Et soudain, Tibco devint un acteur du Big Data

A l’occasion de sa conférence Tibco Now, l’éditeur américain a montré l’intérêt grandissant qu’il portait au Big Data. Un nouveau visage post-rachat.

On tombe parfois sur des pépites à des endroits totalement inattendus. Tibco a sans doute l’activité la moins passionnante du marché de l’informatique (du middleware, c’est-à-dire les moulinettes qui servent à faire passer les données d’une application à l’autre, alors qu’elles ne sont pas prévues pour).

Mais caché au fin fond du nouveau catalogue de logiciels qu’il a présenté cette semaine, lors de Tibco Now 2014, on trouve la seule clé qui serve vraiment à démarrer un projet Big Data sur le marché : R.

« Oubliez tous les logiciels de décisionnels que vous connaissiez. Pour tirer une tendance d’un amalgame de données qui n’ont rien à voir ensemble, c’est-à-dire faire vraiment du Big Data, les seuls outils qui fonctionnent sont ceux des statisticiens : le commercial MathLab et l’Open source R », dit Lydwine Gross-Colzy, responsable du pôle scientifique, Capgemini.

Selon elle, même si R est désormais livré  - offert, en fait - avec l’ensemble des solutions de BI, aucune d’entre elles ne permet de l’utiliser, puisqu’il n’est pas connecté aux outils de reporting natifs. « Ce n’est pas le cas chez Tibco, où Terr, l’implémentation maison de R, dispose désormais de moulinettes pour aller chercher ses données dans n’importe quelle application, ou depuis n’importe quel objet connecté et ressort ses analyses dans un dépôt de données depuis lequel Jaspersoft crée des rapports. Il est aussi possible de directement lancer des simulations de situations futures dans Terr depuis notre outil graphique Spotfire », détaille Mark Hudson, Architecte Solutions, chez Tibco.

De l’infrastructure aux métiers

Tibco a ainsi présenté un nouveau panel de logiciels plus orientés que jamais Big Data. Ainsi, les connecteurs de sa plateforme Fast Data - qui permettent de récupérer automatiquement les informations de Salesforce pour les donner à traiter à un outil de décisionnel SAP, par exemple - incluent à présent des pilotes pour les objets connectés. En pratique, les images vues par des Google Glass peuvent nourrir le CRM de Salesforce, ce qui peut en retour changer automatiquement un affichage publicitaire en boutique.

Les flux de données se programment au sein de l’IDE ActiveMatrix BusinessWorks 6.2, qui permet désormais de modifier à la volée les messages que s’échangent les applications ou les données. Un nouvel outil, Simplr, est censé servir à la même chose mais avec une interface plus simple. « Notre enjeu est de ne plus nous adresser seulement aux informaticiens, mais aussi aux métiers. Nous allons vers une ‘game-ification’ de la tuyauterie », commente Maurizio Canton, le CTO EMEA de Tibco.

Surtout, Tibco ne se contente plus de faire de la tuyauterie. A présent, l’éditeur analyse aussi les données. « Nous avons racheté la plateforme de décisionnel Open source Jaspersoft cette année pour être un acteur de ce marché. Et nous sommes sans doute les plus crédibles, car nos connecteurs ont fait leurs preuves dans les datacenters les plus critiques, ceux des milieux financiers. Aujourd’hui, nous voulons adresser en plus le monde du retail, du voyage, etc. », explique au MagIT Vivek Ranadivé, le CEO de Tibco. Signe des temps, Jaspersoft 6 et Spotfire sont désormais disponibles en ligne, directement dans le portail du cloud public AWS d’Amazon, sans avoir besoin d’infrastructure et de la DSI qui va avec.

Un catalogue qui s’élargit à marche forcée

Racheté en septembre dernier par le fonds d’investissement Vista Equity Partners pour 4,3 milliards de dollars, Tibco semble désormais tenu de trouver de la croissance en dehors de son métier d’origine. A marche forcée visiblement. L’éditeur a transformé, toujours en septembre dernier, le logiciel d’orientation des flux de données commerciales Loyality Lab, en un nouveau produit Engage, censé permettre aux équipes marketing d’offrir des promotions ou des coupons de fidélité à leurs clients en temps réel, du capteur biométrique devant lequel ils viennent de passer à leur smartphone. « On s’éloigne pour le coup beaucoup de l’activité de base. Les partenaires habituels de Tibco, les intégrateurs, ne savent pas quoi faire d’Engage. Nous ne sommes pas crédibles pour le vendre à des services marketing, ni même pour juger sa qualité », commente un partenaire présent sur le salon qui a tenu à conserver l’anonymat.

 

 

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