Cloudbees stoppe son Paas et mise tout sur Jenkins
Une page se tourne pour CloudBees, qui prend la décision d’abandonner son offre de Paas d’exécution RUN@Cloud pour se concentrer uniquement sur ses offres Jenkins.
Ce n’est finalement qu’une demi-surprise. Cinq mois après avoir annoncé une offre entreprise de Jenkins et un renforcement de son offre autour du serveur Open Source d’intégration continue, Cloudbees a décidé de quitter le marché du Paas (d’exécution). La société, un pure-player de la plate-forme Cloud Java fondée par Sacha Labourey (ex Jboss) abandonne les développements de son offre RUN@Cloud, pour baser son modèle sur Jenkins.
Il faut préciser que Cloudbees s’est forgé une solide compétence autour de Jenkins et de l’intégration continue. La société a notamment recruté le créateur de Jenkins Kohsuke Kawaguchi et l’a promu au poste de CTO de la société. Soulignant à demi-mot le poids de Jenkins dans le modèle de Cloudbees. Selon Sacha Labourey, à la fin 2013, RUN@Cloud comptait pour un tiers de revenus de Cloudbees contre deux-tiers pour les offres Jenkins Entreprise ainsi que le centre opérationnel. A la fin 2014, Cloudbees anticipe un quadruplement des revenus liés à Jenkins. Sacha Labourey évoque la signature de contrats « à 5 chiffres et le premier à 7 chiffres ».
Une croissance beaucoup plus rapide, symbole d’un marché plus mûr, qui a donc poussé Cloudbees à se concentrer sur le segment le plus porteur, et surtout à y consacrer l’essentiel de ses ressources. Car raconte-t-il, le modèle Freemium, mis en place pour le Paas, consommait beaucoup de ressources gratuites. De fortes dépenses étaient également engagées sur AWS pour faire tourner ce modèle, explique-t-il.
L'intégration au cloud de Verizon n'aura pas lieu
En février 2014, Cloudbees avait quelque peu réorienté son offre Paas, via une stratégie OEM, en signant avec Verizon Enterprise Solutions l’intégration de RUN@Cloud à l’infrastructure cloud, en marque blanche. Autrement dit, Run@Cloud devenait le Paas de déploiement de Verizon pour la partie public, aux côtés de CloudFoundry pour la partie Cloud privé. Aujourd’hui, Sacha Labourey confirme que cette intégration ne se fera pas. Toutefois, ajoute-t-il, des discussions ont également eu lieu autour de Jenkins dans le Cloud – DEV@Cloud.
A cela, poursuit-il, se sont également ajoutées des difficultés d’ordre marketing. Cloudbees proposait « une offre difficile à expliquer », tant pour les clients, les développeurs que pour les partenaires. Ralentissant ainsi la société.
Evidemment, on peut également s’interroger sur le devenir du segment du Paas. Une couche, qui comparée à celle du Saas et du Iaas, n’a toujours pas décollé. Provoquant un ré-ajustement des offres – Google et Microsoft se sont convertis au Iaas après avoir attaqué le segment avec le Paas -, ou encore avec la cession des activités Paas pour certains, comme c’est par exemple le cas de la société Docker – un Paas désormais inutile, voire à contre-emploi avec ce projet de containeur universel.
Si le middleware a bien sa place dans le cloud, commente Sacha Labourey, il reste encore « beaucoup de confusion » sur le segment. Confusion qui suscite l’interrogation des développeurs qui ne savent pas trop quelle innovation suivre, ni à quelle définition se fier en matière de Paas. Sans standard ni rationalisation, il est normal que cela prenne plus de temps, explique-t-il.
Désormais, surfant sur ce que Sacha Labourey appelle la « révolution DevOps », le catalogue Cloudbees – qui prend désormais pour baseline « The Enterprise Jenkins Company » - compte une offre entreprise de Jenkins (Jenkins Enterprise by CloudBees), un centre opérationnel, capable de centraliser l’administration et le monitoring de systèmes Jenkins et enfin une offre Cloud de la solution Jenkins on Cloud, ou Dev@Cloud.
Les utilisateurs de RUN@Cloud sont quant à eux invités à migrer vers d’autres alternatives avant le 31 décembre 2014. Ce qui devrait être assez simple pour 98% des utilisateurs existants, résume Sacha Labourey. L’usage de standards et de bases de données ouvertes devrait faciliter la procédure. Quatre à cinq chemins de migration sont ainsi évoqués, Beanstalk et Heroku, puis Google et Pivotal, précise le fondateur. Mais « aujourd’hui, les entreprises cherchent à rester sur AWS. »
Un accord avec Pivotal
Pilier de sa nouvelle stratégie, Cloudbees a également annoncé que désormais son offre Enterprise Jenkins serait également revendue (en indirect) par Pivotal. Concrètement, l’offre de Cloudbees sera accessible à partir du Pivoltal Network, un appstore CloudFoundry pour le datacenter, qui permet de simplifier les déploiements de logiciels tiers pour Pivotal CF, le Paas CloudFoundry de la société. Une façon pour Cloudbees d’aller toucher les bons clients et de faire valoir ses principes de « Continuous Delivery » à une cible élargie.