Red Hat renforce son offre de stockage avec le rachat d'Inktank
En mettant la main sur le développeur originel de la technologie de stockage distribuée Ceph, Red Hat renforce son offre de stockage en mode objet et bloc pour OpenStack.
Red Hat a renforcé son portefeuille de solutions de stockage la semaine dernière en rachetant Inktank Storage, le principal développeur derrière la technologie de stockage distribuée libre Ceph. Red Hat et Inktank s’étaient déjà rapprochés en février lorsque la jeune start-up avait fait certifier sa solution Ceph Enterprise comme stockage de back-end pour la plate-forme OpenStack de Red Hat. L’acquisition permet à Red Hat de compléter son offre de stockage libre, pour l’instant basée sur la solution de stockage NAS, avec une brique orientée objet et bloc mieux adaptée aux besoins des clouds basés OpenStack.
Ceph : un stockage objet et bloc bien adapté à OpenStack
Ceph est à l’origine une technologie de stockage objet compatible S3 et Swift sur laquelle ont peu à peu été greffées des passerelles pour la fourniture de services en mode bloc et en mode fichiers (via Fuse). La technologie permet de bâtir des architectures de stockage distribuées à grande échelle, adaptées aux besoins des architectures cloud. Ceph est en particulier intégré avec OpenStack via un plug-in Cinder et via le support de l’API objet Swift. Un cluster Ceph peut ainsi fournir des services de stockage en mode bloc pour le service Nova tout en délivrant des services en mode objet.
C’est sans doute cette proximité avec OpenStack, ainsi que la faible adoption des technologies issues du rachat de Gluster dans le monde OpenStack qui a convaincu Red Hat de mettre la main sur InkTank. Une acquisition cohérente avec la stratégie de la firme qui vise à être capable de fournir une pile d’infrastructure intégrée et convergée pour OpenStack, couvrant à la fois le stockage, l’infrastructure et le middleware (avec le PaaS OpenShift).
Si l’acquisition fait parfaitement sens techniquement, elle ne lève pas les doutes qui planent actuellement sur la stratégie Cloud de Red Hat. La firme a pris du retard dans le monde OpenStack sur ses concurrents comme Canonical ou Piston Cloud et elle doit aussi faire face à la volonté de certains de ses partenaires comme IBM ou HP de proposer eux-mêmes des piles OpenStack prêtes à l’emploi. Plus grave, la maturité de l’offre de Red Hat est pour l’instant à la traîne des offres commerciales de VMware et Microsoft, l'éditeur au chapeau rouge payant là ses multiples errements et retards sur le marché de la virtualisation.
Ceph : une maturité encore faible
Un autre problème est la maturité de Ceph. Si la partie objet est considéré comme stable, la partie bloc est largement perfectible (le support d'iSCSI, de la compression et de la dduplication ne sont attendus qu'en 2015) tandis que la partie fichiers n'est qu'en phase de développement (CephFS n'est attendu que pour le 4e trimestre). Côté adoption, InkTank ne compterait que quelque 80 clients pour son offre Ceph Entreprise, ce qui est peu par rapport aux nombres de clients revendiqués par les fournisseurs de solutions de stockage traditionnelles. Dans le monde objet, Red Hat doit ainsi faire face à des acteurs établis qui ne s’endorment pas. EMC a ainsi connu un certain succès avec son offre Atmos et il entend bien récidiver avec son offre de stockage scale-out en mode bloc et objet basée sur ScaleIO et VIPR qui est de facto concurrente de l’offre Ceph. Hitachi Data Systems, de son côté, a bien vendu son offre HCAP et travaille encore à peaufiner sa future offre scale-out basée sur le rachat de ParaScale. Des acteurs plus petit comme Scality ou Amplidata ont aussi vu leurs ventes progresser à un rythme rapide. Scality se montrant particulièrement créatif et innovant en étant à même de délivrer des services en mode objet, en mode bloc et en mode fichiers.
A minima, l’acquisition de Ceph pourrait permettre à Red Hat de fournir une alternative crédible à la pile objet Swift d’OpenStack qui est aujourd’hui l’un des composants les plus critiqués pour ses problèmes d’efficacité et de montée en charge. Dans le meilleur des cas, elle pourrait permettre à la société de bâtir, enfin, une offre de stockage unifiée en cluster à même de répondre aux défis des clouds modernes. Il sera d’ailleurs à ce propos intéressant de voir comment Red Hat va articuler son offre de stockage désormais composée de Gluster et de Ceph. En particulier, Red Hat pourrait être tenté de concentrer ses développements sur Ceph sur la partie objet et bloc, plutôt que sur la partie fichiers, encore embryonnaire.