HP Discover 2014 : Pour Meg Whitman, "HP is Back !"
Discover 2014 restera-t-il dans l'histoire comme le tournant du redressement d'HP sous l'ère Meg Whitman ? C'est en tout cas le message qu'a souhaité faire passer la CEO d'HP lors de son discours d'ouverture.
« HP is Back ! ». La formule utilisée par Meg Whitman, la CEO d’HP, lors de son discours d’inauguration de Discover 2014, a été saluée par un tonnerre d’applaudissements des participants à la conférence utilisateurs d’HP.
« HP is Back ! » semble une expression étonnante pour une société qui a récemment annoncé le licenciement prochain de 16 000 salariés. Mais pour Meg Whitman, il s’agit d’une restructuration nécessaire dont l’objectif est de supprimer des étages bureaucratiques et rendre HP plus agile afin de mieux servir les clients. Là encore tonnerre d’applaudissement de la part de clients que le sort des salariés d’HP ne semble guère émouvoir. Le fait est que pour ce qui est du « HP is Back ! » Meg Whitman n’a pas totalement tord au vu de l’état général de ses concurrents sur le marché de l’IT. La CEO d’HP, visiblement plus détendue et moins grave que l’an passé, n’a d’ailleurs pas manqué l’occasion d’égrainer les bonnes nouvelles.
Une situation financière assainie
La première, que nous soulignions dans notre article sur les résultats d’HP, est le retour à l’équilibre financier avec un niveau de trésorerie disponible qui repasse de nouveau dans le vert. Cela paraît anodin, mais c’est aussi le constat qu’HP vivait depuis de nombreux mois à découvert. Avec l’amélioration de sa rentabilité, le groupe retrouve des marges de manœuvre financière et surtout se rapproche d’une des exigences de ses fondateurs Bill Hewlett et Dave Packard: éviter le recours à la dette pour ne dépendre de personne. Hewlett et Packard, tous deux décédés, ont d'ailleurs été les vedettes par procuration du keynote qui a été l'occasion pour Meg Whtiman de célébrer les 75 ans d'HP, fondé le 1er janvier 1939.
Rappelons qu’au cours du trimestre écoulé le bénéfice de la firme a atteint 1,27 Md$ tandis qu’HP dégageait un flux de trésorerie de 2,3 Md$. On a vu bien pire effectivement. Ce retour d’HP a une meilleure forme financière relance d’ailleurs les rumeurs comme celle, lancée par notre confrère CRN, qui prête à la marque l’intention de racheter le fabricant de serveurs convergents Simplivity.
Les investissements dans la R&D commencent à payer
La seconde est que l’innovation est de retour chez HP : un propos illustré par les multiples annonces effectuées à Discover, dans les serveurs, comme dans le stockage, l’impression ou le réseau. Dans tous ces secteurs, la machine à R & D d’HP semble de nouveau fonctionner à plein régime et la firme est n°1 ou parmi les leaders de ces secteurs. De ce point de vue, on est à des lieues de la période Mark Hurd, qui avait vu une extinction des budgets R & D d’HP.
Meg Whitman semble donc avoir tenu sa feuille de route initiale visant à dégager des marges de manœuvre financières pour les réaffecter à l’innovation. Succédant à la CEO d’HP, le patron de la division Entreprise, Bill Veghte, s’est d’ailleurs fait un plaisir d’inventorier les dernières nouveautés de la firme comme les serveurs denses HP Appolo 6000 et 8000 destinés notamment aux marchés du HPC, des clusters de serveurs analytiques et Big Data et des fermes de serveurs virtualisés. Il a aussi, avec David Scott, le patron du stockage, mis en lumière les progrès d’HP dans le stockage disque avec 3Par qui a encore enregistré une progression de près de 60 % sur le trimestre écoulé (certes au prix de la cannibalisation d’autres lignes de produits stockage d’HP) ou dans la sauvegarde avec l'offre StoreOnce D2D. L’occasion aussi d’annoncer la dernière baie 100 % Flash HP 3Par StorServ 7450, totalement intégré avec l’environnement 3Par.
HP enfin a mis en lumière sa forte progression dans le monde des réseaux d’entreprises, où il est désormais solidement numéro deux mondial derrière Cisco, et son dynamisme dans le cloud avec le lancement de l’offre OpenStack Helion, qui place HP sur une trajectoire de collision avec des acteurs comme Red Hat et pourrait marquer une vraie inflexion dans la stratégie logicielle de la marque.
Un redressement encore perfectible
Lors du keynote de Meg Whitman, il a en revanche été peu question de PC et de gadgets, alors que cette activité pèse tout de même 30 % du CA – mais Discover est après tout une conférence entreprise - et l’impression, quoique mise en avant sur les multiples posters tout au long des couloirs de l’expo, restait assez discrète. Curieusement, il a aussi été peu question de services, même si HP s’est évertué à marteler le message que pour permettre à ses clients de tirer parti au mieux de ses innovations, il propose aussi une gamme de services « fantastiques ». Les services sont, il est vrai, le vilain petit canard du moment, pour la firme californienne. L’activité services (intégration, outsourcing et services applciatifs) a vu son CA plonger de près de 450 M$ en un an pour passer sous la barre des 6 milliards, à 5,7 Md$. Pire, la marge opérationnelle n’est plus que de 2,5 % soit bien loin des standards du secteur. On comprend que pour un discours d’inauguration, Meg Whitman n’ait pas désiré s’attarder sur le sujet.
« HP is Back ! », donc, mais avec quelques bémols. Tout d’abord, seule l’activité PC a progressé significativement au cours de l’année écoulée. L’impression, quoique très rentable, est en léger recul, tandis que l’activité entreprise reste encore plombée par les ennuis de la division serveurs critiques Itanium et par le recul continu de certaines activités stockage comme la sauvegarde sur bande. Le logiciel est légèrement en croissance, mais loin des objectifs ambitieux affichés lors de l’acquisition délirante d’Autonomy sous l’ère Leo Apotecker. Quant aux services, ils sont au mieux convalescents et devraient subir le plus gros des 16 000 licenciements annoncés récemment.
Reste que si l’on compare l’état d’HP à celui de ses concurrents, Dell et IBM, par exemple, on peut comprendre que Meg Whitmann affiche un certain optimisme. Le premier est toujours en pleine réorganisation post-sortie boursière, tandis que le second s’apprête à se séparer de ses activités serveurs, souffre sur le stockage, voit ses activités logicielles et services stagner et son activité microélectronique boire le bouillon.