Métiers : six nouveaux profils recherchés en datacenter
La sensibilité aux enjeux business induit l'embauche de spécialistes autour et au sein des datacenters.
Savoir traduire les besoins fonctionnels de l'entreprise en solutions IT évolutives ne date pas d'aujourd'hui. Pour autant, le cloud et autres tendances de fond modifiant la façon dont sont exploités les datacenters renouvellent les profils concernés. Les entreprises recherchent des professionnels alliant le sens du business à l'expertise technique. Mais aussi le sens de l'innovation et de l'intérêt du client. Des managers ayant la fibre du relationnel, voire de la communication.
De l'analyse des besoins à l'exploitation proprement dite des datacenters, en passant par les exigences de la réglementation, six nouveaux profils émergent, en quête de renfort tant qualitatif que quantitatif, comme le constatent outre-atlantique les chargés de recrutement interrogés par le journaliste spécialisé Paul Korzeniowski (Sudbury, Massachusetts).
Business liaison
Analyste ou consultant, maître d'ouvrage ou chargé d'affaires interne, l'idée d'entretenir et d'incarner au bon niveau la relation entre le département IT et les métiers ou entités business n'est pas nouvelle (comme s'y réfère d'ailleurs la nomenclature des métiers des SI du Cigref. Mais l'intitulé de business liaison suggère le renforcement de la dimension stratégique de ce rôle, désormais plus acteur que traducteur ou transmetteur du besoin.
Ce poste requiert une compréhension en profondeur du fonctionnement de l'entité business afin de refléter au mieux avec les capacités de la technologie les objectifs de l'entreprise. Si l'enjeu est focalisé, par exemple, sur la satisfaction du client, il s'agit d'identifier quels investissements en système, logiciels et en personnel sont susceptibles d'améliorer l'expérience client. La tâche du manager chargé d'assurer la liaison va au delà du repérage classique du retour sur investissement, et des métriques correspondantes, afin de capter voire quantifier de nouveaux impacts, comme les interactions sur les réseaux sociaux. L'analyse décisionnelle (analytics) et autres principes et pratiques du data management prennent clairement une part croissante dans cette responsabilité.
Responsable de la conformité
Sans surprise, le secteur banques-finances est le premier à avoir développé ce rôle de responsable de la conformité (compliance officer) au sein des départements IT. Le postulant à cette fonction, travaillant en concertation avec le service juridique, doit être capable d'analyser des situations complexes, souvent liées à l'exploitation IT en temps réel.
Les problématiques de sécurité, de protection et confidentialité des données, à l'origine de réglementations, tendent à généraliser ce besoin de responsables en titre. Ces professionnels tiennent compte, avec les experts métiers, de l'évolution des exigences de conformité. Ils développent, implémentent et gèrent les programmes de suivi et d'évaluation des risques. Ils collectent l'information, analysent les tendances et préparent des rapports concernant le respect des réglementations dans leur entreprise. Ils en tiennent informés les dirigeants de l'entreprise, les responsables d'entités business et les managers et, selon le besoin, proposent les actions (voire les plans d'action) permettant de rectifier le tir.
Développeur dédié à l'infrastructure
L'exploitation au quotidien des services IT passe par la présence au sein du département IT de développeurs dédiés intervenant aussi bien dans l'élaboration et le lancement des logiciels d'infrastructure qu'autour des services d'authentification ou de diverses facettes de la virtualisation. Des programmeurs analystes d'exploitation en quelque sorte, selon l'appellation classique (ou intégrateur d'exploitation d'après la nomenclature métiers du Cigref). Sauf que, là encore, la nouveauté tient à ce que les professionnels en question doivent faire preuve d'une solide vision stratégique de l'édifice IT. Ils doivent savoir identifier quels outils et logiciels d'infrastructure sont susceptibles de correspondre à cette vision (business). Avec une attention particulière accordée à l'interfaçage, l'assemblage et l'interconnexion de divers éléments.
Evangéliste du cloud
Le cloud fait désormais partie du paysage et des investissements IT des entreprises. Pour l'évangéliste, il s'agit d'aider à transformer les intentions en réalité. Encourager les décideurs à s'y intéresser de plus près. Et pour cela, montrer ce que l'on peut en attendre. A coup de démo, de prototypes soulignant les potentialités de diverses plates-formes et solutions cloud.
Expert généraliste du datacenter
Les responsables de petits datacenters sont déjà de fait des généralistes. Au sein des grands datacenters, il est de moins en moins d'actualité d'engager des techniciens dédiés à tel ou tel équipement pointu, serveurs, systèmes de stockage ou réseaux. La virtualisation et autres progrès de l'intégration de systèmes automatisent une majeure partie de l'activité des exploitants. Les organisations recherchent désormais des professionnels capables d'englober dans leur suivi l'ensemble des silos et d'envisager la performance de l'infrastructure en conséquence, à un haut niveau. Outre la connaissance technique nécessaire pour déceler et résoudre les problèmes ou les améliorations à apporter, ces généralistes doivent – eux aussi – avoir la fibre économique afin d'évaluer les enjeux et impacts de la performance des systèmes.
Spécialiste DCIM
Minimum cinq ans d'expérience dans le management d'un datacenter : tel est le profil type des spécialistes DCIM (DataCenter Infrastructure Management) recherchés par les grandes entreprises. Derrière cet intitulé se profile la convergence du management de l'infrastructure IT et du facilities management (locaux, efficacité énergétique, refroidissement, sécurité, etc). Ces techniciens de haut vol sont chargés de mettre en place et d'utiliser l'arsenal d'outils (matériels, logiciels, capteurs, etc) qui permettent de contrôler, de suivre, de mesurer, d'administrer en temps réel le fonctionnement du datacentre et sa consommation en énergie. Implications économiques comprises. L'automatisation et l'ajout d'intelligence (artificielle) sont la règle dans ce domaine. Les spécialistes DCIM visent à installer un dispositif dynamique qui s'auto-ajuste et se règle pour que les ressources mobilisées correspondent au mieux à la demande.
Une constante pour les éventuels candidats à ces six profils : la flexibilité exigée. Non seulement, en termes de mise à jour de leurs compétences. Mais aussi parce que dans ce domaine, les projets qui émergent les mettent le plus souvent face à des responsabilités et des technologies jusqu'alors inédites dans les organisations qui recherchent ces professionnels.