Hitachi promeut HDS pour mettre du Big Data dans l’énergie et les transports
Lors de son salon Hitachi Innovation Forum, qui s’est tenu à Tokyo en fin de semaine dernière, la maison mère japonaise a dévoilé une stratégie dite Social Innovation qui consiste à relier l’ensemble de ses activités à sa filiale Hitachi Data Systems (HDS) spécialisée dans le stockage de données.
Il se pourrait bien que HDS devienne bientôt un peu plus qu’une simple filiale perdue au beau milieu des 930 divisions que compte Hitachi. Lors de son salon Hitachi Innovation Forum, qui s’est tenu à Tokyo en fin de semaine dernière, la maison mère japonaise a dévoilé une stratégie dite Social Innovation qui consiste à relier l’ensemble de ses activités à sa filiale Hitachi Data Systems (HDS) spécialisée dans le stockage de données.
« Notre croissance économique passera par l’amélioration des infrastructures urbaines et sociales. Tous nos équipements de production d’énergie, tous nos systèmes de guidage, tous nos appareils du quotidien seront désormais proposés avec un package IT qui servira à analyser la donnée à la source et prendre des décisions en temps réel. L’enjeu est de permettre aux sociétés humaines de mieux répartir l’énergie pour éviter les coupures d’eau ou d’électricité, de fluidifier leurs trafics urbains et d’améliorer la qualité de vie de leurs concitoyens », a ainsi déclaré Hiroaki Nakanishi, le PDG d’Hitachi, lors de son discours d’ouverture.
Des chantiers industriels packagés avec des appliances UCP « Big Data »
En pratique, Hitachi veut incarner l’entité industrielle sur un marché des objets connectés aujourd’hui essentiellement occupé par des startups. Les chantiers en cours concernent des capteurs pour l’e-santé, la fluidification du trafic ferroviaire avec des trains qui se parlent entre eux, la répartition optimale d’énergie avec des centrales qui discutent avec des compteurs, des caméras de surveillance qui reconnaissent les visages, des bornes lasers qui suivent des clients dans une boutique ou sur un terrain de sport, etc. « Pour HDS, il s’agit de placer des appliances UCP préconfigurées avec une batterie de logiciels Big Data au cœur de chacun de ces projets industriels », détaille Ravi Chalaka, le vice-président marketing en charge des solutions chez HDS.
D’après les informations obtenues sur le salon Hitachi Innovation Forum, la partie logicielle des UCP dits Big Data de HDS comprendrait dans un premier temps trois composants. HSDP (Hitachi Stream Data Processing) est une sorte de couche réseau qui collecte les données en provenance des capteurs et les envoie en temps réel à un système de surveillance externe, conçu à façon par une entité service de HDS. HADI (Hitachi Advanced Data Integrator) fonctionne en parallèle de HSDP pour transformer à la volée les données au format SQL et les envoyer à HADB v2 (Hitachi Advanced Data Binder, version 2). Ce dernier est un serveur de base de données annoncé comme 100 fois plus rapide que les serveurs SQL conventionnels car il traiterait les données en mode « Out of order », c’est-à-dire en groupant les opérations de calculs plutôt qu’en les entrelaçant parmi les fonctions d’enregistrement.
HSDP, HADI et HADB ont déjà été mis en œuvre dans les projets industriels EMS (Energy Management Solution) et ATOS (Autonomous Train Operation System) déployés au Japon. Ils supposent des développements sur mesure, spécialement adaptés à leurs formats de données. Ce n’est pas vraiment dans l’esprit Big Data/Internet des objets, où l’ensemble du marché plaide pour une standardisation autour de la base non-SQL Hadoop. « Pour compléter notre offre, nous dévoilerons en février prochain une alliance avec Hortonworks, l’un des principaux éditeurs d’une implémentation Hadoop », a confié Ravi Chalaka au MagIT. Il refuse de commenter le rachat possible de cette entreprise par HDS.
Vers un nouvel HDS ?
Et Ravi Chalaka d’en dévoiler un peu plus sur l’avenir de HDS : « nous annoncerons une plateforme Big Data prête à l’emploi pour les opérateurs télécoms lors du prochain Mobile World Congress, en mars 2015 à Barcelone. Notre premier client sera British Telecom. Et c’est dans le mois qui suit que nous dévoilerons le repositionnement complet de HDS dans le portfolio Hitachi », a-t-il dit au MagIT.
HSDP, HADI et HADB faisaient partie jusqu’ici du portfolio de l’entité Hitachi ITS (Information & Telecommunication System). ITS est la branche ouvrière d’Hitachi Consulting, une division inconnue en Europe, à part au Royaume Uni et en Espagne où des antennes locales relaient des équipes basées en Inde. Passer ces logiciels sous l’égide de HDS devrait favoriser leur rayonnement à l’international. On ignore encore si la division HDS sera à terme fusionnée avec ITS, voire directement avec Hitachi Consulting, ou si elle en restera, administrativement, une entité subalterne.
L’enjeu de trouver un relai de croissance
Fabricant de pelleteuses, de trains, de bateaux, d’équipements pour les centrales nucléaires, de panneaux électriques, de pompes à chaleur, d’électroménager, de microcontrôleurs, d’écrans et même de sex toys, Hitachi affiche officiellement une croissance mondiale de 9% sur son dernier CA annuel. Mais ce résultat est en réalité négatif si l’on considère que le Yen a chuté de 30% sur la même période. « Hitachi a besoin de trouver un relai de croissance et les thèmes développés dans sa stratégie Social Innovation sont particulièrement audibles au Japon où la population est vieillissante, où les coupures d’eau et d’électricité sont fréquentes depuis l’arrêt des 54 réacteurs nucléaires au lendemain de l’accident de Fukushima et où la régularité des train est une fierté nationale », observe Yann Rousseau, correspondant du journal les Echos au Japon. Il refuse de se prononcer sur la supposée portée internationale de cette stratégie.
Pour sa part, HDS (Hitachi Data System) est, selon Gartner, le cinquième acteur du stockage avec 8,8% de parts de marché, derrière EMC (36%), IBM (14%), NetApp (10,5%) et HP (9,6%). Selon IDC, HDS serait même sixième derrière Dell. Les deux bureaux d’analyse s’accordent à dire que les résultats de cette division sont en baisse. Pour le constructeur, la vente de logiciels et de services dans le Big Data pourraient être un relai de croissance plus important que celle des baies de stockage.