Truffle 100 : les éditeurs européens « dans une zone de turbulences »
En 2013, les dépenses en R&D sont supérieures aux profits. Un douloureux passage au Saas.
Les éditeurs européens sous pression en 2013. C’est ce que révèle la 9e édition du Truffle 100 Europe, menée par Truffle Capital en partenariat avec les cabinets d’étude CXP et IDC. Poussés par les stratégies de transformation numérique des entreprises et par la nécessité de basculer vers un modèle Saas qui ré-invente les mécanismes du logiciel, les éditeurs du Vieux Continent ont dû multiplier les investissements en 2013. Quitte à mettre à contribution leurs profits. Une situation inquiétante, souligne ce baromètre, qui met d’autant plus en avant un ralentissement de la croissance du secteur. Une industrie du logiciel qui peine donc à se transformer.
« L'industrie de l'édition de logiciels traverse actuellement une zone de turbulences marquée par des investissements supérieurs aux profits. Cette conjoncture peut-elle perdurer ? », s’alarme d’ailleurs Bernard-Louis Roques, Directeur Général et co-fondateur de Truffle Capital, dans un communiqué.
Ainsi si certes le secteur en 2013 a connu la croissance (+2,7%), son nouveau reste largement inférieur à ce que l’industrie a pu connaître les années précédentes : 9,2% en 2012, ou encore 20% en 2011. Au total, l’industrie a généré des revenus totaux de 57,4 milliards d’euros, dont 42,2 milliards d’euros dans le logiciel pur. Mais le plus inquiétant, dans ce climat de ralentissement, est bien que la courbe des investissements en R&D a cette fois-ci croisé celle des profits. En 2013, les entreprises du Truffle 100 ont dépensé 6,9 milliards d’euros en R&D mais n’ont généré que 6,3 milliards d’euros de profits. Les dépenses en R&D restent toutefois stables d’une année sur l’autre, note encore le baromètre. Les bénéfices ont revanche cru de 10% en un an.
La France, 3e derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne
Dans ce contexte, les revenus générés par le secteur restent encore essentiellement alimentés par le haut du classement. 63% du CA et des profits sont réalisés par les 10 premiers éditeurs. Presque logiquement, SAP surclasse largement le secteur et truste 39% des revenus et profits à lui seul. Derrière, on retrouve le Français Dassault Systèmes suivi par le Britannique Sage. A eux trois, ils pèsent pour 47% des revenus et profits du secteur.
Notons enfin que la France représente 11,9% du chiffre d’affaires du secteur, avec 21 éditeurs classés dans ce Truffle 100, contre 19 en 2012. Elle se classe en 3e position, derrière le Royaume-Uni (20 éditeurs pour 12,8% du CA) et, n°1 l’Allemagne, qui pèse presque 50% du CA généré par le secteur avec 15 éditeurs - dont SAP, Wincor Nixdorf, Software AG, Datev dans les 10 premiers.
« Les éditeurs de logiciels ne s'adaptant qu'avec lenteur à ces nouvelles tendances de consommation [NDLR : mobile, Cloud, Big Data, tablettes, smartphones, réseau sociaux, …] sont confrontés à des baisses de chiffre d'affaires et à une réduction de leurs marges de profit. Dans le même temps les innovateurs engrangent des gains significatifs en parts de marché et volumes de production. En d'autres termes, les éditeurs européens de logiciels sont sous le coup de pressions considérables », commente à son tour Bo Lykkegaard, analyste chez IDC, cité dans un communiqué.