HP veut supprimer 16 000 emplois supplémentaires
Après l'annonce de résultats en demi-teinte, marqués notamment par la chute des services, des serveurs critiques et du stockage, HP durcit son plan de suppression d'emplois.
HP poursuit ses restructurations. Après avoir porté son plan de suppression d’emplois de 27 000 à 34 000 en décembre dernier (un plan qui devait s’achever en octobre 2014), la firme californienne a annoncé hier la suppression de 11 000 à 16 000 emplois supplémentaires (il est vraisemblable que c’est le scénario de la fourchette haute qui est retenu, Meg, Whitman, la CEO d’HP ayant évoqué pendant la conférence d’annonce des résultats de la firme la suppression d’un total de 50 000 emplois).
Si la plupart des commentateurs expliquent cette nouvelle restructuration par les difficultés du marché PC, la réalité semble différente, comme le montre les résultats publiés par la firme hier pour son second trimestre fiscal (de février à fin avril)
Le PC résiste bien, tandis que l’impression souffre
La division PC a en effet été l’une des rares satisfactions de la firme au cours du trimestre écoulé, même si sa marge opérationnelle (290 M$) est restée, comme à l’accoutumée, faible. La division PC a ainsi vu ses ventes en unités progresser de 10% par rapport à l’an passé et ses revenus croître de 7% (à 8,2 Md$), un bond d’activité tiré notamment par la demande des entreprises. La performance de la division impression est loin d’être aussi satisfaisante. Si les ventes d’imprimantes progressent de 1% en unités, les ventes de cartouches d’encres et toner reculent de 6%. Résultat le revenu de la division est en baisse de 4%. Petite consolation, la division reste la principale contributrice au bénéfice d’HP avec une marge opérationnelle de 1,14 Md$.
Beresina pour les services et pour la division serveurs critiques
Côté entreprises en revanche, la beresina se poursuit. Si les serveurs x86 et les équipements réseaux tirent leur épingle du jeu avec des ventes en hausse respectivement de 1% et de 6%, la division serveurs critiques Itanium n’en finit pas de couler avec des ventes en baisse de 14%. Plus inquiétant, l’activité stockage marque le pas avec des ventes en recul de 6%. Logiquement les « technologies Services », l’offre de service directement liée à l’installation, la configuration et la maintenance de ces équipements, subit le recul de ces activités, avec une baisse de 5% de son CA. Globalement, le chiffre d’affaires du groupe entreprises d’HP est en recul de 2% (à 6,7 Md$), même si sa marge reste intéressante (961 M$).
Le plus inquiétant est sans doute l’incapacité des activités services d’outsourcing d’HP et des services applicatifs d’HP à renouer avec la croissance (l’activité a perdu près de 1 Md$ de revenus sur le trimestre par rapport au CA généré il y a deux ans). Au cours du second trimestre fiscal, les services ont ainsi vu leur activité plonger de 7% (à 5,7 Md$), le tout pour une marge opérationnelle ridicule de 144 M$, soit 2,5 % du CA. On est loin des taux occidentaux des bons élèves du secteur généralement de l’ordre de 8 à 12 points (8,5 points de marge opérationnelle pour Cap Gemini par exemple en 2013, 8,1 % pour Sopra, un peu plus pour Atos) et à des années-lumière des 30% de marge opérationnelle dégagée par une SSII indienne comme Tata Consulting Services.
Le logiciel, enfin, est étal, avec un CA de 971 M$ du fait d’un bond des ventes de licences de 8% mais d’un recul des revenus du support de 4%. La marge opérationnelle de l’activité s’établit à 186 M$, soit environ 19,15% du revenu, bien loin des meilleurs du secteur.
Les services pourraient subir de plein fouet la nouvelle restructuration
Clairement, donc si coupes claires, il y a, elles devraient affecter en priorité les activités à faible marge. Et à ce jeu, la division services devrait encore une fois faire les frais des opérations de dégraissage planifiées par la patronne d’HP. Les activités de technology services devraient aussi être affectées de même que la division serveurs critiques. La question reste en revanche posée pour le logiciel, les PC et les imprimantes.
Le dernier plan annoncé par la firme américaine a le don de faire enrager les syndicats de salariés, auxquels on avait promis lors du précédent plan que le bout du tunnel était en vue (dans le cadre du plan Challenges 2017) et qui voient l’infernale mécanique des plans sociaux et des licenciements se remettre en marche, alors qu'HP ne va pas si mal. Après tout le bénéfice trimestriel s'établit à 1,27 Md$ pour le trimestre et la firme dégagé un flux de trésorerie de 2,3 Md$ sur la période. Une concertation à l’échelle européenne est donc en cours entre les syndicats d’HP pour tenter d’organiser une riposte continentale aux dernières annonces de Meg Whitman.
Maigre consolation, du moins si l’on s’en tient aux derniers résultats, l’Europe pourrait être moins affectée que les USA. Dans la zone EMEA, le CA d’HP a en effet progressé de 4% sur un an, tandis qu’il chutait de 6% aux États-Unis et dans la zone Amériques. En Asie, l’activité a globalement été stable avec une croissance de 1%.