Google pourrait-il devenir l’Amazon de la banque ?

Les géants du web ne vont certes pas remplacer les banques, mais vont bouleverser le secteur via des services contribuant à éloigner les consommateurs des services bancaires traditionnels, selon le cabinet d’étude Forrester.

Les géants de l’Internet ne vont certes pas remplacer les banques mais vont tout de même bouleverser le secteur via des services contribuant à éloigner les consommateurs des services bancaires traditionnels, explique le cabinet d’étude Forrester.

Si en effet, il est peu probable que les acteurs clés d’Internet, comme Google ou Facebook, se mettent à proposer les services traditionnels des institutions bancaires – comme les comptes bancaires ainsi que les prêts par exemple, il se peut que d’autres, plus périphériques, fassent en revanche parti de leurs domaines d’expertise.

Comme Amazon – qui s’associe à des revendeurs pour les mettre en relation avec des clients , et offre des services liées à des transactions, ou encore des modules de comparaisons de produits, de livraisons ou de commentaires - , Google pourrait offrir des services identiques dans le secteur des banques de détail, et devenir ainsi un intermédiaire.

Depuis le lancement de Google Checkout en 2006 (qui a depuis peu fusionné avec Google Wallet), Google a réalisé des acquisitions, noué des partenariats et investi dans des entreprises du domaine des services financiers, liés notamment au paiement ou aux cartes de fidélité.

Dans son rapport intitulé Why Google Bank Won’t Happen, Forrester explique que les coûts élevés et les lois très strictes qui encadrent l’ouverture de banques traditionnelles – ainsi que les revenus publicitaires généralement associés aux banques – vont pousser les entreprises du monde d’Internet à jouer un rôle visant à favoriser les relations entre les banques et leurs clients. Cela inclut les services de paiement, des conseils financiers, la gestion financière et les comparaisons de produit.

Dans le passé, les consommateurs pouvaient certes aller chercher au-delà des acteurs traditionnels, mais le secteur financier est aujourd’hui dépendant de l'IT et certaines entreprises de l'IT justement disposent de meilleures technologies. A cela s’ajoute également la méfiance des consommateurs vis-à-vis des banques, ainsi que la volonté des régulateurs d’accroitre la concurrence. Au final, il existe des opportunités pour des entreprises de services financiers alternatives.

« La réputation de Google en tant que l’une des entreprises les plus innovantes du marché place les responsables du numérique des services financiers dans un état d’intéquiétude, face à l’arrivée potentiel d’un nouveau concurrent : Google Bank », explique Oliwia Berdak, analyste chez Forrester. Elle recommande aux banques de suivre Google, de s’inspirer de ses bonnes pratiques et d’envisager un partenariat.

Elle soutient que de nombreuses institutions financières interprètent mal la menace d’entreprises comme Google et n’ont pas encore capté le plein potentiel du numérique. « Ils estiment que les nouveaux concurrents utiliseront leur puissance numérique pour les contrer sur leur propre terrain. Les innovateurs, comme Google, sont innovants car ils n’ont pas les mêmes règles du jeu. »

« Ils utilisent plutôt le numérique pour trouver de nouveaux moyens de satisfaire les besoins des clients – ou d’ améliorer les existants – souvent en contournant les régulations ou en redéfinissant le contour d’une industrie. »

Selon elle, le futur de Google dans les services financiers réside dans l’intégration ainsi que dans l’exploitation des autres produits du groupe afin de créer de la valeur client qui va au-delà des paiements. « C’est en intégrant ses outils numériques, comme son moteur de recherche, Google Maps, Gmail, Google Play et Google Now que Google pourra redéfinir les services financiers. »

Les banques traditionnelles vont au del de leur compétences  pour tenter de suivre l'évolution numérique. Du fait du poids de leurs infrastructures informatiques patrimoniales, nombre d’entre elles commettent des erreurs dans leur stratégie mobile et de banque en ligne. Les dysfonctionnements de systèmes rencontrés récemment par certaines banques ont d’ailleurs mis en exergue les faiblesses de l'IT de certaines banques. Jean-Louis Bravard, directeur chez Burnt-Oak Partners et ancien DSI de JP Morgan affirme que les systèmes bancaires au Royaume-Uni font aujourd’hui face à des difficultés. « L’informatique des banques au UK n’est pas bonne », lance-t-il. « Les banques se reposent sur des systèmes Legacy encerclés par  une quantité grandissante de nouveaux systèmes pour donner aux clients l’impression que leur système s’insère bien dans le monde de l’Internet et des smartphones. »

En permettant à d’autres entreprises d'interagir avec leurs clients en utilisant des technologies adaptéess et dans lesquelles le grand public a confiance, les banques pourraient dédier davantage de ressources à ce qu’elles savent faire le mieux : la fournitures de comptes, de prêts, ,…

La présence de Google, ou d’autres entreprises du monde de l’Internet, dans le monde des services financiers pourrait-elle aider les banques à restaurer leur réputation chez les clients et à se concentrer là où elles sont les meilleures, plutôt que d’avoir à se précipiter et à enchaîner les apps ?

Chris Skinner, président du Financial Services Club, confirme que les entreprises comme Google ne vont pas tenter de devenir des banques , mais ont la capacité de révolutionner en revanche la banque de détail. « Le cœur de métier des banques est ennuyeux pour des acteurs comme Google et Facebook, mais ils sont parfaitement positionnés pour enrichir l’information des services financiers », explique-t-il.

Selon lui, les banques pourront ainsi se concentrer sur ce qu’elles sont supposées apporter : « les banques sont là pour s’assurer que les services sont toujours disponibles et les sociétés comme Google expliqueront aux consommateurs ce qu’ils ont besoin de savoir. »

 

Traduit par la rédaction

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