Etats-Unis : la tentation du cyberespionnage économique
L’agence a déjà été impliquée dans des affaires de cyberespionnage, tout en niant utiliser les renseignements collectés au profit des entreprises américaines. Mais un document daté de 2009 sème un nouveau doute.
Les Etats-Unis utiliseraient-ils les capacités de renseignement de la NSA pour recourir à l’intelligence économique au profit d’entreprises américaines ? Non, l’agence a-t-elle affirmé de manière appuyée à la suite de précédentes révélations relatives à ses activités.
Mais voilà, une étude prospective datée d’avril 2009, et issue du bureau du directeur du renseignement américain, sème à nouveau le doute. Cette étude se penche sur les perspectives d’évolution de l’équilibre des forces d’ici à 2025, suivant quatre scénarios allant de l’émergence d’un bloc regroupant Chine, Russie, Inde et Iran qui défie la suprématie américaine, jusqu’à un monde d’Etats impotents, où le pouvoir est passé entre les mains de multinationales et de mégacités.
Dans deux de ces scénarios, le renseignement américain s’alarmait du risque de perte de l’avancée technologique des Etats-Unis et de leurs entreprises : « la communauté du renseignement pourrait peiner à comprendre l’innovation technologique au-delà de ses compétences traditionnelles (comme les systèmes d’armement) […] Comme l’évolution technologique tend à être plus exponentielle que linéaire, […] les Etats-Unis pourraient souffrir d’un désavantage croissant – voire permanent – dans des domaines cruciaux tels que l’énergie, les nanotechnologies, la médecine, et les technologies de l’information. »
Et les auteurs de proposer le développement de certaines capacités afin de réduire le risque de voir de telles perspectives se concrétiser. Toutes relèvent d’une même logique : « un effort systématique de collecte d’informations ouvertes et propriétaires via des moyens manifestes, l’infiltration clandestine (physique ou cyber) et le contre-renseignement. »
Concrètement, une telle approche pourrait se traduire par le déploiement de bots informatiques « qui réalisent des tâches automatisées et de capteurs dans les logiciels et matériels utilisés par des chercheurs et des constructeurs étrangers, et infiltrant les intranets de centres de R&D ». A charge pour le renseignement américain « d’évaluer si et comment ses découvertes pourraient être utiles à l’industrie des Etats-Unis ».
Dans les colonnes de The Intercept, un porte-parole du bureau du directeur du renseignement américain affirme que « les Etats-Unis – contrairement à nos adversaires – ne volent pas d’informations d’entreprise propriétaires » pour aider leurs entreprises. Selon lui, cette étude « n’a pas vocation à être et n’est pas le reflet de la stratégie et des opérations actuelles ».