SAP : la France en pointe sur HANA, le Cloud en phase de dé-collage ?

Lors de l’annonce des résultats trimestriels de SAP, Henri van der Vaeren, Directeur général de la filiale française, est revenu sur la dynamique de l’éditeur.

Lors de l’annonce des résultats trimestriels de SAP, Henri van der Vaeren, Directeur général de la filiale française, est revenu sur la dynamique de l’éditeur. Avec deux enseignements principaux sur sa zone.

70 clients français sur HANA

Le premier concerne HANA. La France est en effet devenue le marché numéro 1 en Europe pour la base de données In-Memory de SAP. Un décollage que Henri van der Vaeren pressentait l’année dernière et qui s’est, semble-t-il, confirmé au-delà des espérances de l’éditeur

SAP revendique aujourd’hui 70 clients français sur HANA. « Et 100 % de nos nouveaux clients démarrent directement sur HANA », ajoute le Directeur général. Pour lui, les bénéfices de la base - qui allie mise en cache des données, base en colonnes, compression et traitement temps-réel - séduisent d’une part par les bénéfices métiers qu’ils apportent, et d’autre part « par la simplification de l’architecture IT qu’elle permet » par rapport à l’existant. Un existant souvent sur Oracle.

Oracle. Un concurrent évidemment ciblé mais rarement cité explicitement. à une exception. « Plusieurs de nos clients lors d’un renouvellement ont souhaité sortir totalement de leurs bases Oracle et sont passés à HANA », lance - sans forfanterie - Henri van der Vaeren. Les clients en question sont deux entreprises du CAC 40, dont une dans l’industrie, « mais je ne peux pas les citer ».

Dans les services - dont les services aux consommateurs - et dans le secteur de l’industrie manufacturière et des composants (Discrete), SAP n’aurait par ailleurs perdu aucun appel d’offres face à Oracle sur le trimestre dans le In-Memory. « On a même de plus en plus de Win Back (NDR : clients partis à la concurrence qui reviennent) », se félicite un autre porte-parole de l’éditeur allemand.

Parmi les 70 clients français, Atos a été récemment signé par SAP. L’ESN utilisera HANA pour certains de ses développements et pour héberger des applications clients. Autre référence avancée par Henri van der Vaeren : Téléperformance. Le leader de la « gestion multicanale de l'expérience client externalisée » (ou BPO pour Business Process Outsourcing) a migré sa solution SAP FI/CO (Financial Accounting et Controlling) sur HANA, notamment pour améliorer ses reportings. « Une première mondiale », dixit le Directeur Général.

Plus largement, SAP France a affiché une progression de 16 % de ses ventes de licences et logiciels sur le trimestre écoulé (contre un léger recul de 2% au niveau mondial).

Un SaaS intégrépour éviter les « spaghetti dans le nuage »

Autre constat mis en avant par Henri van der Vaeren, le Cloud B2B devient une réalité comptable pour SAP. Un constat qui s’applique désormais aussi en France.

« Nous étions un peu en retard en 2013, mais nous sommes en train de le rattraper », constate le responsable de la filiale, « le Cloud en France démarre fort et j’espère dans un an vous dire la même chose que pour HANA .»

SAP ne donne pas de chiffres d’affaires par pays mais son activité Saas aurait progressé en France de 110 % de trimestre à trimestre. Une avancée qui s’expliquerait par le fait que les solutions Cloud de SAP sont intégrées avec ses autres outils. « Ce qui évite à nos clients d’avoir des spaghetti dans le nuage », plaisante Henri van der Vaeren, « ce qui n’est pas beaucoup mieux que d’avoir des spaghetti dans la cave ».

En France, le Cloud de SAP est tiré majoritairement par les solutions HCM (dont l’activité a quasiment doublé de trimestre à trimestre) et dans une moindre mesure par le CRM (+400 %, « mais on part de plus loin », tempère le responsable). Parmi les gros contrats, le spécialiste des conteneurs en verre et en métal, la société Ardagh (20.000 employés), bien que basée en Irlande, a signé avec SAP France pour la totalité de la solution de ressources humaines Saas (Employee Central, Compensation, Performances & Goals, Développement & Succession, Learning). « A ma connaissance, nous n’avons perdu aucun contrat face à Workday en France », se réjouit Henri van der Vaeren.

Interrogé par LeMagIT, le Directeur général admet en revanche que le marché français reste plus timide en ce qui concerne les ERP en mode Saas (comme SAP byDesign ou Business One Cloud).

Au niveau monde, sur un objectif global d’un milliard de dollars de revenus sur l’année dans le Saas, SAP affiche en octobre un chiffre d’affaires cumul sur les neufs premiers mois d’activité de presque 740 millions. Légèrement en avance sur ses temps de passage prévu, donc.

Sur le seul troisième trimestre fiscale, SAP confirme que, désormais, ses ventes liées au Cloud (277 millions dans le monde) représentent 30 % de ses ventes de licences sur site (951 millions, hors contrat de support).

18 milliards de dollars d’achats pour se muer en « Cloud Company »

Pour réaliser sa transition vers une « Cloud Company », SAP n’a pas lésiné sur les moyens financiers. « A chaque fois que nous avons identifié une faiblesse dans notre offre, nous avons pris les mesures pour la combler », rappelle le Directeur général France. Ce qui, dans la majorité des cas, est passé par un rachat.

Depuis 2011, SAP a dépensé plus de 18 milliards de dollars en acquisitions. Dans les RH, avec SuccessFactors en 2011, pour 3,4 milliards. Dans le « Business Nerworking » avec Ariba en 2012, pour 4,3 milliards (« Ariba réalise aujourd’hui plus de transactions que eBay et Amazon réunis »). Dans le e-commerce avec Hybris en 2013, pour environ un milliard (« ce qui nous a permis d’aller plus vers le Front Office »). Et en 2014 avec FieldGlass (gestion des intérimaires) pour un milliard, SeeWhy (spécialiste de l’analyse temps réel du  « parcours client », pour un montant confidentiel) et dernièrement Concur (gestion des notes de frais et des déplacements professionnels) pour 8,3 milliards.

Résultat, dans le monde, SAP revendique aujourd’hui 25 millions d’utilisateurs Cloud « hyper B2B » - et 50 millions lorsque la procédure de rachat de Concur sera achevée. Pour Henri van der Vaeren, ces chiffres font que « SAP est déjà leader dans le Cloud » et qu’il aura, avec Concur, « une longueur d’avance supplémentaire sur nos concurrents ».

Des concurrents qui affirment par ailleurs eux-aussi être des « leaders incontestés » du Cloud. Larry Ellison se targuait par exemple fin septembre, sur la scène de l’Oracle Open World, de posséder un Cloud à plus de 60 millions d’utilisateurs. Quinze jours plus tard, Salesforce.com revendiquait lui plus de 100.000 clients. Mais, toujours pas bénéfices.

 

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