Orsyp va être racheté par l'autrichien Automic
L'éditeur français, spécialiste des outils d'automatisation et de gestion de la production informatique, va être racheté par l'Autrichien Automic, deux fois plus gros que lui.
Après une année fiscale 2013 en demi-teinte, le 23e éditeur français, Orsyp, un spécialiste de l’automatisation et de la gestion des opérations informatiques, va fusionner avec l’éditeur autrichien Automic. Un mariage qui devrait donner naissance à un nouveau géant européen des outils de gestion et d’optimisation des opérations informatiques, avec un peu plus de 150 M$ de CA.
Dans un entretien avec LeMagIT, François-Xavier Floren, le CEO d’ORSYP, et Jean-Michel Breul, le Chief Delivery Officer de l’éditeur, mettent en avant la complémentarité des deux groupes et expliquent aussi la fusion par le désir de l’actionnaire historique d’Orsyp, le fond Argos Soditic, de revendre sa participation, après plus de six années et demie aux côtés de l’éditeur français.
« Automic et Orsyp ont des histoires parallèles. Nous nous sommes développés sur le même marché et nous étions concurrents sur le terrain de l’automatisation. On a la même histoire d’expansion sur ce marché. On est concurrents, on se battait sur le terrain et on avait aussi des complémentarités géographiques."
« Nous avons des cultures similaires », explique François-Xavier Floren, « mais nous avons pris des directions stratégiques différentes : Automic est parti du job scheduling et s’est orienté vers de l’automatisation métier, tandis que nous sommes partis vers le monde des opérations. […] Nos produits ont des architectures différentes mais nous pensons que nous sommes très complémentaires : Automic est très lié au monde applicatif, tandis que nous servons plutôt le monde de la production ».
Automic : un éditeur autrichien contrôlé par le fonds suédois EQT
Automic est aujourd’hui contrôlé par le fonds suédois EQT, dont Investor AB, le fonds de la famille Wallenberg est l’un des fondateurs et détient environ 10 % des parts. EQT est en général considéré comme un investisseur à plutôt long terme pour un fonds et il a en général une approche très industrielle. Le fonds a pris une participation majoritaire dans Automic en août 2012 avec l’objectif d’accompagner son développement à l’international.
Selon Automic, le rachat d’Orsyp – qui est environ deux fois plus petit que lui — devrait non seulement permettre d’accélérer l’atteinte de cet objectif de développement international, mais aussi renforcer le portefeuille de l’éditeur ainsi que son management.
« Aux États-Unis, nous sommes présents sur la côte Est, alors qu’ils sont plus présents sur la côte Ouest. Nous sommes forts en France, ils sont solides en Autriche et en Allemagne. Nous avons aussi une présence importante en Asie. De ce point de vue, nos implantations sont complémentaires, opinent François-Xavier Floren et Jean-Michel Breul.
Encore un éditeur français contraint de s’adosser à un partenaire international
Le rachat d’Orsyp est-il d’une certaine façon l’illustration de la malédiction qui frappe les éditeurs français et les fait se faire manger par des acteurs étrangers une fois la barre des 20 à 30 M€ de CA franchie ? Confirme-t-il la faiblesse des financements et des portes de sortie à destination des acteurs du logiciel ? Pour Jean-Michel Breul, la question est légitime. « Argos Soditic a été un partenaire fidèle. Notre conviction est que la vocation d’un fonds est de ne pas dépasser 5 à 7 ans de présence au capital. Le problème est que le marché français — NDLR, environ 3 % de la dépense informatique mondiale — ne permet pas de vivre. Il faut en sortir. Ça demande des capitaux et donc du cash, et donc un adossement. On est fier de ce que nos équipes ont réalisé et on n’a pas peur du monde extérieur. On a la chance d’avoir de grands clients hors de France ».
Comme le souligne François-Xavier Floren, « le problème pour l’industrie du logiciel en France, est qu’il y a peu de fonds français qui ont la compréhension, la vision et les moyens de rentrer sur le marché du logiciel, et en particulier celui du logiciel d’infrastructure. On le déplore, car c’est un métier critique, où les départements opérations français ont une maturité que l’on ne retrouve pas sur l’ensemble du globe. Par le passé, on a vu des produits d’infrastructure naître en France, il y a un berceau de créativité. Malheureusement, on a besoin de s’adosser à d’autres acteurs pour grossir. C’est le constat. »
En l’occurrence, le choix qui se présentait à Orsyp était soit de s’adosser à un géant américain, soit de faire le choix d’un Européen, ayant une taille plus comparable. En faisant le second choix, Orsyp devrait échapper au sort subi par des acteurs comme Perform et Calendra, avalés entre 2001 et 2005 par BMC Software et dont il ne reste aujourd’hui plus rien. La nouvelle entité aura un CA de 150 à 160 M$. « C’est une taille critique sur notre marché », confie François-Xavier Floren. Sur ce total, la France représentera environ 20 % du CA et les États-Unis plus de 30 %.
« La réaction des clients a jusqu’alors été plutôt positive, souligne Jean-Michel Breul. Les clients sont assez satisfaits du fait que des acteurs proches se renforcent - ce qui donne une sécurité renforcée. La réponse de nos clients français et américains notamment est positive."
Les deux acteurs sont entrés en discussions exclusives et espèrent finaliser l’opération début juin. On devrait alors en savoir un peu plus sur la façon dont les différents produits des deux éditeurs vont s’intégrer.