FIC 2015 : question sur le délicat arbitrage entre libertés individuelles et sécurité
Sécurité et liberté sont deux sœurs, explique un participant du FIC 2015. Mais l'équilibre entre les deux est plus que jamais délicat.
Sécurité et liberté sont deux sœurs siamoises, explique un Général au FIC 2015. Mais le débat sur l'équilibre entre libertés individuelles et sécurité est plus que jamais délicat. Quant au chiffrement des données, il intéresse de plus en plus les politiques.
C’est une édition 2015 du Forum International de la Cybersécurité (FIC) marquée par la crainte ravivée du terrorisme qui se déroule actuellement à Lille. Accueillant les participants, le général Marc Watin-Augouard a donné le ton, hier, mardi 20 janvier : « sécurité et liberté sont deux sœurs siamoises », a-t-il ainsi assuré, soulignant que « trop de sécurité, c’est la tyrannie », et que « la liberté absolue, c’est la loi du plus fort ». De son point de vue, « nous ne voulons pas d’une liberté absolu » et l’esprit du FIC, ce sont la liberté et la sécurité, deux valeurs « indissociables ».
La cybersécurité n’est pas de tout connaître sur les gens, c’est bien connaître son ennemi
Jean-Michel Orozco, Président d’Airbus Defense & Space Cybersecurity
Alors que la législation s’apprête à évoluer en France, et que plusieurs voix s’élèvent pour renforcer les capacités d’interception légale à l’heure des communications personnelles chiffrées, Jean-Michel Orozco, président d’Airbus Defense & Space Cybersecurity, a estimé pour sa part : « on ne doit pas restreindre les libertés. La cybersécurité doit prendre en compte ce concept de base absolument non négociable. »
Dès lors, pour lui, « l’avenir de la cybersécurité n’est pas de tout connaître sur les gens normaux, c’est bien connaître son ennemi, être capable d’appréhender les patterns d’attaque ».
Reste que, pour Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur, la « propagande et le recrutement sur Internet » de certains groupes est « un sujet majeur de réflexion ». Et certains « outils sont susceptibles d’être détournés à des fins malveillantes ou criminelles par des individus ou des organisations ».
Mais là encore, semblant chercher à lever les craintes de certains pour les libertés individuelles, le ministre a assuré que « nous devons tout faire pour que le cyber-espace soit avant tout un lieu où l’exercice des libertés fondamentales et la protection de la vie privée sont garantis ». Pour lui, la cybersécurité nécessite « une mobilisation générale de l’ensemble des services de renseignement », dont le « rôle d’anticipation sera également complété par une veille de l’Internet, en particulier des réseaux sociaux ».
Des dispositions prévues en France pour faciliter le déchiffrement des données cryptées
Ceci dit, et concrètement, les communications chiffrées en ligne posent manifestement question. Et pas uniquement de l’autre côté de la Manche. Lors de son discours, Bernard Cazeneuve a souligné en effet que la loi du 13 novembre dernier « comporte également des dispositions moins connues du grand public, mais tout aussi importantes dans la lutte contre la cybercriminalité », à commencer par « la facilitation des perquisitions informatiques et du déchiffrement des données cryptées ».
Et de préciser, au cours d’une conférence de presse, que les messages échangés « entre ceux qui peuvent engager des opérations terroristes sur Internet », lorsqu’ils sont chiffrés, doivent pouvoir être écoutés.
Il rejoignait ainsi Thomas de Maizière, son homologue allemand. Dans une allocution préalable, celui-ci avait souligné que « la sécurité Internet est une clé pour le futur », pour préciser que les forces de l’ordre « doivent être capables de décrypter les communications chiffrées lorsque c’est nécessaire à leur travail de protection de la population ».