Deloitte : les entreprises françaises préfèrent internaliser leur Big Data
Le cabinet de conseil Deloitte livre ses 5 grandes tendances pour le marché français du décisionnel et l’analytique pour 2015. Le Big Data reste au cœur des préoccupations des grandes entreprises, mais les réalisations restent encore rares.
Le cabinet de conseil Deloitte livre ses 5 grandes tendances pour le marché français du décisionnel et l’analytique pour 2015. Le Big Data reste au cœur des préoccupations des grandes entreprises, mais les réalisations restent encore rares.
Deloitte vient de publier la liste des grandes tendances pour le marché « Data et Analytics ». Il s’agit d’une synthèse des réunions de son cercle « Smart Data », un groupe très « select » qui réunit régulièrement la crème des entreprises françaises sur cette thématique. Sans surprise, le Big Data a été en 2014 le thème central de ces réunions et il le restera en 2015.
« Le Big Data, c’est un sujet récurrent chez nos clients aujourd’hui », confie Reda Gomery (en illustration), associé Deloitte, responsable du domaine Data Analytics. « Tous les dirigeants que nous rencontrons affichent un vif intérêt pour le Big Data, mais il faut bien reconnaître que les réalisations sont encore en retrait. 2015 sera l’année des travaux pratiques. »
Des entreprises françaises qui peinent à aller au-delà des proof-of-concept car elles se heurtent à plusieurs obstacles. « Les données sont traditionnellement structurées en silos, un héritage de l’ère des ERP », explique Reda Gomery. « De ce fait, les entreprises ont du mal à les partager et à extraire de la valeur en croisant des données de natures différentes. » Si les grandes entreprises, notamment les banques comme la Société Générale ou BNP Paribas, ont créé des postes de Chief Data Officer dans leurs organisations, reste encore à donner à ces responsables les moyens d’agir et surtout de mettre en place une véritable gouvernance de la donnée dans l’organisation. « Ne vous focalisez pas sur le rôle de CDO, mais plutôt sur les moyens mis en œuvre pour partager la donnée », assène le consultant.
Le passage au Big Data, un lourd investissement pour les entreprises
L’expert souligne le poids des investissements à consentir pour passer dans l’ère du Big Data. « L’investissement n’est pas neutre. Les technologies Big Data sont en rupture avec les approches traditionnelles. » Car si beaucoup d’outils du Big Data sont Open Source, le passage au Big Data, outre son coût technologique, « consomme surtout beaucoup de temps humain. Il faut du temps pour former les équipes, du temps pour que les gens soient pleinement opérationnels », souligne Reda Gomery.
Les acteurs du numérique sont aujourd’hui les premiers « consommateurs » de technologies Big Data, mais les opérateurs des Télécoms, les assureurs et maintenant les banques y viennent à leur tour. « Le phénomène de l’arrivée des objets connectés va engendrer un afflux de données qui va pousser les industriels à aller bien plus loin dans l’analyse des donnés », ajoute Reda Gomery. « Actuellement on voit une tendance à l’internalisation, avec une recherche des cas d’usages, d’études menée en interne car les entreprises voient dans le Big Data un avantage concurrentiel. Ils veulent s’approprier les modèles en interne et ne pas partager cette connaissance. » Revers de la médaille, les entreprises françaises peinent à trouver des compétences sur la question. On voit ainsi les grandes entreprises se rapprocher des écoles avec lesquelles elles signent des partenariats, financent des chaires pour pouvoir mettre la main sur les « data scientists » qui imagineront leurs modèles de demain.
Outre le volet Big Data et cette problématique de gouvernance des données qui va devenir de plus en plus importante, Deloitte considère que l’expansion de l’analytique au sein des entreprises sera un axe fort du développement du décisionnel dans les entreprises en 2015. La montée en puissance de l’analytique dans les directions métiers va notamment les faire basculer de plus en plus vers une gouvernance par les données. Une démarche bien implantée dans certaines directions métiers et qui va se diffuser bien plus largement, y compris au niveau de l’Etat français, avec des initiatives en cours dans plusieurs ministères.
L’essor de la co-innovation sur les nouveaux modèles économiques
Autre tendance 2015 identifiée par Deloitte, l‘ouverture des données et la mise en place de stratégies de co-innovation sur ces données. Les hackathons se sont multipliés en 2014 avec des challenges lancés par Axa, la SNCF, ou même Yves Rocher. « La mise en régie de données et la co-innovation, c’est clairement un modèle d’avenir », commente Reda Gomery. « Ce sont des approches collaboratives de coproduction qui vont permettre de faire émerger de nouveaux modèles économiques. » Pour Deloitte, cette démarche d’ouverture permet à ces grandes entreprises d’améliorer la qualité de leurs services. Elle donne aussi un coup d’accélérateur à leur innovation interne.
Enfin, la cinquième tendance « Data » pour 2015 sera la monétisation des données. En agrégeant et en analysant la donnée, les entreprises vont générer de la valeur, valeur directement monnayable sur le marché, sous forme d’études par exemple. Les opérateurs Télécoms, mais aussi les banques montrent la voie dans ce domaine. Reda Gomery évoque le cas d’une banque française qui, en analysant les transactions de cartes bancaires réalisées dans une rue, peut délivrer une étude de marché pour les commerçant qui souhaiteraient s’y installer. En couplant données transactionnelles et géolocalisation, la banque parvient à créer de la valeur sur une information qu’elle détenait déjà depuis longtemps. On devrait voir ce genre d’initiatives se multiplier dans les secteurs les plus divers en 2015, du moins chez les entreprises qui seront parvenues à mettre la main sur des « Data Scientist » !
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