Open World 2014 : Oracle se dresse en roi du Saas
A l’occasion de sa conférence Open World 2014, Oracle a exposé son vaste catalogue d’offres Saas, et décrypté un peu plus qu'elle était sa stratégie dans ce domaine.
Qu’il semble loin le temps où Larry Ellison tirait à boulets rouges sur le « nuage informatique ». Aujourd’hui, le Cloud est le sujet central de l’Oracle Open World, la grand messe annuelle de son entreprise qui se tient cette semaine à San Francisco.
PaaS, SaaS, IaaS y ont été au coeur des interventions du désormais ex-PDG (et nouveau Directeur Technique) d’Oracle, et d’un de ses deux successeurs au poste, Mark Hurd.
Une stratégie « Build and Buy » pour un Cloud de « bout en bout »
Il faut dire que l’éditeur a fortement investi en interne et multiplié les rachats pour se doter d’un Cloud de « bout en bout » allant du IaaS au SaaS en suivant une stratégie de « build and buy ». « Acheté », comme récemment avec Micros pour la solution hébergée dédiée à l’hôtellerie restauration. « Fait en interne », comme les solution SaaS d’ERP et de « Core RH ».
« Nous ne pouvons pas être juste un spécialiste du SaaS comme Salesforce.com ou du IaaS comme Amazon, nos clients attendent de nous que l’on soit capable de tout leur fournir », attaque Larry Ellison.
« Nous aimons le Cloud », renchérit Mark Hurd devant la presse internationale. Cette évolution d’Oracle vers le Cloud est en fait pragmatique. « Nous allons là où nos clients veulent aller », explique Mark Hurd pour justifier cette stratégie. Une évolution importante qui, assure-t-il, ne cannibalisera pas les produits traditionnels sur site d’Oracle. « Au contraire, notre business on-premise continue de croitre en même temps que notre Cloud », se réjouit-il.
Reste qu’Oracle et Cloud ne sont pas encore deux noms immédiatement associés dans l’esprit de nombreux professionnels IT.
Une situation que Larry Ellison et ses équipes ont décidé de changer lors de l’Oracle Open World 2014 en revenant sur une offre encore jeune - mais mature, martèle l’ancien PDG. Une offre foisonnante qui couvre désormais aussi bien le IaaS, que le PaaS et le SaaS et dans laquelle il peut être facile de se perdre.
SaaS : l’ère de l’ERP et de l’EPM est arrivé
Pour Larry Ellison, le SaaS a connu trois phases successives - qui structurent son offre d’applications professionnelles à la demande.
La première a concerné « l’expérience client » au sens large. Comprendre les outils CRM, de gestion des forces de ventes, de pricing, de conception et de suivi de campagne, de marketing ou de e-commerce. Dans ce domaine, Oracle - qui affirme proposer une gamme plus complète que Salesforce avec plus de 200 produits SaaS - revendique une place de leader et 4.257 clients allant d’American Express à Fiat et Volvo, en passant par Siemens ou Décathlon.
C’est dans cette catégorie que l’on retrouve un des produits SaaS particulièrement mis en avant cette année par Oracle : son Facebook d’entreprise (Oracle Social Network) qui compterait entre quatre et cinq millions d’utilisateur.
Toujours d’après le créateur d’Oracle, la deuxième vague de « cloudification » a débuté il y a environ cinq ans. Celle-ci a touché les solutions traditionnelles de gestion de Ressources Humaines (Human Capital Management). Dans ce domaine du SaaS également, Oracle revendique une position de numéro un du marché en affirmant qu’il propose les outils classiques de gestion des talents ou de la paie, mais également des solutions dîtes de « core RH ». Le tout avec des fonctionnalités liées aux réseaux sociaux pour, par exemple, mieux gérer les messages internes avec ces nouveaux médias.
Sur le HCM, où se positionne également la concurrence comme SAP avec SuccessFactor, Oracle affiche officiellement 5.359 clients. Parmi eux, American Airlines, la Barclay’s, BMW ou Nestlé.
La troisième vague du SaaS est celle qui se déroule actuellement. Et elle concerne l’ERP.
Les ERP en mode hébergé sont encore jeunes. Ils ont à peine deux ans. Il est encore tôt pour dire si ceux-ci séduiront les entreprises (question que pose par exemple l’échec d’un SAP ByDesign). Mais Oracle se montre optimiste. Sa solution SaaS a été entièrement développée en interne (« on n’a pas pu l’acheter, personne ne faisait cela », lance fièrement Larry Ellison, « pourquoi on l’a pas fait avant ? Parce que c’est dur. Cela nous a pris un an »).
Dans cette catégorie du portefeuille SaaS d’Oracle, on retrouve évidemment l’ERP mais aussi les solutions de gestion financière ou d’approvisionnement (Supply Chain). Lancé récemment, cette gamme compterait exactement 304 clients, majoritairement des grands groupes multinationaux (Boeing, Michelin, la Société Générale ou Orange). Mais « le Cloud nous permet aussi d’attaquer encore plus le mid-market », tempère Mark Hurd. Un fait particulièrement vrai pour l’ERP.
Dernière brique en date - incluse sous la bannière ERP - l’EPM en mode SaaS (Enterprise Performance Management) lancé il y a environ 6 mois a déjà conquis 150 entreprises (comme Heinz, Brother ou Netflix).
505 applications SaaS
Pour les cadres d’Oracle, les solutions Cloud ERP/EPM ne peuvent que progresser (TCO plus bas, simplicité de gestion, etc.). Questionnés par LeMagIT, ils estiment que ce marché devrait arriver à maturité d’ici deux à cinq ans.
Preuve du coup d’accélérateur d’Oracle sur la partie SaaS de son offre, l’entreprise a multiplié les annonces de sorties de produits : Oracle Analytics Cloud (une solution de BI intégrée d’analyse Big Data), mise à jour de Oracle HCM Cloud pour les RH ou encore la sortie d’une offre de Data as a Service pour les forces de ventes (en fait une source de données commerciales certifiées). Au total, le SaaS d’Oracle compte, d’après nos estimations (aucun chiffre officiel n’étant disponible) un peu plus de 480 références, réparties donc dans ces trois groupes métiers (CX, HCM, ERP).
En parallèle, vingt trois applications dédiées aux industries ont été lancées. Elles se répartissent en douze verticaux qui structurent cette autre gamme SaaS d’Oracle (Communication, Santé, Education, Automobile, Aérospatial et Défense, Finance, Biens de consommation, Industrie Manufacturière, Energie, Agroalimentaire, Hôtellerie Restauration, Distribution).
« En tout, nous avons récemment annoncé 173 nouvelles applications SaaS », résume Mark Hurd. Soit un tiers de la gamme. Un chiffre qui illustre le nouvel investissement d’Oracle.« Nous sommes les seuls à proposer une suite complète de solution SaaS aussi vaste et totalement intégrée », se targue le dirigeant qui y voit au passage un signe majeur de différenciation de son cloud applicatif.« Les entreprises ne veulent plus travailler horizontalement avec une centaine de solutions différentes ou une centaine de Clouds différents ».
Une manière de critiquer ses concurrents populaires et 100% Cloud comme Salesforce ou Workday, qualifiés de « fournisseurs d’application unique culturellement centrée sur les Etats-Unis ».