IBM estime que le cloud lui rapportera plus que les services

Après avoir investi 7 milliards de dollars dans 17 rachats d’entreprises liées au cloud depuis 2010, le fournisseur vient de dévoiler une stratégie cloud d’envergure inédite à l’occasion du salon IBM Impact 2014 qui s’est tenu cette semaine à Las Vegas.

Après avoir été le premier à comprendre que les services rapporteraient plus que la vente de matériel, IBM est aujourd’hui le premier à penser que la vente de logiciels va rapporter plus que celles des services. « En 2015, les services représenteront 35% de nos profits et les logiciels 50% », révèle ainsi Frédéric Allard, le vice-président en charge de la cellule R&D France Lab d’IBM France. Mais attention : on ne parle plus ici des logiciels vendus sous forme de licence. Dans la nomenclature IBM, les logiciels englobent tout ce qui a trait au cloud. Après avoir investi 7 milliards de dollars dans 17 rachats d’entreprises liées au cloud depuis 2010, le fournisseur vient de dévoiler une stratégie cloud d’envergure inédite à l’occasion du salon IBM Impact 2014 qui s’est tenu cette semaine à Las Vegas.
Ainsi, derrière le nouveau portail Cloud MarketPlace, IBM propose en réalité deux clouds publics. Le premier, issu du rachat de SoftLayer en 2013, est un concurrent direct d’Amazon AWS, à savoir une offre de datacenters virtuels en ligne, avec des fonctions étonnamment similaires à celles d’AWS.

Une offre plus robuste qu’AWS

Outre des serveurs virtuels et du stockage sur Internet configurables à l’envi et payables à l’usage, on retrouve dans SoftLayer des ressources préconfigurées pour bâtir un réseau privé, déployer un batterie de serveurs web qui se répartissent tous seuls les charges, superviser les performances, faire du Big Data ou encore travailler avec des bases de données Oracle sans se soucier de leur entretien. Il y a même des fonctions plus pointues comme l’envoi massif d’e-mails, la conversion de médias ou encore des tuyaux destinés à faire passer des alertes entre les applications, comme l’a récemment annoncé Amazon.

« Notre cloud basé sur SoftLayer se veut plus B2B que celui d’Amazon. Outre notre réputation en matière de sécurité et de fiabilité, nous proposons un service dit Bare Metal, qui consiste à restreindre l’exécution des datacenters virtuels sur des machines physiques dédiées », argumente Rémy Mandon, le patron de la division logicielle chez IBM France. En clair, Bare Metal revient à faire du cloud privé sur Internet. Ce cloud doit être disponible en Europe d’ici à la fin de l’année et disposera notamment d’un centre pour héberger les données en France. On ne sait pas encore si la marque SoftLayer subsistera ou disparaîtra au profit de Cloud MarketPlace.

BlueMix, comme Eclipse, mais en ligne

L’autre cloud public est BlueMix. Il s’agit d’une plate-forme en ligne pour développer et exécuter des applications (PaaS, ou Platform as a Service). BlueMix est l’implémentation par IBM de Cloud Foundry, la pile applicative Open source mise au point par VMware et déjà proposée sous forme d’un cloud PaaS sous la marque Pivotal, filiale commune d’EMC et VMware (lui-même filiale d’EMC). « En terme de développement, BlueMix est un peu aux nouvelles applications, à la fois cloud et mobiles, ce que Eclipse est aux applications Java : « vous vous connectez sur l’IDE, vous choisissez à la souris les connecteurs nécessaires à votre application, par exemple tel service de géolocalisation édité par un partenaire, tel lien vers une application MobileFirst (la nouvelle marque d’IBM pour tout ce qui a trait au développement sur mobiles, NDLR), telle base de données stockée dans un autre cloud ou dans votre propre datacenter, et vous commencez à coder », explique Rémy Mandon. L’application est ensuite exécutée soit directement sur BlueMix, soit dans un autre cloud compatible CloudFoundry. Soit même sur une machine physique PureApplication System, à savoir le serveur x86 ou Power qu’IBM vend préconfiguré.

Encore en version beta, BlueMix ne fonctionne que dans les datacenters américains d’IBM. Un site au Royaume-Uni est prévu. « Mais les enjeux de BlueMix ne sont pas ceux de SoftLayer. Il s’agit essentiellement d’un moteur pour les développeurs prêt à l’emploi, qui évite aux entreprises de passer six mois à faire le design d’un serveur d’applications », précise Rémy Mandon. La tarification de BlueMix n’est pas non plus encore très claire et devrait dépendre des retours du marché, lequel pourra utiliser la plate-forme gratuitement jusqu’en juin.

Aller au-delà des applications SaaS

Pour IBM, manifestement, l’urgence de BlueMix était surtout de proposer avant tout le monde le socle des logiciels d’entreprise - de ce que le fournisseur estime être - de nouvelle génération. « Les interactions sur mobiles comme les données issues de services disponibles dans un cloud ou dans un datacenter forment un tout que les applications doivent traiter de manière homogène. Si les entreprises continuent à concevoir des applications d’abord pour le cloud (SaaS), elles vont avoir de vrais soucis de connectivité et de sécurité avec des mobiles et des services extérieurs dont elles ignorent la nature », prétend Rémy Mandon.
Les offres de PaaS historiques comprennent App Engine de Google, Azure de Microsoft ou encore Force.com de Salesforce. Elles servent toutes à concevoir des applications SaaS dépendantes de ressources présentes dans le même cloud et force est de reconnaître que leur adoption en entreprises n’a jamais vraiment décollé.

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