Hitachi dope ses baies de stockage haut de gamme à la continuité d'activité
Hitachi a dévoilé hier ses baies de stockage VSP G1000. Aux fonctions de virtualisation de stockage, s'ajoute désormais le support transparent de datacenters en mode actif/actif.
Quatre ans après le lancement de sa dernière baie de stockage haut de gamme, l’Hitachi VSP, Hitachi a profité d’une conférence organisée hier dans son centre logistique néerlandais, près d’Amsterdam, pour dévoiler l’Hitachi VSP G1000, la dernière génération de ses systèmes de stockage pour environnements critiques x86, Unix et Mainframe.
Sur ce marché, Hitachi n’est plus en compétition qu’avec IBM et EMC. Le premier offre ses baies DS 8000 (des baies haut de gamme dérivées de ses grands serveurs Unix Power 7) tandis que le second s’appuie sur ses Symmetrix VMAX, des baies basées sur une architecture NUMA dévoilée en avril 2009 - et qui ont fait l’objet d’un rafraîchissement technologique à l’occasion d’EMC World en mai 2012.
HP empiète un peu sur le bas de ce marché haut de gamme avec ses baies 3Par StoreServ 10000, mais continue à s’appuyer sur son partenariat OEM avec Hitachi pour le haut de gamme. Le constructeur californien a d’ailleurs profité de l’annonce d’Hitachi pour lancer hier ses baies XP7, la version rebadgée HP des VSP G1000.
Dans un marché réputé pour son attention aux caractéristiques techniques, notamment en matière de disponibilité et de performances, Hitachi est resté hier très discret sur les capacités de ses baies, préférant concentrer son message autour du concept de "Business Defined IT". Les VSP G1000 auraient pourtant mérité un peu moins de mumbo jumbo marketing. Car ces nouvelles baies apportent plusieurs innovations qui pourraient se révéler essentielles pour permettre au constructeur japonais de reprendre du terrain sur ses deux grands rivaux sur le marché du stockage critique.
Un focus sur la très haute disponibilité
L’amélioration qui devrait séduire les grands clients du constructeur est le support d’architecture géodistribuées en mode actif/actif. On entend par là la capacité des baies situées dans deux datacenters distants de permettre un accès transparent aux données tant en lecture qu’en écriture. Sur le marché du stockage critique, seul EMC proposait jusqu’alors une fonction similaire au moyen de ses appliances de virtualisation de stockage VPLEX Metro. Dans la pratique, Hitachi a intégré des capacités de type VPLEX Metro dans les contrôleurs de ses baies VSP G1000. Nous reviendrons sur ces capacités dans un prochain article, mais il est vraisemblable qu’une telle intégration devrait permettre à Hitachi de proposer à ses clients des architectures à même d’assurer une parfaite continuité d’activité avec des performances supérieures à celles d’un couple VPLEX/VMAX.
Côté architecture interne, les VSP G1000 reprennent les fondamentaux des actuels VSP, à savoir une architecture interne bâtie autour d’un bus en crossbar (la 7e génération du bus Hi-Star) offrant une bande passante interne de 896 Go/s. Le bus Hi-Star permet l’interconnexion des multiples contrôleurs de la baie - jusqu’à 16 contrôleurs (ou Virtual Storage Directors en langage Hitachi - à base de puces Xeon) – partageant un espace de cache commun (jusqu’à 2 To de cache mémoire pour une baie pleinement configurée).
Ce « rafraîchissement » technique permet à Hitachi d’annoncer des performances pouvant atteindre 3 millions d’IOPS (lorsque la baie est configurée avec des modules de mémoire Flash) et un débit soutenu de 48 Go/s. Une baie VSP peut accueillir un maximum de 2 304 disques durs de 2,5 pouces ou de 1 152 disques de 3,5 pouces pour une capacité maximale de 4 Po de disque. Un total auquel vient s’ajouter la capacité Flash (avec un maximum de 675 Go de modules Flash). Disques et modules Flash continuent à être pilotés par des ASIC spécifiques à Hitachi (Hitachi data acceleration ASIC).
Comme les précédentes baies VSP, le VSP G1000 sait virtualiser les autres baies Hitachi ainsi qu’une ribambelle de baies tierces dont les principaux modèles d’HP, IBM, NetApp, Oracle et SGI.
SVOS : un premier pas vers le Software Defined Storage
Un point intéressant dans l’annonce d’Hitachi est la mise en avant de l’OS des baies VSP, SVOS (Storage Virtualisation Operating System). Ce système d’exploitation est, selon Bob Plumridge, le CTO Europe de la firme, destiné à devenir le fondement de la stratégie d’Hitachi en matière de Software Defined Storage. Plumridge n’a pas caché le fait que SVOS reste pour l’instant encore très lié aux baies VSP. Mais les ambitions d’Hitachi vont au-delà du VSP G1000. Bien évidemment, SVOS sera aussi l’OS des prochaines versions modernisées des baies HUS VM. Il sera intéressant de voir si Hitachi étend son usage à de futures baies unifiées HUS.
Une autre perspective intéressante, à plus long terme, est que SVOS pourrait être déconnecté des baies Hitachi. Pour Plumridge, Hitachi est conscient du fait que le matériel est en train de se banaliser et que la vraie valeur est dans l’OS de Stockage. De par ses fonctions intégrées de virtualisation et ses nouvelles capacités active/active, SVOS pourrait servir de base à Hitachi pour un futur « dématérialisé » où SVOS tournerait au sein d’appliances virtuelles. De quoi apporter une réponse à des initiatives comme VIPR d’EMC. Ces hypothèses n’ont toutefois pas été confirmées par Plumridge qui est resté prudent en notant qu’une telle évolution demanderait dans tous les cas quelques années.
Les baies VSP G1000 seront disponibles dans le courant du mois de mai. D'ici là, EMC pourrait avoir profité d'EMC World pour renouveler son offre Symmetrix VMAX. Une bataille intéressante en perspective...