IBM réduit ses effectifs en Inde
Ce mouvement serait le signe d’une tendance plus large de reflux de l’intérêt pour la main d’œuvre à bas coût dans l’IT.
IBM aurait réduit de 50 000 ses effectifs en Inde au cours des trois dernières années. Et ce ne serait qu’un début marquant le reflux de l’intérêt des grands des services IT pour les ressources à bas coût.
Non confirmée – IBM n’ayant pas l’habitude de détailler ses effectifs par pays –, la réduction serait cohérente avec l’évolution des modèles de fourniture de services et de la demande en matière d’externalisation IT. Selon une source, TCS serait désormais le principal concurrent d’IBM Global Services.
Ainsi, selon l’Economic Times of India, Big Blue a réduit ses effectifs indiens entre 2011 et 2014, les faisant passer de 165 000 à 113 000. Selon des sources proches du groupe, citées par nos confrères, celui-ci envisagerait de ramener ses effectifs dans le sous-continent à 100 000 en 2015. IBM emploie un total de 431 000 employés à travers le monde. Il fut un temps le premier employeur en Inde du secteur des services IT.
Mais de nouvelles technologies, à commencer par celles d’automatisation, avec Watson en particulier, ou encore le Cloud Computing, réduisent le besoin en faveur d’effectifs offshore importants pour exécuter des processus métiers et assurer le développement logiciel. O2, par exemple, utilise les outils d’automatisation de Blue Prism pour réduire son recours à l’offshore lorsqu’il doit absorber des pics de charge.
Les prestataires de services IT ont traditionnellement cru de manière linéaire, recrutant pour réaliser de nouveaux contrats. Dans de nombreux cas, cela a impliqué des recrues offshore en grand nombre. Mais les fournisseurs de services essaient désormais d’atteindre le Saint Graal de la croissance non-linéaire. Ce qui signifie augmenter l’activité sans renforcer les effectifs et, ainsi, limiter la progression des coûts associée à celle de l’activité.
Parallèlement, le recours croissant au Cloud Computing contraint les prestataires de services IT à proposer des services de support de plus haut niveau, tout en induisant, pour eux, un besoin moins important en services de développement logiciel.
IBM n’abandonne pas l’offshore
Dans une récente présentation aux analystes, IBM a indiqué ne pas s’éloigner du modèle offshore, mais prévoir de tirer profit de ses centres mondiaux de fourniture de services pour être plus compétitif.
« Dans certains domaines où notre offre n’est pas bien différenciée, nous continuons d’observer une pression sur les prix et sur les marges, » expliquait un communiqué d’IBM. « Ce sont les domaines où nous serons plus agressifs dans l’utilisation de nos centres de fourniture de services et dans l’application de notre propriété intellectuelle pour accélérer la création de valeur pour nos clients et améliorer les résultats pour nous. »
Lors de la présentation de ses résultats pour le troisième trimestre 2014, IBM a indiqué un recul de 3 % sur un an des ventes de Global Services à 13,7 Md$, pour un bénéfice avant impôts en retrait de 11 %.
La concurrence de TCS
L’avocat spécialiste de l’externalisation Mark Lewis, du cabinet Berwin Leighton Paisner ne saisit pas pleinement la stratégie d’IBM mais tend à le comparer à TCS, la première SSII indienne.
TCS emploie 276 195 personnes à travers le monde, 92,3 % d’entre elles étant indiennes. Seulement un peu plus de 21 000 employés de TCS ne sont pas indiens, dont plus de 10 000 au Royaume-Uni. « TCS parvient à croître à la fois de manière linéaire et non-linéaire. Il continue de recruter fortement en Inde, mais il construit un effectif mondial solide en parallèle », estime Lewis.
Mais si IBM est la plus grosse SSII au monde, Lewis doute qu’il montre la voie en matière de stratégie pour les services IT : « tant que sa stratégie n’est pas plus claire, il est difficile de dire s’il montre ou pas la tendance. »
Selon Peter Schumacher, Pdg du cabinet de conseil Value Leadership Group, IBM perd du terrain face aux SSII offshore. Il s’appuie pour cela sur des entretiens avec environ 200 entreprises du monde entier ayant recours à l’externalisation. « Les prix sont une raison. Mais, surtout, les principaux clients citent l’arrogance d’IBM et ses faibles capacités à nouer des partenariats. En d’autres termes, IBM est perçu comme manquant de compétitivité sur les prix, de flexibilité opérationnelle, et de proximité avec le client. C’est un mélange complexe de problèmes liés et les résoudre peut prendre des années », estime-t-il.
La présence plus forte des SSII offshore a donné aux clients des leviers importants pour négocier avec IBM, relève-t-il en outre, soulignant qu’ils s’en servent pour obtenir des concessions sur les prix et renégocier les contrats. Selon lui, TCS est le principal challenger d’IBM Global Services. « En Europe, TCS va ajouter près de 1 Md$ de nouveaux contrats en 2014, ce qui souligne l’énorme confiance que lui accorde le marché. »
IBM reste un indicateur
Mais pour Lee Ayling, de KPMG, IBM continue d’être présent dans les contrats d’externalisation mondiaux : « je ne pense pas qu’IBM ait quitté la balle des yeux dans les services – il avance discrètement. »
Et selon lui, IBM peut continuer d’être considéré comme un indicateur des tendances dans le domaine des services IT. Dans quatre grands contrats dans lesquels Lee Aying a été impliqué, IBM était présent : « IBM est plus que souvent présent dans les grands contrats. »
Dès lors, pour lui, la réduction des effectifs d’IBM en Inde pourrait être liée à recul du recours au BPO (externalisation des processus métiers) au profit des services IT.
En outre, un ancien dirigeant d’IBM a assuré que le groupe se concentre sur les marchés en croissance, ce qui pourrait se traduire par une progression des effectifs en Chine ou en Amérique du Sud.
Avec nos confrères de ComputerWeekly.