Google veut fusionner Paas et Iaas
Google veut fusionner les segments de l'Iaas et du Paas pour créer un unique continuum de services pour ses clients. D’autres spécialistes du cloud public pourraient suivre, cherchant à sécuriser leur base dans un marché de plus en plus mature.
Google ne veut pas que ses clients considèrent les services cloud uniquement par le prisme de l'Iaas ou du Paas – une tendance d’ailleurs suivie par les fournisseurs de cloud à grande échelle, sur un marché de plus en plus mature.
Des représentants de la firme de Mountain View ont échangé sur ce besoin de fusionner les offres Iaas et Paas du groupe à l’occasion de l’événement développeur Google Cloud Platform. Si Google reconnait qu’il reste encore beaucoup à faire pour atteindre cet objectif, il prévoit de proposer des services permettant aux clients de passer d’une couche à l’autre de la stack.
« Nous ne pensons pas qu’il existe une couche Paas et une autre couche Iaas », a expliqué Dan Belcher, chef de produit chez Google lors de cet événement, qui s’est déroulé à Cambridge dans le Massachussetts. « Nous réfléchissons vraiment à une continuité de la couche de contrôle et d’administration, entre ce que vous souhaitez qu’on prenne en main et ce que vous prenez en main vous-même. »
« Les développeurs qui doivent choisir entre des services Paas et Iaas sont confrontés à trop de compromis et il reste beaucoup à faire pour améliorer la capacité à exécuter des workloads dans le cloud et éliminer cette notion de choix », affirme Belcher.
« Ils ne font que confirmer l’évident », commente de son côté David Linthicum, senior vice président du cabinet de conseil Cloud Technology Partners. « Cela a été la tendance ces trois dernières années et cela va probablement continuer. »
L’infrastructure a besoin de couches supérieures et les développeurs en ont besoin pour faire touner leurs applications. Les relier va ainsi de soi, poursuit Linthicum. « Je ne crois pas que dans le futur nous pourrons résolument affirmer où démarre le premier et où s’arrête le second. C’est une bonne nouvelle car ils sont liés et ils ont bien plus de valeur lorsqu’ils fonctionnent de pair. »
Les entreprises migrant de plus en plus vers le cloud, elles souhaitent également plus que de l’infrastructure, répond Lydia Leong, vice présidente de recherche chez Gartner. « Accélérer les VM était important, mais maintenant qu’on peut le faire, nous voulons également pouvoir faire toutes ces autres opérations. »
Google a débuté son offre de VM managées en mars, ce qu’il considère comme un intermédiaire entre Compute Engine et App Engine. Selon la firme de Mountain View, Cloud Debugger ainsi que les pools de données sont également des outils qui comblent le fossé entre les deux couches. « Je ne crois pas que la distinction va complètement disparaître, mais il y aura des choses davantage orientées Paas ou Iaas. Certaines opérations ne seront certainement pas faciles à catégoriser », explique de son côté Lidya Leong.
Selon elle, Les VM managées correspondent à cela, car il s’agit essentiellement d’un service Paas, avec des éléments de Iaas.
Une frontière qui se floute entre Iaas et Paas
Google a démarré dans les services cloud par un service de PaaS, baptisé App Engine, avant se de porter vers le segment de l'IaaS avec Google Compute Engine. Microsoft a également abordé le marché du cloud par la plate-forme alors qu’Amazon a pris le chemin inverse avec son imposante infrastructure. Ces trois acteurs clés vont sans doute finir par rapprocher les deux types de services, soutiennent de concert les analystes, même si AWS a probablement plus de chemin à parcourir pour étendre ses services.
Il est opportun pour Google de mélanger Iaas et Paas, parce que son premier positionnement se situe autour du Paas, explique de son côté Andrew Clay Shafer, directeur de la technologie chez Pivotal. « Ces taxonomies ont toujours été incorrectes et ambigues, résume-t-il.
Google App Engine a poussé un modèle qui met à disposition la scalabilité infinie de Google mais n’est pas forcèment très accessible pour un développeur, précise-t-il.
Pour Carl Brooks, analyste du cabinet 451 Researc, App Engine a été la tentative de Google de faire passer l’idée que son modèle devait devenir l’option de développement par défaut pour l'IT en entreprise. Ce qui est bien pour les développeurs prêts à se convertir.
« Ils essaient de façonner eux-mêmes un espace et de le présenter comme le seul moyen de faire progresser les développements. C’est bien tant qu’on adhère aux principes de Google en matière de développement logiciel et d’applications modernes. Et bien que ces changements séduisent une certaine population de développeurs, ce n’est pas forcèment ce que les entreprises souhaitent le plus au monde, et cela ne va probablement pas attirer de nouveaux clients, ajoute-t-il. C’est comme si le monde du cloud se courbait devant les entreprises, en leur disant : ‘hé regarde-moi ! Regarde ce que je peux faire’ et que les entreprises répondaient :’et alors ?’, illustre Brooks.
Google n’a certes pas encore dévoilé les projets ou outils qui lui permettront d'atteindre son objectif, mais les dirigeants du groupe admettent que davantage d’efforts doivent être faits.
Le rapprochement des genres pourrait s'accompagner de la mise en place de tarifications liées à des packages systèmes, analyse Linthicum. Les fournisseurs devront également convaincre des avantages du Paas face l'utilisation de systèmes on-premise ou au portage d'applications sur une couche IaaS « Vous devez fournir aux développeurs un environnement qui est au moins équivalent sinon meilleur que ce qu’ils ont sur site », indique-t-il.
Et si les gros fournisseurs essaient de protéger leur territoire, cela pourrait bien avoir des répercussions sur le reste de l’industrie, termine Leong. La décision de Google pourrait ainsi compliquer le travail des petits fournisseurs de Cloud , aux prises avec de gros concurrents, car ils manquent des financements nécessaires pour réaliser les investissements à grande échelle qu'effectuent les grands fournisseurs.
Traduit et adapté par la rédaction