonnement - « une centaine d’euros par mois ».
Cette offre premium propose donc une interface spécifique qui permet de construire graphiquement son infrastructure sur mesure via de simples glisser-déposer. On ajoute des composants, comme un type de VM, un load-balancer, du stockage en mode bloc et objet et une typologie de réseau. Chaque composant peut également être ajusté en fonction des besoins, comme l’OS des VM, la quantité de RAM et de stockage ou encore le type de CPU. Autre point clé de ce tableau de bord, la mise à jour en temps réel d’une liste de fournisseurs adaptés à l’infrastructure formulée.
Le service propose également un coût moyen mensuel qui s’ajuste à chaque variation des composants placés dans l’interface.
Une fois l’infrastructure Cloud définie, le service propose un comparatif des différentes offres de fournisseurs afin de dégager une estimation des coûts précise et localisée. Chaque offre y est détaillée finement, en mettant en avant un classement établi par CloudScreener, ainsi qu’une note (comprise entre 1 et 10) sur les performances, la sécurité et la flexibilité.
Les schémas pourront être partagés. Les résultats ainsi produits seront également enrichies d’autres données, assure encore Anthony Sollinger.
Une offre pour les grands comptes
Outre ces deux offres, CloudScreener collaborent également avec les grands comptes dans le cadre de prestations sur-mesure. Un service payant qui peut s’accompagner d’une dimension conseil, en plus de la mise à disposition des outils.
Pour les entreprises dont la stratégie IT comprend une bascule vers le Cloud public, Anthony Sollinger propose également une offre pour évaluer les Cloud privés. « Pour les entreprises qui souhaitent comparer leur Cloud avec ce qui existe sur le marché, pour un environnement de cloud hybride par exemple, dans ce cas, notre bench tourne sur leur Cloud privé pour le confronter aux offres de Cloud public. » Une façon pour elles d’éviter d’investir dans de nouvelles compétences et de nouvelles ressources pour réaliser des tests longs et couteux, explique-t-il.
Anthony Sollinger précise également discuter de plus en plus avec les SSII. Des sociétés elles-aussi devenues des fournisseurs de services Cloud. « Elles manquent d’informations ou de méthodologies pour accompagner leurs clients. Il leur est difficile d’évaluer quel fournisseur a de meilleures performances que d’autres. » Il s’agit donc d’un débouché commercial potentiel, assure-t-il. La société pourrait proposer des offres spécifiques pour ce type d’acteurs. Une façon d’aborder un mode de commercialisation plus indirect, et nourrir ce modèle économique qui s’étoffe.
Pour quelques 600 000 euros de plus.
Cette stratégie et ce positionnement de CloudScreener ont d’ailleurs permis à la société de séduire les investisseurs en décembre dernier, via une levée de fonds de 600 000 euros réalisée auprès de plusieurs investisseurs européens.
Cet apport va permettre d’accélérer sur la partie R&D et produit, confirme Anthony Sollinger. L’équipe technique va être étoffée. CloudScreener travaille également à renforcer les APIs de son service pour mieux s’interfacer avec des outils et services tiers. Un point clé pour la société qui compte se positionner un peu plus sur le segment du courtage de cloud, comme elle l’a fait avec CloudOrbit, une société qui développe un broker de Cloud à partir du projet Open Source CompatibleOne.
« Mais il ne s’agit pas de devenir broker en soi, plutôt se connecter à leur solution comme par exemple le Hub de Docker. Identifier en temps réel les besoins en application, prendre en compte des règles précédemment fixées, auditer en temps réel les fournisseurs et déployer de façon automatique sur le bon fournisseur. Cela est possible en se connectant à des tiers », explique Anthony Sollinger.
D’ici la fin de l’année, CloudScreener prévoit dans la foulée de monter d’un cran à l’international avec, soit la signature d’accords de partenariats aux Etats-Unis, soit l’ouverture l’année prochaine d’un bureau américain.