IDF 2014 : Intel dévoile ses nouveaux Xeon
Le fondeur a dévoilé ses nouveaux Xeon E5 v3 et levé le voile sur les futurs SoC Xeon D. LeMagIT fait le point sur les nouvelles puces et sur leur rapport performances/prix.
Intel a dévoilé cette semaine la dernière génération de ses puces Xeon E5 jusqu’alors connue sous le nom de code « Haswell EP ». Le fondeur a en fait présenté deux familles de processeurs, les Xeon E5-1600 v3, principalement pour le marché des stations de travail mono-socket, et les Xeon E3-2600 v3 pour le marché des serveurs bi-socket (plus de 95 % du marché des serveurs dans le monde). Au total, ce ne sont pas moins de 27 puces Xeon E5 pour serveurs et stations de travail et 9 puces pour le marché de l’embarqué que le fondeur a dévoilé.
Xeon E5 v3 : le fer de lance de l’offre datacenter d’Intel
Les derniers nés d’Intel s’appuient sur la micro-architecture Haswell du fondeur et sont gravés en 22nm. Selon les modèles, ils embarquent entre 4 et 18 cœurs CPU (chacun capable de traiter deux threads en parallèle) et consomment entre 55W et 14W. Parmi les nouveautés fonctionnelles, Intel met en avant de nouvelles capacités de diagnostic et de reporting intégrées à ces puces ainsi que l’intégration de nouvelles unités de calcul AVX2 (Advanced Vector Extensions) et d’aide au chiffrement (AES-NI). Le fondeur a également dopé la taille des caches de niveau 3 des nouvelles puces et la bande passante mémoire via le support de barrettes DDR-4. Notons aussi que certaines puces Xeon E5-1600 pour le marché des stations de travail disposent en standard de capacités graphiques améliorées avec l’intégration au processeur d’un GPU Intel HD Graphics P4600. Pas de quoi rivaliser avec une carte Nvidia Quadro haut de gamme ou avec les dernières nées des cartes Radeon d’AMD, mais de quoi fournir des capacités d’affichage de base en 2D et 3D.
Des performances en hausse et des prix qui ne connaissent pas la crise
Comme nous le notons régulièrement à chaque renouvellement de la famille Xeon E5, les améliorations apportées par le fondeur ont un prix, surtout lorsque l’on s’intéresse au haut de gamme de l’offre. Ainsi, alors que le Xeon le plus cher en 2009 (un Xeon « Nehalem » X5570 à 4 coeurs) coûtait 1386$ lors de son lancement en mars 2009 et qu’un Xeon E5-2690 de première génération (mars 2012) à 8 cœurs était vendu 2057$, le plus performant des nouveaux Xeon E5-2600, le Xeon E5-2699 v3, franchit la barre des 4000$. Notons toutefois que le Xeon E5-2697v3 à 12 cœurs (2702$) n’augmente que modérément par rapport au précédent modèle dodécacoeur haut de gamme, le Xeon E5-2697 v2 (2614$).
À la décharge d’Intel, le ratio performance/prix des Xeon n’a fait que s’améliorer. Ainsi, en 2009, un serveur Cisco UCS doté de deux puces Xeon 5570 obtenait un score SAP SD 2 Tier de 3200. Un Server Dell R720 équipé de deux processeurs Xeon E5-2699v3 obtient aujourd’hui un score de près de 16000 au même benchmark, soit des performances cinq fois supérieures, pour un prix 2,88 fois plus élevé. On peut toutefois faire deux remarques : les effets de la loi de Moore ont tendance à s’atténuer et dans le même temps, ses effets économiques sont moindres. Le ratio performance/prix (vu au travers du prisme du benchmark SAP SD 2 Tier pour les versions haut de gamme de chaque génération de processeur) était ainsi de 1,15 point par dollar investi dans les CPU serveur en mars 2009 et il est aujourd’hui de 1,99 avec les derniers Xeon E5 v3. En près de 66 mois et 4 générations de Xeon, ce ratio n’a donc même pas progressé par un facteur de deux (1,72 pour être exact). Côté SpecInt_Rate, la photo n’est guère meilleure et le dernier né d’Intel est même moins bon que son prédecesseur en matière de performance/prix.
Il est à noter que le ralentissement des progrès d’Intel en matière de ratio performance/prix coincide assez largement avec la disparition de la menace que faisait peser AMD. Dans le même temps, ce même ratio a explosé sur les smartphones où la compétition entre fondeurs fait rage. La disparition d’AMD en tant que concurrent crédible d’Intel sur le marché des serveurs a donc incontestablement nui aux clients au cours des cinq dernières années. Et pour l’instant, l’émergence des puces ARM Server n’est pas encore une menace suffisante pour contraindre Intel à plus d’agressivité tarifaire sur le marché des processeurs pour serveurs haut de gamme… Il faudra donc sans doute se résoudre à des gains modestes en matière de ratio performance/prix au cours des prochaines années, en attendant l’émergence d’une éventuelle alternative crédible aux Xeon pour le marché des serveurs.
Xeon D : Un nouveau SoC Xeon pour les serveurs denses et microserveurs
A l’occasion de son forum développeur qui se tient actuellement à San Franciso, Intel a aussi levé le voile sur un nouveau SoC (System on a Chip) Xeon, destiné au marché des serveurs denses et des microserveurs. Une puce dont la mission sera de porter le fer face aux puces concurrentes d’AMD et face aux SoC ARM 64bit.
Le Xeon D est un SoC qui intègre à la fois des capacités CPU, des contrôleurs mémoire et PCI-e ainsi que de multiples Interface 10Gbit Ethernet. Il supportera la plupart des extensions intégrées aux Xeon modernes, dont AES-NI ou AVX2. Gravé en 14nm, le nouveau processeur devrait consommer aux environs de 15W et viendra s’insérer entre les futures puces serveurs Atom « Denverton » (successeurs des actuels Atom C2000 « Avoton ») et les prochain Xeon E3 à base d’architecture « Broadwell ». La puce devrait embarquer 8 cœurs CPU dans sa version haut de gamme. Selon Intel, l’élargissement de la gamme Xeon répond aux besoins de différenciation émis par ses clients.