Wave : Salesforce dévoile son (très attendu) Cloud analytique
Le groupe de Marc Benioff a franchi une étape supplémentaire dans ses efforts pour combler le manque de fonctionnalités BI de ses produits actuels
Cette semaine, Salesforce.com a dévoilé sa – très attendue – offre analytique. Baptisée « Wave: the Salesforce Analytics Cloud », cette nouvelle plate-forme vise à démocratiser l'analyse de données pour les utilisateurs métiers.
Analytics Cloud est en effet conçu pour rendre les analyses statistiques compréhensibles et abordables pour les opérationnels, les différents analystes, les développeurs et les profils techniques de l’entreprise. Elle veut en substance leur permettre de compiler rapidement des données, aussi bien structurées que non structurées, et leur retourner des modélisations pertinentes sur tout type d’appareils. Avec cet outil, les utilisateurs métiers peuvent naviguer dans leurs données de manière visuelle (par glisser déposer ou par sélection au doigt ou à la souris) plutôt qu’avec des requêtes traditionnelles. Ils peuvent, d’après Salesforce, analyser quelques 17 millions de lignes en quelques secondes.
« Il existe enfin un outil analytique pour les gens comme vous et moi », se félicite Anna Rosenman, Directrice et responsable du Salesforce Analytics Cloud. Tirer des informations pertinentes des données brutes de l’entreprise est devenu une source de valeur pour les métiers. Etre capable d’en tirer la substantifique moelle procure un avantage compétitif majeur de plus en plus important.
Lancé en 1999, Salesforce.com a attaqué le marché des CRM avec son offre Cloud, un marché à l’époque presque entièrement « sur site ». Une première diversification a été réalisée avec l’application de média social professionnel Chatter, puis une deuxième avec la mobilité et les offres d’apps pour smartphones et tablettes de Salesforce1. L’Analytics Cloud a été présenté comme la vague suivante de développement de la plateforme CRM, avec des fonctionnalités capables de transformer un océan de données en informations assimilables en temps réel.
Cette nouvelle offre peut également être vue comme une réponse aux critiques qui pointaient du doigt le manque d’ outils de BI dans la gamme Salesforce. Beaucoup d’analystes et de clients attendaient en effet une application native qui leur évite d’exporter leurs données vers Excel.
« Nous avons eu des doléances de la part de clients qui voulaient plus de reportings personnalisables », rapporte par exemple Geneva Stephens, une experte en CRM qui travaille chez l’opérateur américain AT&T. « Ne pas avoir à exporter d’informations dans un autre logiciel sera un bon moyen de garder les gens sur la plateforme et d’être plus efficace. »
Salesforce a essayé de combler ses lacunes en BI depuis deux ans, le projet Wave étant en développement depuis 2012. En juin 2013, la société a ainsi acquis EdgeSpring, un outil d’analyse décisionnelle, et en juillet, RelateIQ. Début Septembre, Marc Benioff, le PDG de Salesforce, avait même évoqué Wave dans un tweet. La communauté de ses utilisateurs attendait depuis avec impatience d’en savoir plus sur cette annonce.
De l’analyse décisionnelle à l’Internet des Objets et aux habits connectés
L’Analytics Cloud a pour objectif premier d’être une aide à la décision pour les entreprises en leur permettant de gérer plus facilement l’avalanche d’informations auxquelles elles sont soumises. Un simple chiffre. Presque 90 % des données professionnelles auraient été générées sur ces deux dernières années, selon IBM.
En plus de cette multiplication des données « traditionnelles », que beaucoup d’entreprises n’arrivent déjà pas à gérer, s’ajoutent au fur et à mesure celles qui viennent des réseaux sociaux et celles issues de capteurs de plus en plus présents dans les objets connectés à Internet. Wave a également été présenté comme un moyen de répondre à ces nouveaux défis. Défis auxquels s’ajouteront, prédisent les analystes, celui de traiter les remontés des vêtements connectés dits « intelligents », eux aussi en plein boom.
Pour illustrer les capacités de sa plateforme, Anna Rosenman a fait une démonstration sur scène en montrant comment l’Analytics Cloud pouvait changer la manière de travailler d’une entreprise qui gère les chaines d’approvisionnement pour d’autres sociétés. Auparavant, explique-t-elle, notre entreprise aurait été obligée de fournir un rapport de 300 pages pour justifier pourquoi et comment elle avait géré les inventaires de ses clients. Avec Wave, « ils peuvent intégrer les données des machines (sur la manière dont elles déplacent les cartons de livraison, à l’entrée, dans et à la sortie de la supply chain) et les mélanger avec celles issues d’un ERP comme SAP par exemple, et voir instantanément le résultat », explique la responsable. « Au lieu d’avoir un document de 300 pages, ce qui prend au passage des semaines à écrire, tout est automatiquement connecté et remonté dans Salesforce Analytics Cloud. Et vous pouvez visualiser la synthèse des résultats des opérations sur un seul et simple tableau de bord, là où auparavant il fallait beaucoup de papier ».
Selon Stephanie Buscemi, ancienne de chez SAP et aujourd’hui vice-présidente de Salesforce, Analytics Cloud Wave sera disponible, sur abonnement, en deux modes : Explorer (pour les utilisateurs métiers) et Builder (pour l’IT et les Data Scientists). Les tarifs devraient être explicités sur le site de l’éditeur d’ici le 20 octobre.
Les analystes du secteur attendaient avec impatience cette nouvelle brique de l’offre de Salesforce, même s’ils restaient prudents. Car si l’éditeur est connu pour son savoir-faire à rendre intuitifs des résultats complexes, résument-ils en substance, l’analytique en temps réel à la portée de tous resterait encore à ce jour une quadrature du cercle bien difficile à résoudre.
« Je ne doute pas qu’ Analytics Cloud fonctionne exactement comme Salesforce nous l’a montré », veut cependant croire l’expert fondateur d’une agence de consulting spécialisée dans les CRM, Marshall Lager. « Il y a certes toujours l’éventualité qu’à l’usage, Wave fasse un gros plouf, mais il me tarde de voir débarquer ce nouveau navire amiral de Salesforce.com ».
Traduit par la rédaction