Rachat d’Orchard : une étape dans la feuille de route agressive de Docker
Docker a annoncé le rachat de la société londonienne Orchard Laboratories, faisant évoluer sa stratégie commerciale vers les entreprises avec une orchestration avancée des applications complexes.
Docker a annoncé le rachat de la société londonienne Orchard Laboratories, faisant évoluer sa stratégie commerciale vers les entreprises avec une orchestration avancée des applications complexes. La société confirme avoir une roadmap agressive pour alimenter sa croissance.
Pour Docker, nouveau chouchou du monde du cloud et du packaging d’applications en containers, Orchard constitue la première acquisition de la société, seulement quelques mois après d’une part la finalisation de la version finale du produit Docker, et d’autre part la mise en place de la société commerciale qui l’encadre – ex DotCloud – et de son modèle économique.
La start-up californienne s’est payée cette société londonienne, composée de deux personnes, et qui est en fait l’un des premiers contributeurs au projet Open Source Docker. Ce rachat vise notamment à renforcer les possibilités d’orchestration et de composition d’environnements multi-containers. Les modalités de l’acquisition n’ont pas été communiquées.
L’année dernière, Docker a été au centre de toutes les attentions dans le monde du Cloud et a reçu le support de cadres du secteur – comme Google et Red Hat, notamment. En juin dernier, la société a débuté la commercialisation de la version 1.0 de son produit et souhaite désormais renforcer son offre et mettre l’accent sur ses services hébergés alors que les entreprises veulent quant à elles développer des applications plus complexes, explique Ben Golub, le CEO de Docker.
Fig, l’outil d’orchestration d’Orchard, permet aux développeurs de composer et d’administrer des applications multi-containers Docker en automatisant certains pans de la coordination entre containers, connexions réseaux et le stockage.
Les développeurs auront un rôle clé à jouer dans l’écosystème Docker. Ce rachat montre que la société souhaite les aider à utiliser la technologie, commente Paul Burns, analyste au sein du cabinet américain Neovise. « Docker ne rachète pas uniquement une technologie mais également une équipe de personnes vraiment concentrée sur la création d’outils permettant aux développeurs de mieux utiliser Docker », assure-t-il.
Les containers Docker sont principalement utilisés pour les applications Web et mobiles, mais ce rachat est un autre signe de la volonté de la société d’aller attaquer le marché des entreprises, explique quant à lui Jay Lyman, analyste chez 451 Research. « Ils travaillent à mieux dimensionner Docker pour des environnements plus complexes, multi-tiers et multi-containers ».
Avec la tendance DevOps et les potentiels risques liés au décloisement des différents services, cette acquisition vise la délimitation des compétences requises pour gérer des applications multi-containers en entreprise , soutient Lyman.
Docker doit encore améliorer la sécurité et la scalabilité, mais la société travaille actuellement à mieux gérer les applications complexes des entreprises pour ainsi gagner des clients plus importants – et donc plus rémunérateurs, ajoute-t-il.
Comme les autres supporters de l’Open Source, Docker va chercher à rallier un écosystème autour de la technologie pour rentabiliser ses investissements via des abonnements cloud ou des services professionnels.
« Ils ont contribué à architecturer tout cela. Il vont développer des solutions au-dessus de la plate-forme Open Source pour pouvoir vendre du logiciels et des services », assure Burns.
La déferlante possible liée au support a probablement stimulé les investisseurs derrière Docker qui ont la volonté de ré-injecter des capitaux, ajoute-t-il. « C’est seulement le commencement pour eux », explique Burns. « Il ne s’agit pas de la première étape, mais d’une étape importante dans la création d’une grande communauté. Ils veulent désormais accélérer et bâtir leur portefeuille d’offres. »
Il s’agit de la première acquisition de Docker depuis la décision de la société DotCloud de devenir Docker. « Nous avons une roadmap très agressive », confirme Golub. « Nous recrutons actuellement des personnes talentueuses et cherchons à motiver nos équipes pour accompagner notre croissance. »
La société de 50 employés ne s’est pas lancée dans une frénésie d’achats, mais réfléchit à collaborer avec des contributeurs actifs de la communauté Docker, soutient-il. Cette croissance passe par davantage de services hébergés dans la sécurité, la planification et le monitoring. « Des domaines dans lesquels nous sommes très ouverts pour développer, acheter ou encore s’associer », explique-t-il.
Ce rachat vient également compléter le partenariat autour de Kubernetes, entrepris par les plus importants fournisseurs de cloud, afin de créer une interface standard et Open Source pour déployer et gérer des containers Docker.
Il se peut qu’il y ait d’autres petites acquisitions, commente Lyman, mais Docker se mettrait alors dans une position de cible. Il cite alors Red Hat, autre acteur de l’Open Source, comme client potentiel. Celui-ci a placé Docker dans RHEL 7 et utilise une technologie identique dans son Paas Openshift.
Red Hat a par ailleurs réalisé plusieurs achats cette année, et Golub a un passé avec Red Hat. Il était le CEO de Gluster, une société de stockage rachetée par la firme au chapeau rouge en 2011. « Ils ont pu ouvrir leur porte-monnaie très récemment. Je pense que Docker pourrait être un candidat sérieux puisqu’il est déjà intégré à certaines de leur technologie et s’est aujourd’hui forgé un nom », déclare Lyman.
Ben Firshman et Aanant Prasad, co-fondateurs d’Orchard, resteront à Londres pour maintenir Fig. Leur présence contribuera à accompagner Docker à accroître sa présence en Europe, précise Golub qui indique que des institutions financières et des gouvernements seraient très intéressés.