Alfresco est devenu acteur du BPM…sans le savoir
Le spécialiste de la gestion documentaire a fait de son moteur de workflow embarqué un produit autonome à son catalogue de produits. L’offre Activiti sera au cœur de sa croissance en 2015.
Pour Alfresco, le BPM sera assurément un levier de croissance. Le spécialiste de la gestion documentaire en Open Source a finalement décidé d’extraire de sa suite ECM son moteur de workflow pour en faire un produit à part entière à son catalogue. L’exécution de cette stratégie a été mise en route début 2014. A la clé : la création de la gamme de produit Activiti qui sera un des points de croissance de la société en 2015.
Il faut dire qu’Alfresco embarque depuis ses débuts un moteur de workflow documentaire, raconte Bassem Asseh, directeur France d’Alfresco, dans un entretien avec la rédaction. « L’idée au départ était d’avoir une solution de gestion documentaire qui a également la capacité de gérer des workflows documentaires et de gestion de tâche autour d’un document. »
La société avait alors fondé ses développements sur jBPM. Mais l’évolution de la technologie étant freinée chez Red Hat, plombée par des problèmes de licences, les deux architectes de jPBM, Joram Barrez et Tijs Rademakers, avaient fini par être recrutés par Alfresco. Mais non pas pour y poursuivre les développements de jBPM, mais bien pour démarrer « from scratch » un projet de moteur de workflow Open Source. Ainsi naquit le projet Activiti. Depuis 2010, Activiti est le moteur de workflow de la plate-forme Alfresco.
Evidemment, Alfresco n’est pas le seul acteur de l’ECM à embarquer un moteur BPM dans sa solution. On note Nuxeo côté Open Source, mais également Filenet, Documentum, sans oublier Opentext avec le rachat de Cordys – pour n’en citer que certains.
Alfresco, nouvel acteur du BPM sans le savoir
La création de cette nouvelle ligne dans le modèle économique d’Alfresco est étonnante : à l’origine, Alfresco n’avait aucune intention d’entrer sur le marché du BPM, au risque de « diluer sa proposition de valeur sur le marché de l’ECM », son secteur historique, commente le cabinet d’analyste 451 dans une note. Mais certains clients l’ont vu autrement.
« On s’est rendu compte depuis 4 ans que nombre de nos utilisateurs utilisaient uniquement les capacités de workflow d’Alfresco, et pas toutes celles dédiées à la gestion documentaire. En fait, ils avaient uniquement besoin d’un moteur de BPM pour dématérialiser les processus. Des processus qui ne sont pas tous documentaires, même si des documents peuvent être finalement impactés » explique Bassem Asseh. En bref, pour certains, seul le moteur d’Activiti était exploité dans la suite Alfresco.
Impossible donc de laisser ces entreprises sans support, explique-t-il. « Certaines entreprises payaient certes le support Alfresco de la solution globale, mais l’utilisaient surtout pour Activiti. Leur besoin se limitait au BPM et pas au moteur de gestion documentaire. » Et surtout, constate-t-il, les entreprises étaient prêtes à payer pour avoir une souscription à ce support.
Enfin, et c’est un point clé, les utilisateurs de la solution ainsi que la communauté demandaient à Alfresco de faire évoluer le champ fonctionnel d’Activiti. D’éditeur d’ECM, Alfresco devint donc éditeur de BPM, dans la foulée.
Deux produits Activiti
La ligne Activiti se décline aujourd’hui en deux formules : une dédiée au moteur de workflow brut que les entreprises peuvent intégrer et souscrire à une offre de support Alfresco. La seconde (un développement propre à Alfresco) s’insère davantage dans une logique de suite BPM, qui comprend le moteur Activiti et une série d’outils graphiques permettant de concevoir, de monitorer et d’analyser les workflows, sous la forme de tableaux de bord. A cela s’ajoute logiquement une offre de support. « Cela correspond en fait à un complément graphique du moteur sous-jacent », décrypte Bassem Asseh.
Alfresco a souhaité différencier deux offres car « les entreprises n’ont pas nécessairement besoin d’une couche graphique supplémentaire ; elles peuvent l’avoir déjà développée en interne », poursuit-t-il. En revanche, grâce au standard BPMN 2.0, ces couches graphiques existantes peuvent se connecter au moteur Activiti.
A nouveau produit, nouveaux clients ?
Pour autant, si Alfresco confirme qu’avec son arrivée sur le marché du BPM, il s’est exposé à une concurrence nouvelle (comme pourrait l’être par exemple BonitaSoft), l’éditeur voit plutôt son offre comme un complément à son ECM. « Cela ouvre davantage des perspectives vers de nouveaux projets », résume Bassem Asseh. Il s’agit davantage d’ajouter de nouveaux composants à des projets où Alfresco est déjà présent via son ECM. « Des projets auxquels on aurait probablement pas eu accès si nous n’y étions pas déjà installés. (…) La marque Alfresco est suffisamment bien implantée dans les entreprises pour nous faciliter la tâche sur le marché du BPM », ajoute-t-il. Étendre l’ECM à des projets de BPM.
De quoi alors nourrir le modèle économique d’Alfresco et d’alimenter sa croissance. Aujourd’hui, une douzaine de développeurs travaillent sur Activiti chez Alfresco, dont certains partagés avec les autres produits de la marque (par exemple au niveau des tests, compatibilité). En 2014, la société a généré un CA d’environ 60 millions de dollars.